Modifié

L’Etat de Vaud aurait dû mieux soutenir une enseignante visée par des tags insultants

Une enseignante vaudoise victime de sexisme n'a pas été suffisamment soutenue par l'Etat, reconnaissent les Prud’hommes (vidéo)
Une enseignante vaudoise victime de sexisme n'a pas été suffisamment soutenue par l'Etat, reconnaissent les Prud’hommes (vidéo) / Forum / 2 min. / le 29 février 2024
L'Etat de Vaud aurait dû mieux soutenir une enseignante visée par des graffitis insultants. Le tribunal des prud'hommes a en partie désavoué le canton dans un jugement communiqué jeudi.

La plaignante estimait ne pas avoir été assez soutenue par sa direction au moment des faits en 2019. L'affaire s'était ensuite enlisée, avant de finir en justice.

Le tribunal des prud'hommes vaudois donne raison à cette enseignante sur ses principales revendications. Selon les juges, le manque de soutien de la part de l'établissement, et donc de l'Etat, a porté atteinte aux droits de la personnalité de l'institutrice.

Toujours d'après la cour, l'absence de réaction et de condamnation de la direction de l'école à la suite de ces tags a aussi potentiellement constitué une discrimination.

Sentiment d'abandon

Pour rappel, les tags avaient mis plusieurs jours à être effacés, car situés sur une parcelle communale à proximité de l'établissement et non dans le périmètre même de l'école. Le nom de l'enseignante, accompagné d'insultes et de dessins obscènes, était inscrit sur un axe emprunté plusieurs fois par jour par les élèves.

L'enseignante reprochait par ailleurs à la direction de ne pas avoir condamné publiquement ces tags. Elle s'est sentie abandonnée, humiliée, méprisée même. Elle avait dénoncé cette passivité de la direction auprès de ses collègues, avant d'être menacée de renvoi.

Atteinte dans sa santé, l'enseignante avait finalement changé de collège et fait un séjour en clinique. Aujourd'hui, elle a pu reprendre son activité.

Contactée jeudi après-midi, l'enseignante a fait part à la RTS de son immense soulagement et de sa grande satisfaction. Selon elle, ce jugement ouvre une brèche. Il rappelle aussi à l'Etat que ses enseignants, et notamment les femmes, doivent être soutenus et protégés contre toute forme de discrimination et de sexisme, au même titre que les élèves et leurs parents.

Le syndicat satisfait

La satisfaction est aussi de mise au sein du Syndicat vaudois de l'enseignement secondaire, qui a soutenu l'enseignante durant la procédure aux prud'hommes. Pour son président Gilles Pierrehumbert, le jugement révèle que la protection de la personnalité des enseignants va plus loin que ce que l'Etat voulait bien prétendre. Il s'agit à ses yeux d'un bon signal pour les milieux dans lesquels les employés sont exposés, dans l'enseignement par exemple.

Contacté par la RTS, le Département de la formation de Frédéric Borloz, qui englobe la Direction générale de l'enseignement obligatoire, ne s'exprime pas, pour l'heure, sur cette affaire. Il veut attendre de connaître les motivations du jugement. Une fois celles-ci connues, une analyse sera menée sur les suites à donner ou non à ce dossier. Un recours reste ainsi toujours possible.

Robin Baudraz/ami

Publié Modifié