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En Roumanie, des ours trop encombrants relancent le débat sur la chasse

Face aux ours, les Roumains divisés
Face aux ours, les Roumains divisés / L'actu en vidéo / 1 min. / le 23 octobre 2023
Un plantigrade qui mange son casse-croûte sur la route: la scène est devenue presque banale en Roumanie, pays qui compte environ 8000 ours. Mais face à la multiplication des attaques, des voix s'élèvent pour abattre davantage de spécimens de cette espèce protégée.

En route pour le lac Saint-Anne, en Transylvanie, des visiteurs stupéfaits s'arrêtent à la vue d'un ours qui s'étale sur le bas-côté, patientant qu'on lui offre son prochain repas.

Avec environ 8000 individus, la Roumanie abrite la plus importante population d'Europe (hors Russie), selon le ministère de l'Environnement.

14 morts

Mais face à la multiplication des attaques, cette année les quotas de chasse ont été portés à 220, contre 140 auparavant. Des voix s'élèvent pour abattre encore davantage de spécimens de cette espèce protégée par une directive européenne.

Au total, 14 personnes ont été tuées et 158 personnes blessées entre 2016 et 2021, selon les derniers chiffres disponibles.

afp/doe

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Cohabiter ou pourchasser?

Si la chasse commerciale de l'espèce est interdite depuis 2016 en Roumanie et les tirs réservés aux agents assermentés, des parlementaires ont déposé une proposition de loi pour autoriser l'abattage de près de 500 ours.

Derrière cette initiative, Barna Tanczos, jusqu'à récemment chargé du dossier au gouvernement, brandit le scénario d'ours vagabondant dans les rues de la capitale Bucarest ou "se baignant dans le delta du Danube".

Une attitude inacceptable pour les défenseurs des animaux, qui redoutent un retour des amateurs de "trophées".

Éloigner plutôt qu'abattre

Dans la petite ville touristique de Baile Tusnad, le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) a imaginé avec des ONG d'autres solutions.

Bacs à ordures non accessibles aux ours, installation de 400 clôtures électriques et application mobile donnant des conseils. La recette semble fonctionner: de 50 plaintes pour dégâts en 2021, la commune est désormais passée à zéro.

"Les ours ne vont pas disparaître du jour au lendemain mais s'ils ne se sentent pas bienvenus, ils ne restent pas en ville", explique le biologiste Istvan Imecs, qui participe à l'initiative.

Ce natif de la région déplore l'attitude des visiteurs roumains comme étrangers, nombreux à nourrir illégalement les bêtes, ne faisant que les attirer en dehors de leur habitat naturel. En cause aussi, la mauvaise gestion des déchets et le manque d'accompagnement.