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L'hydrogène naturel, une solution propre et pas chère?

L'hydrogène peut être envisagé comme carburant pour tous les types de transports. [Reuters - Kim Hong-Ji]
Ça va être la ruée vers l’hydrogène naturel: solution propre et pas chère? / Tout un monde / 7 min. / le 21 février 2024
Les sous-sols de la Terre seraient gorgés de milliards de tonnes d'hydrogène naturel, selon un récent rapport. Mais ce marché est-il vraiment prometteur et durable pour la planète? Invité mercredi dans Tout un monde, Mikaa Mered, chargé d'enseignement en marchés et géopolitique de l'hydrogène à Science Po Paris, livre son analyse.

Les scientifiques d'une agence gouvernementale américaine, dont les travaux sont encore en attente de publication complète, estiment les réserves mondiales en hydrogène à 5000 milliards de tonnes. Même si l'on ne peut en extraire qu'une toute petite partie, cela suffirait largement à couvrir les besoins de l'humanité pendant des siècles, expliquent les scientifiques.

Mikaa Mered est un consultant privé et chargé d’enseignement en marchés et géopolitique de l’hydrogène à Science Po Paris et à l’Université Mohammed VI Polytechnique au Maroc. [LinkedIn - DR]
Mikaa Mered est un consultant privé et chargé d’enseignement en marchés et géopolitique de l’hydrogène à Science Po Paris et à l’Université Mohammed VI Polytechnique au Maroc. [LinkedIn - DR]


Est-ce donc la solution miracle avec la garantie d'une source d'énergie virtuellement inépuisable et propre? En théorie oui, mais en pratique, cela s'avère plus compliqué, explique Mikaa Mered. "Une fois l'hydrogène extrait du sol, il va falloir le compresser, peut-être le liquéfier. Et le combiner avec d'autres molécules ou d'autres atomes pour en faire les carburants nécessaires. Donc évidemment, sur le papier, ça paraît simple. En pratique, ça va être un peu plus compliqué."

>> Lire aussi : L'hydrogène, un atout majeur pour la transition énergétique

Bilan carbone moindre

L'hydrogène naturel, qui est une énergie renouvelable, a l'avantage de consommer moins d'énergie, mais aussi d'être moins cher.

"Certains le voient comme le Graal de la transition énergétique. Il y a le potentiel que cet hydrogène naturel soit le carburant ou en tout cas le vecteur énergétique qui réponde à l'ensemble du cahier des charges de cette transition énergétique. Mais même s'il est présent a priori un peu partout sur la planète, l'ensemble n'est pas forcément très accessible et surtout commercialisable", pondère-t-il.

Tout l'enjeu sera donc de trouver des endroits où l'hydrogène est suffisamment bien concentré et abondant, avec les infrastructures nécessaires pour l'amener jusqu'aux clients finaux.

Intérêt médiatique

L'hydrogène naturel génère depuis quelques années un véritable intérêt de la part de certains investisseurs qui y voient une solution de long terme.

C'est notamment le cas de Bill Gates qui a investi 91 millions de dollars il y a un peu plus d'un an dans la très discrète start-up Koloma, basée à Denver. L'entreprise américaine a mis au point un système qui permet de repérer, d'explorer et de produire de l'hydrogène géologique à faible coût.

"Son investissement a fait un effet de loupe, qui a suscité non seulement un intérêt médiatique, mais aussi attisé la curiosité d'autres investisseurs", souligne le spécialiste. Selon lui, pour avoir une économie de l'hydrogène qui permette de décarboner les industries les plus lourdes, il faudrait entre 150 et 300 millions de tonnes d'hydrogène par an.

>> Lire aussi : La Suisse se lance dans la recherche d'hydrogène naturel dans la roche alpine

Propos recueillis par Eric Guevara-Frey/hkr

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