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Chaos salarial chez les policiers genevois

Mario Annoni a présenté son rapport en présence de Laurent Moutinot.
Mario Annoni a présenté son rapport en présence de Laurent Moutinot.
Le système de rémunération de la police genevoise, trop compliqué et peu transparent, entraîne un sentiment d'inégalité et doit être remis à plat. C'est la conclusion du rapport présenté mardi par Mario Annoni. Un document bien accueilli par le syndicat UPCP.

Mario Annoni a présenté mardi son rapport sur le système de
rémunération de la police genevoise. Ce document très attendu
souligne son manque de transparence et son extrême complexité. Le
Conseil d'Etat promet d'y mettre de l'ordre. Les indemnités versées
aux policiers varient en fonction d'une multitude de critères.

Différents régimes coexistent pour la rétribution des heures
supplémentaires, a constaté l'ancien conseiller d'Etat bernois,
mandaté fin octobre par l'exécutif genevois pour faire un état des
lieux. Certains collaborateurs effectuant les mêmes missions sont
payés différemment, ce qui entraîne un sentiment d'inégalité.

Six indemnités différentes

En plus du salaire de base, les policiers peuvent percevoir
jusqu'à six différentes indemnités: pour inconvénients de service,
pour frais d'habillement, pour les frais engagés durant les heures
de service, pour les horaires de nuit, pour les patrouilles
nocturnes ou encore pour les "connaissances spéciales".



Les trois corps de police sont soumis à des régimes différents.
Pour rendre le système plus lisible, certaines de ces composantes
pourraient être intégrées dans le salaire de base, estime Mario
Annoni. La police bernoise par exemple a procédé de la sorte
concernant l'indemnité pour inconvénients de service.



Dans tous les cas, la méthode de rémunération doit être simplifiée
et unifiée dans un souci de transparence et d'équité. Spécificité
genevoise, tous les collaborateurs se font en outre payer leur
assurance maladie par l'Etat. L'ancien conseiller d'Etat ne remet
pas en cause cette prestation, introduite dans les années 60 et
considérée à ce jour comme un acquis social.

La question des heures sup'

En plus des questions salariales, l'autre gros point noir
concerne les heures supplémentaires. Les plans de travail actuels,
trop figés, les démultiplient. Un ordre de service introduit sous
l'ère de Micheline Spoerri complique encore la donne: selon le
moment où le policier est rappelé en renfort, le nombre d'heures
supplémentaires décomptées est supérieur aux heures
effectuées.



Pour remédier à cette accumulation d'heures supplémentaires, Mario
Annoni préconise l'abandon de cet "ordre de service Spoerri". Il
avance aussi comme piste de réflexion l'introduction d'une journée
flexible, comme dans la police de la ville de Zurich ("Flextag").
L'horaire exact de travail pour cette journée-là est communiqué
quelques jours à l'avance seulement en fonction des besoins.



Le rapport de Mario Annoni n'a pas amené de révélations nouvelles.
"Mais il rassemble pour la première fois tous ces éléments qui
n'étaient connus que par bribes", a souligné la cheffe de la police
Monica Bonfanti. Des réformes sont déjà en route au sein de la
police, a-t-elle rappelé (voir ci-contre).



ats/dk

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Les recommandations Annoni retenues

"Toutes les recommandations formulées (par la rapport Annoni) sont retenues par le Conseil d'Etat", a affirmé le chef du Département des institutions Laurent Moutinot.

Le gouvernement mettra en place ces prochains mois un processus de réorganisation de la police. Un calendrier de travail va être élaboré. Il aboutira à la publication d'un nouveau rapport pour le 30 juin.

Les policiers devront s'accommoder de la suppression de certains acquis, a prévenu le magistrat. Au final, en faisant la balance des avantages et inconvénients, "la réforme sera favorable aux policiers".

Pour esquisser ce "vaste chantier", le Conseil d'Etat tiendra aussi compte d'un autre rapport sur le même sujet, celui de la Cour des comptes, qui sera présenté la semaine prochaine.

Le syndicat UGP réagit favorablement

Le syndicat des gendarmes UPCP a réagi favorablement à la publication du rapport, jugé "intéressant et objectif". "Il reconnaît la particularité et la pénibilité du métier", affirme son président Walter Schlechten.

La volonté de simplifier le système de rémunération et de calcul des heures supplémentaires est vue comme un point positif. Plusieurs des réformes préconisées ont déjà débuté, comme celle de la grille salariale, souligne Walter Schlechten.

Parmi les recommandations vraiment nouvelles, celles de constituer un seul service des ressources humaines pour les trois corps de police lui paraît judicieuse.

Le syndicat se dit prêt à aller de l'avant dans les réformes, pour autant qu'elles se fassent en concertation avec la base. "On nous a assuré que nous serions associés à cette réflexion", affirme Walter Schlechten.