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Plus de 30'000 Suisses vivraient clandestinement en France voisine

De nombreux Suisses rentrent chaque soir, discrètement, en France. [Keystone - Martin Rütschi]
Plus de 30'000 Suisses vivent en France voisine clandestinement, selon Le Point / Le 12h30 / 1 min. / le 25 février 2019
Selon le magazine Le Point, plus de 30'000 Suisses habitent à l'année en France, tout en gardant leur adresse officielle en Suisse. Les maires des régions frontalières se mobilisent depuis longtemps face à cette situation.

Cette question des résidents suisses non déclarés dans l'Hexagone n’est pas nouvelle, mais le chiffre articulé est nettement supérieur à celui de 20'000 personnes évoqué jusqu'ici.

Le Point reprend lundi des informations publiées la semaine dernière dans l'hebdomadaire de Thonon Le Messager. Les deux journaux parlent d’une "estimation" concernant les départements de l’Ain et de la Haute-Savoie et d'une "traque" lancée contre les personnes concernées.

Antoine Vielliard, maire de Saint-Julien-en-Genevois, estime cependant que le chiffre avancé aujourd'hui est exagéré. "Selon moi, l'ordre de grandeur de 20'000 correspond plus à la réalité", déclare-t-il lundi dans le 12h30.

Léger mieux depuis 2017 à Saint-Julien-en-Genevois

L'élu a choisi la manière forte il y a deux ans déjà, en majorant de 60% la taxe d'habitation pour les résidences secondaires. Résultat: le nombre de frontaliers suisses déclarés a doublé, passant de 600 à 1200, ce qui représente un gain financier de près d'1,4 million de francs pour cette commune de 13'000 habitants située aux portes de Genève.

L'élu municipal constate également que les choses évoluent progressivement dans le bon sens. "Les gens prennent conscience du risque qu'ils encourent, donc on commence à être sur le bon chemin", souligne-t-il.

Les douanes françaises en chasse

Mais c'est surtout la pression des douanes françaises qui pourrait convaincre certains résidents d'officialiser leur situation. "Elles commencent à faire des saisies de véhicules, tous les mois des personnes se font arrêter", avertit Antoine Vielliard. "Les douanes utilisent aussi de plus en plus les systèmes de vidéoprotection pour pouvoir prouver la domiciliation des gens qui ne sont pas déclarés."

>> Ecouter l'interview d'Antoine Vielliard dans le 12h30 :

Antoine Vielliard, maire de St-Julien-en-Genevois.
Problématique des faux résidents secondaires genevois: interview d'Antoine Vieilliard / Le 12h30 / 4 min. / le 25 février 2019

Les "discriminations" genevoises dénoncées

L'intérêt de ces résidents illégaux est peut-être financier, à moins qu'il ne s'agisse que de simple négligence. Mais pour le maire de Saint-Julien-en-Genevois, "il ne faut pas être dupe." C'est dû essentiellement, dit-il, à la multiplication des discriminations à l'encontre des Suisses résidant en France: discriminations à l'emploi, qui sont complètement illégales dans le cadre de la libre-circulation; discriminations à la scolarisation pour les enfants; discriminations dans les tarifs publics, en particulier aux HUG… Toutes ces discriminations qui sont contraires à ce que le peuple suisse a voté. Les Suisses ont le droit de s'installer où ils veulent, de la même manière que les Européens."

Et selon l'élu, cela représente pour les communes françaises quelque 45 millions de francs de manque à gagner en rétrocessions de la part du canton de Genève, "donc 40 millions en plus pour le canton de Genève."

Propos recueillis par Nadine Haltiner/oang

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La Cour des comptes genevoise interpellée

Selon Le Messager, un résident de Ferney-Voltaire - Peter Loosli, ancien candidat des Verts au Conseil national et très impliqué dans les questions du Grand Genève - a adressé une lettre à la Cour des comptes genevoise sur cette question des résidents clandestins.

La cour annonce dans sa réponse que, dans la coordination avec les autres instances de contrôle, "il est apparu que l’une d’elles va mener une mission de contrôle en lien avec la thématique", sans plus de précision sur l’instance en question.

Reste à savoir, se demande le journaliste, si Genève et la France travailleront mains dans la main sur ce dossier. Peter Loosli, en tous cas, dit vouloir transmettre ces éléments de réponse à la cour des comptes française.