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L'Eglise réformée traverse une crise d'identité en Suisse

Démission. [Depositphotos - modesto3]
Eglise protestante de Genève: 5 membres de lʹexécutif claquent la porte / Hautes fréquences / 13 min. / le 14 juin 2020
Deux semaines après la démission de Gottfried Locher de la présidence de l'Eglise évangélique réformée de Suisse, cinq membres de l'exécutif de l'Eglise protestante de Genève ont fait de même. Cela témoigne d'une crise d'identité.

Pour l'éthicien François Dermange, professeur à la Faculté de Théologie de l'Université de Genève et membre du Consistoire, le Conseil délibératif de l'Eglise protestante de Genève (EPG), les Eglises réformées traversent une crise sans précédent. "Il existe différentes manières de gouverner une Eglise. À Genève, l'Eglise protestante est dirigée à tous les niveaux par des laïcs et les ministres. Mais il y a 15 ans, on a voulu recentrer le pouvoir sur l'exécutif de l'EPG", rappelle François Dermange.

Cette concentration de l'autorité est visiblement un des sujets qui fâchent: "Le législatif ne se reconnaît plus dans un tel mode de gouvernance centralisé", constate encore le professeur. Le coup de tonnerre causé par la démission de cinq membres du Conseil du Consistoire (l'exécutif), la plupart avec effet immédiat, est le signe d'un débat beaucoup plus profond qui touche aujourd’hui toutes les Eglises réformées helvétiques: celui de la gestion du pouvoir et de sa visibilité à l'extérieur.

Tradition ou innovation?

"L'Eglise doit diminuer considérablement sa voilure, elle doit se simplifier, faire preuve de transparence. Elle doit faire face à des choix: faut-il continuer à appliquer un modèle  de gouvernance presbytéro-synodal collégial et participatif ou faut-il en changer? Je plaide pour un modèle où le pouvoir principal revient au Synode, le législatif de l'Eglise. C’est un système qui est dans l'ADN des Eglises réformées", affirme encore François Dermange.

Les divergences sur le mode de gouvernance ne touchent pas seulement les instances de l'EPG. Elles ont aussi certainement contribué à la démission, avec effet immédiat, de l’ancien président de l'Eglise évangélique réformée de Suisse, Gottfried Locher, du 27 mai dernier.

Si l'EPG doit faire face à une des crises majeures de son histoire récente, François Dermange reste cependant confiant: "Il n'y pas une carence de gouvernance. Mais il faut qu'on redéfinisse comment nous voulons articuler les rôles des différentes instances de l'EPG. Et puis n’oublions pas la devise: 'L’Eglise réformée, toujours à réformer'. Les protestants ont l'habitude de remettre la chose sur le métier!"

>> Printemps mouvementé et démissions chez les protestants, le sujet du 19h30 :

Printemps mouvementé et démissions chez les protestants
Printemps mouvementé et démissions chez les protestants / 19h30 / 2 min. / le 20 juin 2020

RTSreligion, Davide Pesenti/jpr

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