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Des offres illicites de logements à Lausanne sur Airbnb au prix exorbitant

Airbnb : à Lausanne le ton monte face aux abus
Airbnb : à Lausanne le ton monte face aux abus / 19h30 / 3 min. / le 13 avril 2023
Les locations de courte durée se multiplient à Lausanne, ce qui aggrave la pénurie de logements. Pour y faire face, le canton de Vaud a limité depuis l'année dernière la durée de location, mais la mesure peine à être respectée.

Les offres de logement pour des séjours à Lausanne sont nombreuses sur Airbnb. Il est même possible de réserver un appartement entier pour plus de trois mois. Cette pratique est pourtant interdite par le canton de Vaud depuis l’an dernier, mais encore largement pratiquée.

Benoît Gaillard, élu socialiste au Conseil communal de Lausanne, explique dans le 19h30 les nombreux problèmes que cette pratique soulève.

"Premièrement, ça soustrait des appartements du marché locatif, c’est-à-dire que ça aggrave la crise du logement. Et deuxièmement, c’est illégal, parce qu'en réalité, dès qu’on loue sur Airbnb pour plus de 90 jours par année, on est censé obtenir une autorisation auprès des autorités cantonales."

Prix tirés vers le haut

Parmi les offres disponibles sur la commune, près de 66% sont des logements entiers. 42% d’entre eux sont le fait de loueurs proposant plusieurs locations. Les prix proposés sont très souvent exorbitants.

"Ça tire l’ensemble des prix vers le haut. Ça contribue à établir une norme que pour un appartement à Lausanne, il est normal de payer 5500 francs par mois pour trois chambres. C’est quand même énorme", regrette Benoît Gaillard.

Arrondir ses fins de mois

Ce business est à peine dissimulé, mais rarement assumé. Sur la trentaine de loueurs contactés par la RTS, un seul, Anthony, a accepté de se prêter au jeu de l'interview.

Le jeune homme explique ne pas vivre dans l’appartement qu'il loue sur Airbnb. "L’avantage d’Airbnb, c’est que les gens paient avant de réserver, et on reçoit l’argent 48 heures après l’entrée dans les lieux des voyageurs", explique-t-il.

Quelques mois, on va se faire un petit bénéfice et on va se faire un petit restaurant avec ma compagne, mais on ne vit pas grâce à Airbnb

Anthony, loueur d'appartement sur Airbnb

Réservé près de 200 jours par an, son logement lui rapporte entre 2000 et 3000 francs par mois, pour 1600 francs de charges. Ce bénéfice n'est pas suffisant pour lui permettre d’en vivre, mais il arrondit ses fins de mois.

"Quelques mois, on va se faire un petit bénéfice et on va se faire un petit restaurant avec ma compagne, mais on ne vit pas grâce à Airbnb. On travaille chacun de notre côté et principalement ça paie les charges de l’appartement."

Anthony dit ne pas avoir été informé des règles cantonales, notamment concernant la durée de location.

Peu de contrôles

Ces règles demeurent floues et mal relayées par la plateforme. La Ville de Lausanne peine à les faire respecter: pour l’heure, seuls les contrôles concernant la taxe de séjour ont été renforcés.

"En fonction des montants que l'on va encaisser sur la base de la taxation de séjour communale, on verra l’ampleur des contrôles à faire, puisque chaque loueur doit s’annoncer à sa commune", précise Pierre-Antoine Hildbrand, conseiller municipal à la Ville de Lausanne.

Parmi les projets, la Ville souhaite mettre en place des locations tests pour débusquer les fraudeurs. En cas de manquement, les amendes peuvent aller de 20'000 francs à 50'000 francs en cas de récidive.

Claire Eckersley/asch

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