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Africains "paresseux": démenti du DFJP

Blocher
Propos de Ch.Blocher sur l'Afrique: démenti du DFJP
Le DFJP et l'UDC ont démenti lundi que Christoph Blocher ait traité les Africains de "paresseux". Le conseiller fédéral a quant à lui exprimé sa "perplexité" face à la politique de développement en Afrique.

Revenant sur une information du "Matin dimanche", le président
de la commission des institutions politiques (CIP) du Conseil
national, Andreas Gross (PS/ZH), avait affirmé dimanche que
Christoph Blocher avait tenu des propos "choquants".



Le ministre aurait laissé entendre que les Africains sont
"paresseux", qu'ils sont "responsables de leur situation" et qu'il
ne vaut pas la peine d'investir de l'argent sur le continent noir,
avait-il ajouté. Pour le DFJP, ces accusations sont "dénuées de
tout fondement".



Les mots que A.Gross met dans la bouche de Christoph Blocher "ne
se retrouvent nulle part dans le procès verbal de ladite séance de
commission, et pour cause, puisqu'ils n'ont jamais été prononcés",
ajoute le service de presse du DFJP dans un communiqué.

Les précisions d'A.Gross

Sur les ondes de la Radio suisse romande, A.Gross a indiqué
lundi soir avoir "confirmé une impression" et non la version
littérale des propos de Ch.Blocher. Interrogé par l'ATS, A.Gross a
souligné n'avoir, sciemment, cité aucun passage du procès-verbal de
la commission car cela aurait été illégal.



Andreas Gross a affirmé lundi que le discours du conseiller
fédéral était "simpliste", à la limite du racisme. Le socialiste
zurichois a reconnu le besoin de repenser l'aide au développement.
Mais "on ne peut pas" être favorable à des accords de réadmission
et suggérer de "laisser seuls les Africains, suggérer qu'ils sont
auto-responsables de leur misère", a-t-il



déclaré. "C'est arrogant", a-t-il estimé.

La position de Ch.Blocher

Lors de cette réunion, le conseiller fédéral a en revanche
évoqué les questions de migration. Il a notamment estimé que le
fossé Nord-Sud était une cause essentielle des migrations et a
illustré son propos avec l'exemple de l'Afrique.



Selon Ch.Blocher, le continent noir a reçu, ces dernières
décennies, "des montants considérables au titre de l'aide au
développement, sans pour autant que sa situation ne s'améliore
sensiblement". Il a également "constaté" que "personne ne savait
comment s'y prendre avec l'Afrique pour que le continent
s'industrialise", selon le texte.



Le ministre de la Justice a ajouté que "l'Afrique y arriverait
peut-être un jour par ses propres moyens et que laisser l'Afrique
se débrouiller seule était aussi une possibilité envisageable". En
revanche, l'aide au développement et l'achat de biens "à des prix
surfaits" ne constituent pas des solutions valables.

Un complot socialiste

"M.Blocher ne s'est en aucune manière exprimé de manière
méprisante sur l'Afrique et les Africains", a de son côté affirmé
la conseillère nationale Jasmin Hutter (UDC/SG) dans un communiqué
publié au nom des membres agrariens de la CIP.



"Au contraire, M. Blocher a attiré l'attention (de la CIP) sur de
gros problèmes de l'aide au développement, que personne ne peut
nier", a-t-elle ajouté. Selon elle, "les contrevérités colportées
par A.Gross sont un nouvel élément d'une campagne de diffamation
systématique, ininterrompue du parti socialiste contre
M.Blocher".



L'UDC refuse que le procès-verbal confidentiel d'une réunion serve
à "diffamer l'excellent travail" de son ministre, "d'autant plus
que ces déclarations n'ont jamais été tenues", précise le
texte.



agences/boi

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Un nouveau début de polémique

Même si elle semble en voie de s'éteindre, cette polémique s'ajoute à d'autres propos très controversés de Christoph Blocher.

Il y a dix jours, Christoph Blocher avait violemment critiqué la norme pénale anti-raciste. Le chef du DFJP avait regretté que ce texte ait conduit à une enquête en Suisse contre un historien turc pour ses propos sur le génocide arménien. "Cet article me fait mal au ventre", avait lancé le conseiller fédéral.

Ces propos avaient suscité l'indignation dans la presse suisse et dans une importante frange de la classe politique et associative.

Pascal Couchepin avait parlé d'une "attitude inacceptable" et Moritz Leuenberger s'était dit "très surpris".

La population arménienne s'était aussi indignée, traitant Christoph Blocher d'irresponsable qui "ridiculise la Suisse en la transformant en tapis rouge pour les pires négationnistes".