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"Les fêtes de famille, c'est ritualiser des événements importants"

Quel est l'impact des restrictions de rassemblements privés sur notre vie sociale?
Quel est l'impact des restrictions de rassemblements privés sur notre vie sociale? (vidéo) / La Matinale / 3 min. / le 20 octobre 2020
Restrictions, règles, distances de sécurité: la pandémie met nos vies sociales à rude épreuve. Alors que se pose déjà la question des Fêtes de fin d'année, la psychologue Marie Santiago-Delefosse préconise des stratégies pour passer du temps ensemble de manière sûre.

Dans ces dernières directives, dimanche, le Conseil fédéral a réglementé les rassemblements privés de plus de 15 personnes (liste des contacts, port du masque, en plus des règles de distance et d'hygiène), tout en recommandant de reporter les fêtes entre amis ou en famille.

>> Lire : Le Conseil fédéral rend le masque obligatoire dans les espaces publics clos

"Il faut aujourd'hui, si c'est possible, repousser les fêtes privées, les organiser dans un cadre un peu différent, ou les prévoir pour des temps meilleurs, parce que c'est là que le plus d'infections se passent", a fait valoir le ministre de la Santé Alain Berset.

>> Revoir les annonces d'Alain Berset :

Alain Berset: "Nous pensons qu'il est possible de reprendre le contrôle avec ces mesures."
Alain Berset: "Nous pensons qu'il est possible de reprendre le contrôle avec ces mesures." / 19h30 / 3 min. / le 18 octobre 2020

Fonction symbolique

Cette annonce, pour une situation qui pourrait perdurer jusqu'à la fin de l'année, complique les projets et l'anticipation autour des Fêtes de fin d'année, faute de pouvoir se projeter dans une situation sanitaire inconnue.

Marie Santiago-Delefosse, professeure de psychologie de la santé à l’Université de Lausanne, reconnaît le travail des autorités. Mais pour elle, les fêtes de famille ont plusieurs fonctions - et pas juste de se rassembler pour "boire un coup".

"Les fêtes de famille, c'est aussi ritualiser des événements importants. Le passage heureux ou malheureux: la naissance, le mariage, la communion. Mais aussi le deuil, la maladie, les séparations. Il s’agit de marqueurs du temps qui passe, des moments où l'on se souvient, ensemble", expose-t-elle.

Ces moments nous relient au monde social. "Il s’agit aussi des moments de réconfort, dans le partage des douleurs, des peines. On se rassure en étant ensemble. On se dit qu'on est plus fort contre l'adversité. Et on se fait du bien", énumère-t-elle.

Éviter l'isolement

Pour Marie Santiago-Delefosse, il faut faire appel à notre intelligence collective, trouver des stratégies pour se voir. En étant peut-être moins nombreux, en faisant évidemment attention. "Il faut arriver à trouver un équilibre entre bon sens et souci de l'autre. Parce que la mort sociale, l'isolement vécu, sont peut-être pires que la maladie elle-même", avertit-elle.

"On a besoin des liens affectifs, de la présence des corps, des regards, des sourires, des clins d'œil, de ces moments de partage", plaide-t-elle encore.

Pour la spécialiste, il faut donc préserver cette sensation d’être entouré socialement. Et pour cela, chercher des solutions pour un équilibre entre le contrôle de la propagation de la maladie et la vie sociale, ce qui est loin d'être simple.

Pauline Rappaz/pwm

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