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Les voitures du futur, vers une symbiose entre divertissement et autonomie

L'écran tactile d'une voiture. [Depositphotos - chesky_w]
La voiture du futur : quand la conduite laisse le volant au divertissement / La Matinale / 4 min. / le 24 mai 2023
TikTok, YouTube, Zoom: les géants du numérique s'invitent de plus en plus dans nos véhicules. Une révolution en cours qui préfigure l'arrivée des voitures autonomes.

La numérisation de nos véhicules suit son cours sans faillir. Les acteurs majeurs du numérique, plateformes de streaming vidéo, réseaux sociaux ou grands noms du jeu vidéo, investissent progressivement l'industrie automobile. L'ambition? Faire de nos voitures des centres de divertissement ambulants. Toutefois, l'utilisation de ces technologies en conduite soulève des problématiques de sécurité en Europe.

TikTok, mastodonte des réseaux sociaux, a par exemple annoncé son intégration au nouvel écran géant des Mercedes Classe E. La possibilité de visionner ou de créer du contenu en conduisant est attrayante, mais limitée aux périodes d'arrêt du véhicule pour des raisons de sécurité.

Le communiqué de TikTok est clair: "Que vous passiez du temps à l'arrêt dans votre véhicule ou que vous profitiez simplement d'un moment de détente pendant que votre voiture se repose avant de vous mener à destination, TikTok deviendra votre nouvelle distraction favorite une fois stationné."

TikTok n'est pas un cas isolé: YouTube se lance dans les voitures Polestar, Zoom se déploie dans les véhicules équipés d'Android et Tesla intègre le service de jeux vidéo en ligne Steam.

Divertissement et autonomie

Alors pourquoi une telle avalanche technologique dans nos voitures, si leur usage est limité durant la conduite? La clé réside dans l'anticipation des voitures autonomes. L'industrie du divertissement envisage un futur où, libérés de la conduite, les passagers auront du temps à occuper durant leurs trajets.

Pour Laurent Petizon, expert du secteur automobile chez Alix Partners, deux visions sont en présence: celle centrée sur l'individu et celle focalisée sur le véhicule. Actuellement, l'individu est privilégié, le smartphone fait le lien avec le monde numérique, mais un équilibrage est possible. Les usagers aspirent à une connectivité à bord similaire à celle de leur domicile, offrant de nouvelles opportunités pour les constructeurs et les équipementiers.

Cependant, la monétisation et la gestion des données personnelles posent des questions cruciales dans cette transition. Les constructeurs et les entreprises technologiques se partagent déjà le futur marché, mais le modèle dominant reste à définir.

Volvo développe par exemple son propre système de divertissement en s'appuyant sur la technologie Google, tandis que Stellantis (Fiat, Peugeot,…) crée sa propre division logicielle pour contrôler les données des utilisateurs.

Encore un autre modèle: BMW reste propriétaire de son système d’exploitation, mais laisse la gestion des applications aux entreprises technologiques. De son côté, Tesla avait été un précurseur. Les logiciels sont au centre de son modèle économique, notamment avec les mises à jour payantes.

Un marché en suspens

Le marché du divertissement embarqué reste en suspens, tributaire de l'évolution de l'autonomie des véhicules. Des progrès sont certes en cours, mais le chemin à parcourir est encore long. En France et en Allemagne, il est maintenant possible de conduire sans avoir les mains sur le volant, mais seulement sous des conditions très spécifiques (dans un bouchon sur l’autoroute) et pour des véhicules homologués avec un certain niveau d'autonomie.

Si toutes les conditions sont remplies, dans ce cas très précis, le conducteur n’est plus responsable en cas d’accident. Il s’agit de la grande différence avec les voitures qui ont des pilotes automatiques non homologués.

Alexandre Reis de Matos, qui a contribué à l'élaboration d'un véhicule de course autonome pour l'EPFL, estime que la technologie est au point sur des circuits fermés. Il met l'accent sur les questions éthiques et politiques.

Par exemple, quel choix doit faire une voiture face à deux piétons, alors qu’elle ne peut en éviter qu’un seul? "Un véhicule autonome va faire moins d'accident qu'un conducteur humain, mais il va quand même en faire. L'erreur n'est pas permise pour un robot".

Les conditions actuelles en Suisse maintiennent le conducteur responsable quelle que soit la technologie utilisée. Cependant, des changements législatifs sont en préparation, ce qui pourrait bientôt aligner la Suisse sur la réglementation allemande à l’horizon 2025.

Pascal Wassmer

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Quand peut-on utiliser le pilote automatique en Allemagne?

Pour que le conducteur ne soit pas responsable en cas d'accident, voici les conditions à remplir selon Mercedes:

  • Être dans un embouteillage ou un trafic important sur une autoroute allemande

  • Un véhicule qui précède

  • Rouler à moins de 60 km/h

  • Bonnes conditions routières (marquage au sol présent, pas de tunnel, pas de travaux, lumière du jour)

  • Météo appropriée (pas de condition hivernale, pas d'humidité)

  • Tracé de l'autoroute présent sur une carte HD