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Google se lance dans l'assurance maladie aux Etats-Unis avec Swiss Re

Lors du Forum économique de Davos 2020, le patron d'Alphabet Sundar Pichai a affirmé que la santé était un marché prioritaire pour Google. [Keystone - Gian Ehrenzeller]
Lors du Forum économique de Davos 2020, le patron d'Alphabet Sundar Pichai a affirmé que la santé était un marché prioritaire pour Google. / La Matinale / 1 min. / le 27 août 2020
Google s’allie au géant de la réassurance Swiss Re pour créer une nouvelle société nommée Coefficient. Leur objectif: utiliser des montres connectées pour réduire les risques et les coûts de la santé.

Dans un système américain où ce sont majoritairement les entreprises qui paient les primes d’assurance, l’intérêt est grand pour réduire les coûts qui explosent depuis une dizaine d’années. Le système de santé américain est le plus coûteux des pays de l’OCDE. Les Etats-Unis y consacrent 17% de leur PIB.

Verily, la filiale du groupe Alphabet, qui possède Google, crée des montres intelligentes pour suivre votre santé, mais aussi des modèles statistiques pour comprendre les données recueillies. Avec le géant de la réassurance Swiss Re, ils viennent donc de créer une nouvelle société: Coefficient.

"Au fil du temps, nous attendons avec impatience l'intégration dans Coefficient des solutions de santé Verily, y compris les appareils mobiles de santé et les programmes innovants de gestion des soins, afin d'aligner les modèles de paiement sur de meilleurs résultats en matière de santé", annonce dans un communiqué le directeur de Verily Andy Conrad.

Des tarifs adaptés?

Ces données statistiques sont précieuses dans le monde de l’assurance. "Je suppose que différents paramètres de santé seront évalués, tels que les données sur les mouvements, la température du corps ou la fréquence cardiaque", estime Tobias Mettler, professeur de l'Institut des Hautes études en administration publique de Lausanne (IDHEAP), qui étudie l’utilisation des objets connectés dans le monde de l’entreprise.

"Des entreprises comme Garmin ou Fitbit (propriété d’Alphabet depuis fin 2019) ont accès aux données de plusieurs millions d'utilisateurs et peuvent calculer des profils et des moyennes relativement précis. Si une personne présente un écart statistique (négatif) pour son âge, cela pourrait éventuellement influencer la tarification ou entraîner des tests médicaux supplémentaires", constate Tobias Mettler.

Science-fiction

L’assureur évite également les fausses déclarations sur la base de simples questionnaires. "L’assureur a besoin de données pour bien calculer sa prime", explique Eric Henchoz, courtier en assurance chez IBC.

"Recevoir des données en temps réel sur la santé pourrait permettre d’ajuster les primes, peut-être plusieurs fois par année. Aujourd’hui déjà, il y a des produits d’assurance qui évoluent plusieurs fois dans l’année en fonction de données statistiques actualisées. Pour l’instant, on est dans la science-fiction… mais pas tant que cela."

Un rapport d'inégalité

L’implantation dans les entreprises d’objets connectés recueillant des données liées à la santé pose des questions éthiques. Il s’agit dans un premier temps de savoir qui a accès aux données et si elles sont sécurisées, estime Christine Clavien, maître d'enseignement à l’Institut Ethique Histoire Humanités de l’Université de Genève.

Des informations sensibles pourraient éventuellement se retrouver entre les mains, non pas de médecins, mais de managers cherchant à minimiser les coûts. Autre problème, une personne cherchant un travail pourrait être plus encline à accepter de porter une montre connectée qui vérifie son état de santé.

En Suisse, pour l’instant, ce type d’utilisation des données de santé n’est pas envisagé. Mais les expériences menées aux Etats-Unis sont observées attentivement.

Pascal Wassmer

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