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Le manque d'eau va augmenter les inégalités

Une sécheresse généralisée menace la planète
D'ici 2080, 3 milliards de personnes manqueront d'eau
Les experts internationaux du climat sont réunis depuis lundi à Bruxelles. Les pays riches, USA et Australie en tête, ont été rappelés à leurs responsabilités face aux plus pauvres, en 1ère ligne face au réchauffement de la planète.

Ouvrant les travaux du Groupe intergouvernemental d'experts sur
l'évolution du climat (Giec), le Commissaire européen chargé de
l'environnement Stavros Dimas s'en est violemment pris aux USA,
«pollueur numéro un dans le monde», et à l'Australie.



Ces deux puissances industrialisées n'ont pas ratifié l'accord de
Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.



Après avoir rappelé l'engagement européen de réduire de 20% les
émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020, il a appelé les
autres pays développés à en faire autant.

Rapport d'un millier de chercheurs

Les experts du Giec ont entamé lundi une semaine de travaux à
huis-clos sur les impacts du réchauffement de la planète pour les
décennies à venir. Ils présenteront leurs conclusions
vendredi.



Ils doivent négocier les termes de leur «résumé à l'attention des
décideurs» qui synthétise pour les dirigeants et le public en une
vingtaine de pages le rapport élaboré depuis cinq ans par plus d'un
millier de chercheurs.

De 2 à 4°C en plus

Dans son chapitre scientifique, publié début février à Paris, le
Giec s'est accordé sur un réchauffement moyen de la Terre de +1,8 à
+4°C d'ici 2100 (par rapport à la fin du XXe siècle), en fonction
des scénarios de croissance économique et démographique
envisagés.



Selon le projet de document dont l'AFP s'est procurée une copie,
qui sera âprement négocié à Bruxelles du 2 au 5 avril, il est
«probable» (66% de chances) que d'ici 2080, 1,1 à 3,2 milliards de
personnes souffriront du manque d'eau à cause du changement
climatique et 200 à 600 millions de la faim, selon les scénarios
étudiés. Chaque année, 2 à 7 millions d'habitants de plus seront
touchés par les inondations dans les régions côtières.

Afrique très affectée

L'Afrique sera particulièrement affectée, ainsi que les régions
arctiques, où le réchauffement sera d'une amplitude supérieure à
celle observée partout ailleurs.



Or, les moyens d'adaptation sont proportionnels aux ressources
disponibles et font encore cruellement défaut dans les régions qui
seront les plus exposées, souligne le Giec. «Les pays en
développement vont sans doute insister sur ce point à Bruxelles et
faire valoir qu'ils ont besoin d'aide», note un délégué
occidental.



L'augmentation des vagues de chaleur «très probable» (plus de 95%
de chances) dans la plupart des régions du globe et l'extension des
zones affectées par la sécheresse vont faire exploser la demande en
eau, notamment pour l'irrigation.



Si un réchauffement moyen de 2°C peut avoir un impact positif sur
les rendements agricoles des latitudes nord, au delà de 3 degrés,
il devient négatif, selon les études.

Inondations

En dehors de l'Europe, la modification des régimes de
précipitations et l'augmentation des événements extrêmes comme les
cyclones tropicaux affecteront sévèrement les ressources en eau:
pour 2°C supplémentaires, 1 à 2 milliard de personnes vivront en
situation de pénurie aggravée (jusqu'à 3,2 mrds pour +4°C). Un
cinquième de l'humanité sera affecté par les inondations.



Les régions côtières seront aussi les plus menacées par la montée
du niveau des océans (20 à 60 cm d'ici 2100), notamment dans les
grands deltas d'Asie, le Bengladesh en particulier et les petits
Etats insulaires du Pacifique.



ats/ruc/boi

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Une station de ski sur trois supprimée

L'eau sera plus abondante au Nord (65% de chances), mais l'enneigement printanier se réduira d'une surface équivalente à 3 ou 4 fois la surface de la France.

Les Alpes, qui se réchauffent déjà plus vite que le reste de l'Europe de l'ouest, perdront un tiers de leurs stations de ski avec une hausse globale de 2°C et les deux-tiers au-delà des +4°C.

Le réchauffement des océans provoquera (66% de risques) un «déclin majeur» des coraux dû au blanchissement avec 2 degrés de plus, et leur mort au-delà.

Au total 20 à 30% des espèces vivantes seront menacées d'extinction si la température augmente de 1,5 à 2,5°C, selon le rapport.

L'adaptation, égoïste solution

Les scientifiques se défendent de céder à l'alarmisme, mais alertent sur les difficultés d'adaptation des plus vulnérables.

«On peut s'adapter aux vagues de chaleur, surtout dans l'hémisphère nord, mais l'idée est très égoïste», souligne Jean Jouzel, membre du bureau du Giec.