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Les inégalités de genre se ressentent aussi dans le domaine de la santé

Des comprimés (image d'illustration). [Keystone - Gaëtan Bally]
Les invitées - Influence du genre dans la santé: les médicaments ont un sexe / Six heures - Neuf heures, le samedi / 25 min. / le 25 septembre 2021
En matière de santé, les études montrent que certains traitements sont plus ou moins efficaces selon que le malade est une femme ou un homme. Ces inégalités de genre peuvent conduire à des situations de discrimination dans la prise en charge et l'accès aux soins.

A l'heure de la médecine personnalisée, une variable des plus basiques n'est pas prise en compte dans le développement et l'administration des médicaments: le sexe du patient.

Selon Carole Clair, médecin adjointe à Unisanté, il y a pourtant de nombreuses différences entre un homme et une femme. "On doit faire une distinction entre le sexe biologique, soit des hormones différentes qui vont influencer les traitements, et le genre social, qui a plus trait au comportement de santé, le fait par exemple que les hommes mangent plus de viande que les femmes", explique la spécialiste.

Selon elle, les comportements sociaux vont avoir un impact direct sur le développement des maladies, comme le fait de fumer, et ceux-ci sont parfois genrés. "Il y a aussi toute une série de stéréotypes par rapport à ce qui est considéré comme masculin ou féminin, cela a un impact très important dans la prise en charge des patientes et des patients", indique Carole Clair samedi lors d'une interview sur la RTS.

Surface corporelle

Au niveau biologique, la différence la plus évidente est la surface corporelle. "Les femmes sont en moyenne plus petites que les hommes. Les femmes ont davantage de masse graisseuse que de masse musculaire. Pour les médicaments lipophiles, attirés par la graisse, cela va avoir un impact. Un autre exemple très clair, c'est au niveau cardiaque. Les femmes ont un risque plus élevé d'avoir des troubles cardiaques sur un traitement médicamenteux", assure la professeure associée de l'Université de Lausanne.

Une médecine qui a été faite par les hommes et pour les hommes

Carole Clair, médecin adjointe à Unisanté

Pour que les différences de genre soient mieux prises en compte dans le domaine de la santé, Carole Clair estime que la question d'intégration des femmes doit être plus souvent posée. "Pour la pandémie de Covid-19 par exemple, on n'est pas allé regarder les différences d'effets secondaires entre les hommes et les femmes."

Aussi pour les hommes

La spécialiste signale par ailleurs que les hommes peuvent être eux aussi victimes de cette discrimination. "La discrimination concerne les deux sexes, mais davantage les femmes. On a une médecine qui a été faite par les hommes et pour les hommes. Mais dans certaines pathologies, c'est l'inverse qui se produit. Un exemple est l'ostéoporose, une maladie plus fréquente chez les femmes et qu'on va totalement sous-diagnostiquer et mal traiter chez les hommes."

Depuis mars 2020, Carole Clair et sa collègue Joëlle Schwarz cherchent à développer un indice de mesure du genre dans la santé, un projet soutenu par le Fonds national suisse de la recherche scientifique.

zd/gma

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