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Des drones pour traquer les infractions routières

Les drones de la police espagnole peuvent contrôler si la ceinture est mise pendant que vous roulez [DGT]
L'Europe teste des drones équipés de radars pour traquer les excès de vitesse / Forum / 2 min. / le 20 décembre 2023
Les essais se multiplient en Europe avec des drones pour surveiller le trafic routier et traquer les excès de vitesse. Fini les radars fixes, les contrôles sont complètement aléatoires.

Depuis vendredi, les routes espagnoles sont placées sous haute surveillance. La direction générale de la circulation (DGT) prévoit 20 millions de déplacements routiers d’ici le 7 janvier. Pour réduire les risques d’accidents, l’autorité a déployé les grands moyens: 780 radars fixes, 13 hélicoptères, 245 caméras, 15 fourgons banalisés et… 39 drones.

Ce n'est pas un panneau pour signaler du wi-fi sur l'autoroute... mais bien pour annoncer l'existence éventuelle de contrôles de vitesse sur le tronçon à l'aide de moyens aériens. [DGT]
Ce n'est pas un panneau pour signaler du wi-fi sur l'autoroute... mais bien pour annoncer l'existence éventuelle de contrôles de vitesse sur le tronçon à l'aide de moyens aériens. [DGT]

Car il est désormais possible de recevoir une amende qui tombe du ciel. Les drones espagnols contrôlent les ceintures de sécurité, l’utilisation d’un téléphone portable au volant ou le respect des panneaux stop. Couper une ligne blanche peut être observé par le drone. La qualité des caméras permet de capturer la plaque d’immatriculation ou d’alerter une patrouille.

En Catalogne, la région de Gérone est un laboratoire. Les 34 kilomètres de l’autoroute Fornells-Vilademuls fourmillent d’innovations qui devraient en faire une des premières routes intelligentes d’Europe. Et dans le ciel, les drones patrouillent.

Ils surveillent l’allure des véhicules, même si les amendes pour excès de vitesse sont, pour l’heure, virtuelles car la fiabilité du système n’a pas encore été prouvée. En France aussi, les tests se multiplient. En Aquitaine ou dans l’Essonne, on regarde par exemple les distances de sécurité entre les véhicules.

But préventif

Pourquoi miser sur cette technologie? En termes de sécurité routière, c’est un outil idéal car le conducteur ne sait pas s’il est observé. Et dans le doute, mieux vaut être prudent. Donc ces drones auraient un but préventif.

A contrario, on pourrait les voir comme des outils de surveillance automatique et systématique. Les drones ont également un gros problème à ne pas négliger. La météo. Pour l’instant, ils n’aiment pas le vent, ni la pluie, ni la neige.

Et en Suisse? C’est la police cantonale thurgovienne qui est à la pointe de la technologie. Elle utilise les drones pour la recherche de personnes disparues… mais également pour surveiller le trafic routier.

Certains tronçons rectilignes sont connus pour attirer les amateurs de vitesse. La police thurgovienne peut alors déployer un drone pour filmer les chauffards. "Les images ainsi obtenues sont ensuite analysées à l'aide d'un logiciel spécial et sont ainsi documentées de manière à pouvoir être utilisées devant un tribunal", explique un porte-parole.

La police cantonale thurgovienne a déjà enregistré plusieurs délits de la circulation routière grâce à cette technique et les a dénoncés auprès des ministères publics compétents.

Le drone ne mesure pas la vitesse. Tout est fait à partir de la vidéo enregistrée. "Un calcul du temps de parcours est effectué à l'aide de points de référence ou de points fixes". La surveillance est ciblée, promet la police thurgovienne.

L’Office fédéral des routes (OFROU) précise qu’en principe "rien ne s’oppose à ce que la police ait recours à des drones pour effectuer des contrôles dans le cadre du droit de la circulation routière". Mais il précise, qu’"un tel matériel vidéo est soumis à la libre appréciation des preuves par le juge, car les enregistrements vidéo ne sont pas des instruments de mesure vérifiés selon l’ordonnance sur les instruments de mesure".

L’affaire est délicate. Un drone de la police thurgovienne a enregistré un conducteur qui roulait à 175 km/h sur une route limitée à 80 km/h. On lui a retiré son permis. L’homme a fait appel de la décision. Pour son avocat, le calcul ne tient pas compte, par exemple, de la position du drone ou de l’angle de vue.

En Suisse, cette prochaine décision de justice conditionnera certainement l’envie d’utiliser des drones pour contrôler la vitesse des automobilistes.

Infographie de la direction générale espagnole de la circulation (DGT) [DGT]
Infographie de la direction générale espagnole de la circulation (DGT) [DGT]

Pascal Wassmer

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