La traçabilité de l'or est une solution envisagée depuis longtemps pour réduire les impacts sociaux et environnementaux de son extraction et de sa transformation.
Différents outils de traçage
Plusieurs outils existent pour suivre ce métal de la mine à sa production: via la blockchain ou un marquage optique ou physique, ou encore grâce à sa composition chimique.
C'est ce qu'explique Barbara Beck, chargée de recherche à l'Université de Lausanne, interrogée dans La Matinale de la RTS de mercredi: "on peut voir si l'or contient des produits néfastes pour la santé comme le mercure. Mais l'intérêt principal de le tracer est plutôt de s'assurer que l'or vient bien de la mine déclarée et pas d'ailleurs".
Durabilité trop peu garantie
Décrypter son ADN permet donc d'en connaître le contenu ou la provenance. Mais de tels traceurs ne suffisent pas à en garantir la durabilité. Cela s'explique par le fait que c'est souvent l'industrie elle-même qui met en place ces outils, ce qui peut affaiblir leur validité. Sans compter que ça coûte cher à mettre en place.
"Si c'est au mineur artisanal de prouver que son or est achetable au niveau international, c'est à lui de le payer. Qui va prendre en charge cela? On donne une valeur ajoutée à l'or par rapport à ce qui existe aujourd'hui et s'il n'y a pas de prime, ça ne pourra pas marcher", prévient Patrick Schein, négociant et affineur en or, au micro de La Matinale de mercredi.
Et d'ajouter "surtout qu'aujourd'hui, si vous n'achetez pas de la mine artisanale, vous excluez 100 millions de personnes de vos filières. Ce n'est pas responsable".
Plus difficile pour l'or recyclé
Cette traçabilité est encore plus compliquée pour l'or recyclé.
"On a perdu beaucoup de temps avec l'or recyclé qui soi-disant a une origine. Mais en fait non, on ne sait pas où était l'or avant, d'où il vient", détaille Patrick Schein.
Il recommande plutôt d'"appliquer d'abord la traçabilité à l'or recyclé qui est utilisé comme source éthique par l'industrie aujourd'hui avant d'exiger au plus faible maillon de la chaîne de remplir toutes ces exigences d'un coup".
Ces nouveaux labels pourraient faire grimper les prix de l'or et ils pourraient surtout créer des prix différents entre l'or certifié et celui qui ne l'est pas. La distinction n'existe pas pour l'instant.
Propos recueillis par Dominique Choffat
Adaptation web: Julie Marty