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Champs électromagnétiques néfastes pour les foetus

Swisscom, Sunrise et Orange veulent faire tomber le moratoire des antennes de téléphonie mobile. [Yves Roland / Fotolia]
Les recherches n'ont pas révélé de faits nouveaux ou alarmants, hormis pour les enfants à naître. - [Yves Roland / Fotolia]
Le vaste programme national de recherche consacré aux effets du rayonnement électromagnétique sur la santé n'a mis en évidence aucun lien de cause à effet. Mais les chercheurs formulent tout de même de nouvelles recommandations, pour les femmes enceintes par exemple.

Le Fonds national suisse (FNS) a présenté jeudi à Berne les conclusions du programme national de recherche "Rayonnement non ionisant. Environnement et santé" (PNR 57), lancé début 2007 avec un total de onze projets de recherche. Leur conclusion: aucun rapport de cause à effet entre une exposition quotidienne à ce type de rayonnement et la santé n'a été mis en évidence.

Les recherches n'ont pas révélé de faits nouveaux ou alarmants qui nécessiteraient une adaptation des dispositions légales ou une intervention des autorités, à une exception près: la protection des enfants à naître. Une étude par modélisation a montré que la nécessité de protéger les foetus dans le ventre de leur mère n'a encore été que trop peu prise en compte.

Doses de rayonnement simulées

Niels Kuster et ses collègues de l'IT'IS Foundation ont simulé la dose de rayonnement électromagnétique à laquelle les enfants à naître sont exposés au troisième, au septième et au neuvième mois de grossesse. Ils ont montré que si la future mère subit l'exposition maximale tolérée au niveau professionnel, celle du foetus est supérieure aux valeurs limites en vigueur pour la population en général.

Une adaptation des standards de certains produits sur le lieu de travail, notamment des cuisinières à induction, serait nécessaire pour éviter une exposition excessive des enfants à naître.

D'autres projets ont confirmé des répercussions sur les processus biologiques, au niveau des cellules et des organes. En menant des expériences sur des cultures cellulaires, des chercheurs ont par exemple réussi à montrer que le rayonnement provoque une augmentation minime des cassures dans les brins d'ADN, mais sans que cela n'endommage directement le matériel génétique.

Incidences sur le sommeil

L'équipe de Peter Achermann, de l'Université de Zurich, a établi que les ondes cérébrales se modifient pendant les périodes de sommeil si les sujets ont été exposés, avant de s'endormir, au rayonnement durant une conversation d'une demi-heure sur téléphone mobile.

L'activité cérébrale modifiée n'a toutefois pas d'impact sur la structure et la durée des diverses phases de sommeil, lorsqu'on la compare avec celle de personnes n'ayant pas subi de rayonnement. Elle ne porte pas non plus préjudice à la qualité du sommeil ressentie au niveau subjectif.

Mille personnes interrogées à Bâle

Le groupe de recherche de Martin Röösli, de l'Institut tropical et de santé publique suisse à Bâle, a soumis un questionnaire à un échantillon de plus de mille personnes de la région bâloise, visant à mettre en relation leur santé et leur exposition quotidienne au rayonnement. Il s'est avéré qu'avec une moyenne de 0,21 volt/mètre, celle-ci se situait bien en dessous de la valeur limite en vigueur en Suisse.

Aucun rapport de cause à effet n'a été établi entre l'usage de téléphones mobiles ou sans fil et des troubles de la santé, y compris chez les personnes se disant très sensibles aux rayonnements électromagnétiques.

Recherches à approfondir

On ignore encore si les effets démontrés sur le cerveau et les cellules sont significatifs pour la santé humaine. Si l'on veut, à l'avenir, confirmer un mécanisme d'action des champs électromagnétiques sur les organes, de nouveaux efforts de recherche sont nécessaires, estime le FNS.

En outre, il serait souhaitable que la recherche puisse suivre le rythme rapide auquel ces technologies se développent. Cinq milliards de téléphones mobiles étaient en usage dans le monde l'an dernier, dont neuf millions rien qu'en Suisse. Et leur nombre augmente continuellement, tout comme d'autres sources de rayonnements comme les réseaux LAN ou les téléphones sans fil.

ats/jzim/olhor

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Médecins en faveur de l'environnement préoccupés

Les Médecins en faveur de l'environnement se disent préoccupés par les résultats du PNR 57. Selon eux, les enfants ne devraient utiliser le téléphone portable qu'en cas d'urgence car ils y seront plus longtemps exposés que les générations précédentes.

La question des effets à long terme du rayonnement électromagnétique reste toujours sans réponse, écrivent jeudi les Médecins en faveur de l'environnement dans un communiqué. Des observations sur des années, voire des décennies seront nécessaires pour tirer des conclusions.

L'association salue le fait que les chercheurs se soient penchés sur l'exposition des enfants et du foetus. Ils font partie des groupes de population qui devraient faire l'objet d'études plus poussées, tout comme les malades chroniques ou les personnes électrosensibles.

Pour les Médecins en faveur de l'environnement, il faut poursuivre les recherches dans ce domaine. Les valeurs limites doivent être maintenues voire abaissées. Au niveau personnel, ils recommandent d'éviter la technologie sans fil et d'utiliser le plus possible des appareils à câble.