C'est Sophie Mercier, une bourgeoise de Lausanne, qui a créé cette crèche. Elle était mariée à l'entrepreneur Adrien Mercier, de la célèbre famille lausannoise des Mercier. Adrien exploitait une tannerie sur les berges du Flon.
La légende raconte que, depuis la fenêtre de sa maison, Sophie Mercier regardait les enfants du quartier du Rôtillon qui ne faisaient rien, zonaient et attendaient que leurs parents finissent le travail. Ce spectacle l'a bousculée.
Elle a ensuite vendu ses chevaux et sa calèche pour financer ce qui est devenu la première garderie de Suisse romande. "Elle décide de s'occuper de ces enfants, de les prendre en main, d'ouvrir une structure et, avec des amis de la bonne société lausannoise, elle ouvre une première garderie dans le quartier du Grand Saint-Jean à Lausanne", a raconté Patrice Galland, dont la fondation a pris la relève de cette première crèche.
Un projet largement soutenu
L'initiative de Sophie Mercier "a été magnifiquement soutenue sur le fond", selon Patrice Galland. "Nous avons retrouvé des coupures de presse qui l'embellissaient. Cette garderie a même été décrétée personne morale le 10 mai 1881 par le Grand Conseil vaudois [...]. C'est une démarche qui est saluée par les autorités."
"Elle avait pour objectif d'accueillir des enfants sans distinction de nationalité et sans distinction de religion, ce qui était extraordinaire pour l'époque", a encore décrit Patrice Galland.
Au début, la fondation vit et survit grâce aux dons. "La journée d'un enfant coûtait 10 centimes - pour les parents qui pouvaient payer -, et tout le reste était amené par des donations ou par des bénévoles qui venaient donner un coup de main et s'occuper de ces enfants laissés à l'abandon."
Sans subvention jusqu'en 1989
Ces crèches ne font pas florès très rapidement. La fondation reste d'ailleurs sans subvention publique jusqu'en 1989. "Avant 1989, elle ne vivait que de dons de familles et de quelques subsides, entre 1000 et 3000 francs de la Ville de Lausanne."
Comme l'explique Patrice Galland, "c'était surtout des bienfaiteurs, des bénévoles qui s'occupaient des enfants". Il y avait un comité qui s'occupait des enfants. Il était composé de seize femmes et maximum de huit hommes.
En 1989, la fondation obtient enfin des subventions de la Municipalité de Lausanne. "Mais en contrepartie, la Ville impose des exigences de formation des éducatrices qui sortent de l'école sociale et pédagogique - l'école Pahud à l'époque - et impose évidemment des salaires, des horaires et un fonctionnement", a précisé Patrice Galland. "Un fonctionnement dont on est habitué aujourd'hui et qui fonctionne très bien", a-t-il conclu.
Propos recueillis par Thibaut Schaller
Adaptation web: Julien Furrer