Publié

Squat de la Tour: Zappelli ne plie pas

L'évacuation du squat de la Tour suscite bien des réactions
L'évacuation du squat de la Tour fait grand bruit à Genève
Le procureur général genevois Daniel Zappelli ne compte pas changer de politique à l'égard des squats. Critiqué par la gauche et applaudi par la droite au lendemain de l'évacuation du squat de la Tour, il refuse de dire si les occupants du Rhino seront bientôt expulsés.

Au lendemain des affrontements entre manifestants et policiers,
la situation est restée calme mercredi aux abords de la Tour.
Quelques dizaines de sympathisants se sont rassemblés devant
l'immeuble toute la journée sans provoquer de troubles. Les
entreprises mandatées pour y faire des travaux ont poursuivi leur
oeuvre.

Sept personnes arrêtées

Lors d'une conférence de presse commune avec le Conseil d'Etat
en matinée, Daniel Zappelli a répété qu'il n'avait fait
qu'appliquer la loi en ordonnant l'interpellation de personnes en
flagrant délit de violation de domicile. Les sept personnes
arrêtées ont été déférées mercredi devant un juge.



Le magistrat a affirmé faire preuve d'une «attitude pragmatique et
conciliante» à l'égard des squatters, qui consiste à classer les
procédures pénales de ceux qui acceptent de quitter les lieux quand
ils en ont été sommés.



Sur les 28 squats qui font l'objet d'une plainte pénale des
propriétaires, «certains resteront tolérés», a souligné Daniel
Zappelli. Mais seulement ceux qui ne font l'objet d'aucun projet
concret en vue de leur remise sur le marché immobilier.

Rhino en sursis

Ce n'est pas le cas de l'emblématique squat Rhino, où le
propriétaire veut créer des logements à loyers modérés. Le
procureur général n'a pas voulu évoquer la situation du plus grand
et ancien squat de Genève.



Les habitants du Rhino, au nombre de 80 environ, craignent d'être
expulsés dans les jours à venir. Ils ont demandé au Conseil d'Etat
de prendre clairement position sur le tour de vis du procureur
général à l'égard des squats et sur la légalité ou non de la
méthode utilisée pour déloger les occupants.



ats/ant

Publié

Réaction du gouvernement

Au nom du Conseil d'Etat, Robert Cramer a refusé de s'exprimer sur la question de la méthode utilisée lors l'évacuation de mardi et du tour de vis de Zappelli, qui «relève du procureur général en tant que chef de la police judiciaire». Au nom de la séparation des pouvoirs, «l'exécutif n'a pas à porter de jugement sur l'action du pouvoir judiciaire», a souligné le conseiller d'Etat.

Sur la problématique des squats en général, Robert Cramer estime que la situation a évolué. Durant des années, les occupations étaient tolérées dans la mesure où elles concernaient des immeubles laissés vides pour des motifs de spéculation. Aujourd'hui, les squats évacués font place à des appartements bien utiles en temps de crise du logement.

Inquiétude à gauche

Les réactions des partis politiques ont continué d'affluer mercredi. Le parti libéral a salué «la décision du Parquet de ramener la légalité et l'ordre au squat de la Tour».

Le PRD, parti de Daniel Zappelli, relève que la politique du procureur général a permis de faire baisser drastiquement le nombre de squats ces dernières années.

Dans la lignée des Verts et des syndicats, les socialistes et A gauche toute! ont exprimé leur inquiétude face à la politique de «tolérance zéro» du procureur. «Utiliser la méthode de l'interpellation pour vider les lieux, c'est faire preuve de lâcheté et c'est nier le droit au logement de chacun et le droit à voir son cas jugé par un juge impartial», écrit le PS.