Le nombre d'opérations d'affirmation de genre augmente en Suisse depuis 2018

Dans 68% des cas, les interventions réalisées avaient pour but une réassignation sexuelle du féminin vers le masculin, indique jeudi l'Office fédéral de la statistique (OFS) dans un communiqué. Dans 32% des cas, c'était l'inverse.

Le nombre d'interventions est resté très faible jusqu'en 2018. Il augmente ensuite régulièrement, passant de 248 en 2019, à 525 en 2022 (+115%).

Les opérations visant à passer du masculin vers le féminin ont augmenté de manière plus prononcée (+123%) que celles du féminin vers le masculin (+102%).

Moyenne d'âge jeune

Les opérations de réassignation du féminin vers le masculin concernaient des personnes de 27 ans en moyenne: 54% d’entre elles avaient entre 15 et 24 ans.

Les patients ayant entrepris une transition du masculin vers le féminin étaient plus âgés en moyenne (34 ans), avec un tiers des cas appartenant à la classe d'âge 25-34 ans et un quart à celle des 15-24 ans.

La moyenne d'âge des personnes traitées est restée stable dans les deux sens de transition au cours de la période 2019-2022. Parmi les personnes ayant subi une mastectomie (ablation des seins) l'an dernier, 24 étaient mineures. Ce nombre s'élevait à 15 en 2019, 21 en 2020 et 25 en 2021.

Mastectomies les plus fréquentes

La mastectomie est l'opération la plus fréquente. Elle est celle dont le nombre a augmenté le plus rapidement entre 2019 et 2022 (+176%). Elle représentait 42% du total des opérations d'affirmation de genre en 2022.

Les autres opérations sont plus rares et ne connaissent pas le même développement. Les hôpitaux suisses ont par exemple conduit 33 phalloplasties (fabrication ou reconstruction d'un pénis) l'an dernier, contre 42 en 2021. Le nombre de vaginoplasties (fabrication d'un vagin) est passé de 55 en 2021 à 70 en 2022.

Certaines interventions ont lieu presque exclusivement en chirurgie d'affirmation de genre. C'est notamment le cas des phalloplasties, dont 94% des opérations visaient la réassignation sexuelle, ainsi que les vaginoplasties (95% des cas).

Par contre, les mastectomies pratiquées dans un contexte d'affirmation de genre représentaient seulement 3% du total. Seulement 1% des hystérectomies (retrait de l’utérus et d'autres organes) concernent des personnes en transition de genre. En ce qui concerne l'ablation des parties génitales masculines, la proportion s'élève à 40%.

Les mastectomies enregistrent les durées d'hospitalisation les plus courtes, soit 2,7 jours en moyenne en 2022. Une hystérectomie nécessite un séjour hospitalier de 3,5 jours en moyenne. La moyenne pour les phalloplasties est de 13,1 jours d'hospitalisation en 2022 et celle pour les vaginoplasties de 9,6 jours.

Différences selon les cantons

Sur la totalité des hospitalisations recensées entre 2019 et 2022, 19% concernent des personnes résidant dans le canton de Zurich, soit un ratio de 4,4 cas pour 100'000 habitants. Ce taux grimpe à 10,9 cas pour 100'000 habitants dans le canton de Bâle-Ville.

En Suisse romande, le taux le plus élevé pour 100'000 habitants est à signaler dans le canton de Vaud (4,9), devant Neuchâtel (4,7) et le Jura (4,4). Le ratio tombe à 3 pour 100'000 habitants dans le canton de Fribourg, a appris la RTSinfo auprès de l'OFS.

Cinq hôpitaux ont procédé à plus de 95% des opérations d'affirmation de genre. L'an dernier, la moitié des interventions de ce type ont eu lieu dans des hôpitaux universitaires.

A noter encore que cette étude ne dispose pas de données concernant le nombre de personnes résidant en Suisse et qui auraient réalisé ce type de traitement à l'étranger.

>> Ecouter aussi les explications de Friedrich Stiefel, chef de service de la psychiatrie de liaison du CHUV :

SAM-CHUV

jfe