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Les centres funéraires tournent à plein régime

Un employé des pompes funèbres va préparé un corps dans le centre funéraire du cimetière des Rois. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Les centres funéraires sous pression en raison de la pandémie / La Matinale / 4 min. / le 25 novembre 2020
La deuxième vague de la pandémie se répercute sur la charge de travail des pompes funèbres, qui parfois doivent recourir à des aides extérieures, comme la protection civile ou les pompiers. Reportage à Genève.

C'est une facette sombre de notre réalité, en ces temps de pandémie. En raison de la surmortalité importante d'une partie de la population, les centres funéraires romands sont sous pression.

La cadence des crémations a augmenté. A Fribourg, à Sion et à Genève, elle a doublé. Les horaires d'activité sont élargis, du personnel parfois appelé en renfort.

Au Centre funéraire et crématoire de Saint-Georges à Genève, nous rencontrons un collaborateur du Service de l'énergie de la Ville. André Pesson a été réaffecté au Service des pompes funèbres, en ces temps de pandémie.

Se sentir utile

Il travaille au four, donc il traite les cendres des défunts, après la crémation. Il les enlève du four, les met dans les urnes. Ce travail change drastiquement de son métier habituel.

Un technicien prépare l'entrée d'un cercueil dans l'un des fours de crémation du centre funéraire du cimetière Saint Georges. Le service des pompes funèbres de la Ville de Genève ne sait plus où donner de la tête a cause de la crise sanitaire. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Un technicien prépare l'entrée d'un cercueil dans l'un des fours de crémation du centre funéraire du cimetière Saint Georges. Le service des pompes funèbres de la Ville de Genève ne sait plus où donner de la tête a cause de la crise sanitaire. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]

"J'ai la chance d'être entouré de collègues très sympathiques. Et je pense qu’en temps de crise, il faut être solidaire et faire partie de l'effort collectif".

"On est dans une situation vraiment extraordinaire. On a l'aide des pompiers depuis vendredi passé", explique Anne Humbert-Droz, cheffe du Service des pompes funèbres (Ville de Genève).

Le coup de main des pompiers

Les pompiers sont chargés de la levée des corps. Ils vont chercher les défunts sur le lieu de leur décès. Ainsi, les collaborateurs des pompes funèbres peuvent rester sur place, au centre funéraire, pour effectuer toutes sortes de tâches.

"Aujourd'hui, nous sommes en moyenne à 18 incinérations par jour, au maximum de la capacité de nos trois lignes de fours". Pour Anne Humbert-Droz, la situation est parfois compliquée.

"On est conscients qu'on ne délivre pas les prestations de manière normale et attendue par les familles. On est obligés, pour un certain nombre de défunts, de les transférer temporairement à la morgue des HUG. Dans la mesure où toutes nos installations, nos 70 places ici, sont occupées."

Une tâche compliquée

Bastien Roth est lui adjoint aux chambres mortuaires de la Ville de Genève. Il prodigue des soins à une défunte, en particulier sur son visage, avant que son entourage puisse venir la voir dans la chambre mortuaire.

Il prend un grand soin à lui coiffer les cheveux. "C'est quelque chose qui me touche beaucoup. C'est un dernier au revoir pour les familles. C'est important que ce soit quelque chose qui soit bien fait, avec respect."

Les places dans les chambres froides des cimetières de Saint-Georges et des Rois sont toutes occupées et des corps ont dû être transférés à la morgue des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Les places dans les chambres froides des cimetières de Saint-Georges et des Rois sont toutes occupées et des corps ont dû être transférés à la morgue des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). [Keystone - Salvatore Di Nolfi]

Mais tous les renforts ne se sentent pas capables d’être au plus près des défunts, comme André Marostica, architecte au Service Direction du patrimoine bâti et actuellement en renfort pour la gestion administrative au Service des pompes funèbres.

Il s'occupe de tâches administratives, parce que "dès le début j'ai dit que je ne pensais pas être capable d'approcher un corps ou de le manipuler."

Plus de 500 décès en novembre

Même si c'est un aspect difficile de la vie, "c'est important de pouvoir accompagner les gens le mieux possible dans leur deuil. On se sent quand même plus utile que de rester en télétravail, à pas faire grand-chose, ou à faire moins que l'activité normale."

Et du travail, il y en a aux pompes funèbres. "La situation est très tendue, puisque d'ordinaire on est autour de 250 décès au mois de novembre et là on va dépasser les 500 décès", annonce Christina Kitsos, conseillère administrative en Ville de Genève, en charge du Département de la cohésion sociale et de la solidarité, dont dépend le Service des pompes funèbres.

"Les délais d'attente pour les familles (pour les incinérations) avaient augmenté à dix jours. Maintenant, grâce aux mesures prises, on a pu faire baisser ce délai à cinq jours environ. La situation est maîtrisée, mais on doit rester très vigilants, car c'est possible qu'au mois de décembre il ait une troisième vague".

Pauline Rappaz

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Tour d'horizon en Suisse romande

Genève, centre funéraire et crématoire de Saint-Georges

En temps normal, il y a entre 8 à 10 crémations par jour en moyenne (sur une semaine de 5 jours). Actuellement, le centre travaille 7 jours sur 7 et procède à 18 incinérations quotidiennes. Les pompiers viennent en renfort.

Fribourg, crématoire St-Léonard

Le travail a doublé. Il y a entre 18 et 20 crémations par jour. Le travail s'effectue pendant 20h/24h.

Neuchâtel

Les centres de crémations travaillent à flux tendu du lundi au samedi. Actuellement, il y a une moyenne de 9 crémations par jour contre 6 en temps normal. Pas de renforts pour le moment.

Vaud

Le canton de Vaud ne dispose que d’un seul centre de crémation, qui se trouve à Lausanne : le Centre funéraire de Montoie. Lequel assure actuellement 36 incinérations par jour avec 4 fours en service du lundi au samedi en lieu et place de 28 corps par jour du lundi au vendredi en temps normal.

Le nombre d’incinérations de ces deux dernières semaines a dépassé les capacités du Centre funéraire de Montoie. Le canton de Vaud a ainsi dû s’appuyer sur les capacités d’incinération du canton de Berne, ceci en accord avec les familles. Le transport et le suivi ayant été assurés par les Autorités vaudoises, principalement par la Police cantonale avec l’appui de la Protection civile.

Le centre funéraire de Montoie bénéficie du renfort de la protection civile tant avec du personnel que du matériel.

Sion

Le crématorium de Sion est une structure communale à vocation cantonale: les corps en provenance de tout le canton sont incinérés à Sion. En Valais, comme ailleurs, la charge de travail est importante pour le crématorium de Sion mais actuellement,il n’a pas été nécessaire de renforcer les équipes de travail avec du personnel extérieur. Le nombre de crémations par semaine a été doublé, en comparaison à une semaine habituelle (100 environ, soit 20 par jour en moyenne).