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Les glaces du Groenland fondent bel et bien

La météo de janvier renforce les craintes de réchauffement climatique
La pérennité du Groenland remise en question par une étude.
Les scientifiques n'écartent plus la perspective d'une fonte à grande vitesse des glaces du Groenland. Celle-ci entraînerait alors une montée des eaux qui submergerait une partie des régions littorales du globe.

Dans une étude publiée dimanche en ligne sur le site de la revue
Nature Geoscience, une équipe américaine rapporte qu'à l'ère
glaciaire, la grande banquise des Laurentides, qui recouvrait alors
la majeure partie du continent nord-américain, avait fondu beaucoup
plus rapidement qu'imaginé, déversant des milliards de tonnes d'eau
dans les océans.

La fonte des glaciers, pas si lente

Cette découverte soulève de graves interrogations sur la
pérennité future du Groenland, puisque la fonte des Laurentides
avait été provoquée par une hausse des températures qui pourrait
bien se reproduire d'ici la fin du siècle, expliquent ces
chercheurs.



"La fonte des glaciers était toujours apparue comme un processus
extrêmement lent. Mais ces nouvelles preuves surgies du passé,
couplées avec les modèles climatiques, nous montrent qu'il est tout
sauf lent!", rapporte la climatologue Allegra LeGrande de la New
York Columbia University.



"Par le passé, les banquises se sont montrées très réactives aux
changements climatiques, laissant entendre qu'il pourrait en aller
de même à l'avenir", ajoute-t-elle.

Le GIEC ne donne pas de chiffre

Dans son 4e rapport publié en 2007, le Groupe
intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC:
expertise croisée multinationale mandatée par l'ONU, Prix Nobel de
la Paix 2007 et qui a fêté dimanche ses 20 ans à Genève ), a renoncé à chiffrer la hausse
possible du niveau des océans au 21e siècle du fait des inconnues
pesant sur l'évolution du Groenland et sur l'Antarctique, les deux
principales réserves de glaces du globe.



Selon les estimations, une fonte totale du Groenland provoquerait
une élévation de la mer de sept mètres. Pour les spécialistes des
sciences de la Terre, Mark Siddall et Michael Kaplan, ces nouveaux
travaux "laissent penser qu'une fonte du Groenland de l'ordre d'un
mètre par siècle ne peut plus être écartée".



afp/mej

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Une remontée de 20'000 ans dans le passé

Pour explorer le passé, Anders Carlson de l'Université du Wisconsin a fouillé avec son équipe les sédiments laissés par la banquise des Laurentides: à son apogée il y a environ 20'000 ans, cette couche de glace atteignait trois km d'épaisseur et s'étendait du sud de New York jusqu'à l'actuel Ohio.

Jusqu'à une vague de réchauffement, semble-t-il causée par une légère déviation de l'axe de rotation de la Terre qui a davantage exposé la Terre aux rayonnements solaires.

L'équipe du Professeur Carlson a recherché des marqueurs radioactifs laissés par les déchets organiques dans les sédiments afin d'établir le rythme et la cartographie de la fonte, puis d'en comparer les données avec les niveaux historiques des océans relevés sur les coraux.

Selon ces observations, la banquise a fondu en deux phases très rapides: la première il y a 9000 ans a provoqué une hausse du niveau des océans de sept mètres - à raison de 1,3 cm par an.

La seconde, il y a 7500 ans a rajouté cinq mètres d'élévation (0,4 cm par an). Par comparaison, le niveau des mers augmente aujourd'hui de 3,3 mm chaque année.

Les scientifiques font valoir que le Groenland est une île baignée par des eaux froides et que sa géologie n'est pas celle de l'Amérique du nord: par conséquent l'expérience des Laurentides ne devrait pas se rééditer exactement dans les mêmes termes.

Cependant, les projections les plus élevées du GIEC pour la fin du siècle sont conformes aux données connues qui ont provoqué la disparition de la banquise aux Laurentides, soulignent-ils.