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Des bactéries mangeuses de dioxine pour assainir les sols pollués de Lausanne

Pour lutter contre la pollution à la dioxine un laboratoire vaudois cultive des bactéries qui se nourrissent de cette substance.
Pour lutter contre la pollution à la dioxine, un laboratoire vaudois cultive des bactéries qui se nourrissent de cette substance. / 12h45 / 2 min. / le 3 avril 2024
Lausanne fait face à une pollution à la dioxine d’une ampleur inédite, plus d’un million de mètres carrés de terre sont contaminés. Afin d’assainir les sols pollués, la Ville et le Canton cherchent des solutions. L’espoir pourrait venir d’un laboratoire vaudois, spécialisé en bioremédiation. Une technologie qui permet de décontaminer des milieux pollués grâce à des organismes vivants.

"Vous pouvez les voir ici, ce sont des organismes qui ont une taille d'une dizaine de micromètres, voire moins, donc très petits", explique Davide Staedler, directeur du laboratoire Tibio à Chavornay (VD), mercredi dans le 12h45.

Dans ce laboratoire, les scientifiques cultivent les bactéries mangeuses de dioxine dans des fioles. Les plus gloutonnes sont sélectionnées et multipliées. Ces supers spécimens pourraient servir à dépolluer les 4000 parcelles contaminées à la dioxine à Lausanne et ses environs.

"Une innovation"

"Il y a beaucoup d'espoir parce que ça permettrait de préserver la ressource en sol", anticipe Isabelle Proulx, responsable du groupe compétence dioxine pour le Service de l'environnement du canton de Vaud. "Mais c’est une méthode qui est au stade de la recherche, ça n'a jamais été fait ailleurs dans le monde à ma connaissance. La Bioremédiation ça existe, mais pour d’autres polluants. Pour le problème de la dioxine, on est dans l’innovation."

Ce projet pilote, financé par le canton de Vaud, semble prometteur: en un mois, les bactéries sont capables de diviser la quantité de dioxine par deux. Mais rien ne dit que cela fonctionnera en milieu naturel, avertit le directeur du laboratoire.

"On sait que la dioxine est un polluant très résistant, très difficile à dégrader parce que dispersée dans les sols. Donc pour la bactérie, ce n'est pas évident de la trouver et de la dégrader."

Premier test en 2025

Un autre paramètre est à prendre en compte, selon Davide Staedler "Ces bactéries se nourrissent pour avoir de l'énergie, alors si elles trouvent autre chose de plus intéressant, elles vont ignorer la dioxine. Le grand défi est de convaincre les bactéries qu’on a en laboratoire de pouvoir dégrader la dioxine une fois qu’elles seront dans le sol", précise-t-il.

En 2025, une première parcelle servira de test grandeur nature. Si l’expérience est concluante, les mangeuses de dioxine seront dispersées à large échelle sur les sols contaminés.

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Sujet tv: Cécile Durring

Adaptation web: juma

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