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YouTube interdit les vidéos utilisant l'IA pour redonner vie à des victimes de crimes

Il est désormais interdit de publier sur YouTube toute vidéo qui, grâce à l'intelligence artificielle (IA), redonne vie à des victimes d’affaires criminelles très médiatisées. [Depositphotos - ©Peshkova]
YouTube interdit les vidéos utilisant l'IA pour redonner vie à des victimes de crimes / La Matinale / 2 min. / le 16 janvier 2024
Il est désormais interdit de publier sur YouTube toute vidéo qui, grâce à l'intelligence artificielle (IA), redonne vie à des victimes d’affaires criminelles très médiatisées. La mesure, adoptée par la plateforme américaine, est entrée en vigueur mardi.

Les contenus qui font parler les morts cumulent des millions de vues sur TikTok et YouTube. Réalisées grâce à l'intelligence artificielle, ces vidéos peuvent être produites très facilement avec les dérives que cela entraîne, puisque même des enfants sont mis en scène.

C'est notamment le cas du petit Grégory qui, face caméra, raconte dans une vidéo les détails de sa mort à la première personne. "Un jour, j'ai disparu, ma maman m'a cherché partout, mais c'est dans la Vologne, un petit ruisseau près de chez moi, qu'ils m'ont retrouvé, sans vie", raconte ainsi une reconstitution du petit Grégory, décédé en 1984 dans des circonstances mystérieuses qui sont encore commentées aujourd'hui régulièrement dans les médias.

>> Lire aussi : L'affaire Grégory au coeur d'une série documentaire haletante

Une fascination profondément humaine

Ces vidéos hypertruquées, également appelées "deepfake", ont une influence sur notre rapport à la mort. Pour la thanatologue Alix Noble Burnand, la fascination pour le morbide est profondément humaine. "C'est du même ressort que le fait qu'on s'arrête sur l'autoroute pour regarder les accidents", souligne-t-elle mardi dans La Matinale de la RTS.

Pour Patrick Baudry, sociologue à l'Université de Bordeaux, il s'agit également de combler un vide, en ce qui concerne les questions que l'on se pose sur la mort. "On veut combler ce manque par la production technique d'une présence artificielle qui apparaît comme finalement tout à fait crédible. Il y a une sorte de désymbolisation", explique-t-il. Une symbolique de la mort de moins en moins présente qui serait caractéristique de notre société.

Des erreurs factuelles

Pour Alix Noble Burnand, on se nourrit des drames, parce qu'il faut ressentir, toujours plus. "Le problème actuel est qu'on est dans l'instant et l'instant doit être de plus en plus puissant, de plus en plus intense, sinon on s'ennuie", souligne-t-elle.

Ces vidéos présentent, en outre, des erreurs factuelles qui mettent en colère les familles des disparus. C'est pourquoi YouTube a décidé de les interdire.

Dans sa mise à jour annoncée, les "contenus simulant de manière réaliste des mineurs décédés ou des victimes d'événements violents meurtriers ou bien documentés décrivant leur mort ou les violences subies" sont interdits. En cas de violation, un avertissement est émis et la vidéo est retirée. A cela s'ajoute une interdiction de poster du contenu pendant une semaine, entre autres. Récidiver peut aboutir à la suppression totale de la chaîne.

Mais d'autres plateformes n'ont pas suivi cette voie pour le moment.

Miruna Coca-Cozma

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