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La mortalité des seniors atteint des records avec la 2e vague de Covid-19

Mortalité due au coronavirus: les derniers chiffres sont alarmants
Mortalité due au coronavirus: les derniers chiffres sont alarmants / Forum / 2 min. / le 17 novembre 2020
Un nombre de décès exceptionnel a été enregistré en Suisse, toutes causes confondues, lors de la première semaine de novembre. Provoqué par la pandémie, cet excès de mortalité des seniors dépasse même le pic observé lors de la première vague.

Comme attendu, la surmortalité constatée fin octobre en Suisse (lire cet article) s'est poursuivie début novembre en pleine deuxième vague de coronavirus. Mais les derniers chiffres prennent des proportions inédites, dépassant ceux de la semaine la plus meurtrière du printemps.

La semaine du 2 au 8 novembre, l'Office fédéral de la statistique (OFS) prévoyait sur la base de années précédentes 1136 décès chez les plus de 65 ans, toutes causes confondues. Il y en a eu 1702, soit 556 de plus que la valeur attendue (+50%).

Au plus fort de la première vague, début avril, il y avait eu jusqu'à 46% de décès de plus qu'en temps normal.

En revanche, aucun excès de mortalité n'est pour l'heure constaté chez les moins de 65 ans.

L'OFS calcule le nombre de décès attendu en fonction des décès enregistrés à la même période les années précédentes. Les limites inférieures et supérieures représentent les écarts statistiques naturellement possibles d'une année à l'autre. Le dépassement de la limite supérieure indique qu'une période de surmortalité est observée.

Ces chiffres pourraient être revus à la hausse, les dernières données du canton de Vaud étant incomplètes.

2500 décès de plus que ces dernières années

Les épisodes de surmortalité de cette année dépassent ceux observés par le passé. La semaine la plus meurtrière d'avant la pandémie remonte à l'hiver 2015, quand un fort épisode de grippe avait entraîné mi-février 29% de décès de plus qu'attendu. De plus, le contexte était très différent, puisqu'aucune mesure extraordinaire, comme le semi-confinement ou des fermetures, n'avait été mise en place à l'époque.

Depuis le début de l'année, environ 51'660 personnes ont perdu la vie en Suisse. C'est 2500 de plus que la moyenne des années 2015 à 2019 à la même période.

Une deuxième vague moins inégale

Ce printemps, l'épidémie avait surtout frappé trois cantons: le Tessin, Genève et Vaud. Ceux-ci avaient connu des pics de surmortalité sans précédent.

>> Lire :

Bien qu'il reste d’importantes différences régionales, la deuxième vague touche le pays de manière moins inégale que la première. Un nombre inhabituel de décès apparaît maintenant dans six des sept grandes régions du pays. Seul le Nord-Ouest (AG, BS, BL) semble épargné.

Mais c'est en Suisse romande que les excès s'avèrent les plus importants, Fribourg en tête. Avec 98 décès la semaine du 2 au 8 novembre, le canton a déploré près du triple de morts qu'en temps normal. Il s'agit de la semaine la plus meurtrière qu'a connue le canton depuis 20 ans, c'est-à-dire aussi loin que remontent les données disponibles.

Le Valais, Genève et Neuchâtel enregistrent eux aussi des valeurs exceptionnelles, avec environ le double de décès qu'habituellement. Concernant le canton de Vaud, les données de la dernière semaine, trop incomplètes, ne sont pas affichées ci-dessous.

Morgues débordées

Conséquence de cette mortalité inédite, les morgues et entreprises funéraires sont débordées depuis quelques semaines, notamment dans les cantons de Genève et de Fribourg.

Le pic de surmortalité devrait se prolonger. Depuis le 8 novembre, dernier jour pris en compte dans les données de l'OFS, la Confédération a annoncé plus de 500 nouveaux décès dus au Covid-19.

>> Voir le reportage du 19h30 :

Depuis un mois, on observe en Suisse une surmortalité importante dans la population des plus de 65 ans
Depuis un mois, on observe en Suisse une surmortalité importante dans la population des plus de 65 ans / 19h30 / 2 min. / le 15 novembre 2020

Valentin Tombez

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Les explications de Thomas Agoritsas, médecin adjoint agrégé au service de médecine interne générale des HUG

Interrogé dans l'émission Forum, Thomas Agoritsas, médecin adjoint agrégé au service de médecine interne générale des HUG, constate que "l'ampleur de cette 2e vague est bien plus importante, si on regarde simplement le nombre de patients hospitalisés, on a quasi le double de patients lors de cette vague, mais on a beaucoup appris depuis. Par exemple, en première vague au tout début, on intubait plus précocément, maintenant on essaye de retarder le plus possible cette étape. On a constaté que la qualité des soins et la mortalité s'améliorent en retardant l'intubation. On a aussi davantage de traitement à disposition comme les stéroïdes et certains médicaments antiviraux qui ont une capacité modeste mais qui aident".

>> Son interview complète :

Les derniers chiffres alarmants de la mortalité due au Covid-19: interview de Thomas Agoritsas
Les derniers chiffres alarmants de la mortalité due au Covid-19: interview de Thomas Agoritsas / Forum / 4 min. / le 17 novembre 2020