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Un spectacle jugé "inapproprié" dans la cathédrale de Lausanne fait polémique

Un spectacle jugé "inapproprié" dans la cathédrale de Lausanne fait polémique: interview de Michel Kocher
Un spectacle jugé "inapproprié" dans la cathédrale de Lausanne fait polémique: interview de Michel Kocher / Forum / 4 min. / le 17 juillet 2023
Le 8 juillet dernier, lors du Festival de la Cité à Lausanne, la prestation de la chorale féministe "Hot Bodies" dans l'enceinte de la cathédrale a choqué une partie du public. Cet épisode soulève une question importante: que peut-on s'autoriser dans l'enceinte d'une église?

Le mot "sacrilège" s'est invité dans la discussion sur les réseaux sociaux, où l'affaire a fait beaucoup de bruit.

"Ce qui touche au domaine religieux, c'est très sensible, parce que ça touche à l'affectif et à des convictions profondes", explique Michel Kocher, théologien protestant et journaliste à RTSreligion, dans l'émission Forum.

"Et quand on estime que la cathédrale est un espace essentiellement religieux, évidemment, ça a quelque chose de choquant, voire de scandaleux de l'utiliser pour autre chose que ce qu'ils estiment être le sacré, pour lequel le bâtiment est fait", poursuit-il.

Selon Michel Kocher, il faut toutefois nuancer. "Dans la tradition protestante, aucun bâtiment n'est sacré", explique-t-il. "Ce qui est sacré, ce sont les gens qui viennent et ce qu'ils y font", poursuit-il.

Cela signifie, selon le théologien, qu'on peut y pratiquer d'autres activités, "tout en respectant une certaine sensibilité, puisque ce sont des lieux où on prie et on lit la Bible".

Michel Kocher estime donc que la chorale aurait tout à fait pu parler d'amour, "y compris de l'amour sensuel" dans la cathédrale, mais qu'en l'occurrence, "ils n'ont pas réussi à faire passer le message".

Plus de vigilance

Jeudi, dans une interview accordée au Blick romand, la présidente du gouvernement vaudois Christelle Luisier avait jugé "inapproprié" ce spectacle.

Le règlement d'utilisation de la cathédrale précise que les spectacles qui s'y déroulent doivent être en harmonie avec l'esprit du lieu. Ils ne doivent être ni politiques, ni polémiques, avait rappelé la conseillère d'Etat.

Elle avait relevé que la Commission d'utilisation de la cathédrale ne délivrera désormais des autorisations au festival que sur la base "d'informations exhaustives" quant aux performances envisagées.

"Manifestement, là, la Commission s'est fait un tout petit peu avoir", affirme Michel Kocher. Il estime que personne ne considère l'exercice comme réussi, qu'il s'agisse de l'Eglise, des croyants ou même "ceux qui sont très attachés à la culture", comme Christelle Luisier.

"Pour les prochaines éditions, nous ferons preuve de plus de vigilance", a assuré la conseillère d'Etat.

Meilleure gouvernance

Le Conseil synodal de l'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) a également regretté l'utilisation de la cathédrale de Lausanne pour le spectacle controversé.

L'EERV est garante des célébrations, mais c'est une commission mixte, désignée et présidée par l'Etat de Vaud, qui décide dans le cas des spectacles, rappelle le Conseil synodal vendredi dans son communiqué.

Il dit ainsi regretter "que les processus mis en place et réglementaires n'aient pas permis une analyse plus documentée de la proposition culturelle" faite par le Festival de la Cité.

Selon le Conseil synodal, il va falloir "revoir la gouvernance en pareille matière pour que, selon l'expression, l'esprit du lieu puisse être respecté". Il ajoute qu'une dimension culturelle doit pouvoir continuer à vivre au sein de la cathédrale, à côté des cultes.

>> Voir aussi le grand débat de Forum :

Le grand débat - Art dans les églises: peut-on tout dire?
Le grand débat - Art dans les églises: peut-on tout dire? / Forum / 19 min. / le 21 juillet 2023

Pétition en ligne

La polémique est née après que Raphaël Pomey, le rédacteur en chef du "Peuple", un mensuel romand conservateur, a dénoncé la vulgarité des propos tenus dans la cathédrale. Il a lancé une pétition en ligne qui a rapidement recueilli plusieurs milliers de signatures.

Outre d'être explicitement crus, - un des titres projetés dans l'église s'appelait "Ejaculate" - les textes s'en prenaient aussi à certains groupes, comme les policiers.

"Le message porté n'était pas tolérant. Les textes étaient clairement malveillants à l'égard de la police, notamment", a regretté Christelle Luisier.

edel avec ats

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