La Fondation Urgences Santé au bord de l'implosion après des démissions

La crise qui touche l'organisation s'est aussi invitée sur le terrain politique. La droite vaudoise y voit la preuve de profonds dysfonctionnements et appelle le Conseil d'Etat à réagir afin de garantir le bon fonctionnement de la centrale et pour protéger le personnel.

"Il faut faire quelque chose. C'est une association indispensable pour la santé et la sécurité de la population vaudoise. Ce n'est pas possible qu'il y ait de tels déficits et que le Conseil d'Etat ne fasse rien. Il faut rappeler que c'est une fondation privée avec un mandat public", explique Valérie Dittli, présidente du Centre vaudois, dans le 12h30.

La Fondation Urgences Santé gère les appels au numéro 144 pour les cantons de Vaud et de Neuchâtel. Mais elle s'occupe également de la centrale téléphonique des médecins de garde. La situation actuelle peut donc mettre en danger les personnes qui appelleraient pour une urgence.

Le syndicat SSP qui représente les employés de la Fondation demande notamment que cette dernière passe entièrement en mains publiques. Autrement dit, il demande que le numéro 144 et la centrale des médecins soient reconnus comme un service de l'Etat, tout comme les pompiers ou la police.

Problèmes de gestion dénoncés

La crise a débuté par des plaintes d'employés. Depuis des mois, ils dénoncent des problèmes de gestion et de manque de personnel. Trois démissions ont déjà été recensées depuis fin décembre, dont le départ mardi du chef du 144. Il jette l'éponge après avoir tenté de redresser la situation.

En novembre dernier, deux audits ont été lancés. Un par le canton et l'autre par le conseil de fondation. Les résultats ne sont pas encore connus, mais selon plusieurs personnes concernées, la situation n'a pas cessé de s'envenimer entre-temps. Ces sources parlent de maltraitance, ou de collaborateurs qui sortent en pleurs de réunions.

Réaction du Conseil d'Etat

Mercredi, le Conseil d'Etat a finalement décidé d'intervenir en mandatant un haut fonctionnaire pour établir un premier diagnostic. C'est Denis Froidevaux, chef de l'Etat-major cantonal de conduite (EMCC) qui sera en charge de cette tâche. Dans un communiqué, le gouvernement précise que sa mission sera de stabiliser et d'assurer le bon fonctionnement de la FUS ainsi que de restaurer un climat de travail apaisé.

Les autorités vaudoises tiennent également à souligner qu'à "aucun moment les prestations délivrées par la FUS à la population en matière d'urgence et de santé publique n'ont été touchées par ces dysfonctionnements managériaux. Sur le plan opérationnel, la réponse aux besoins de la population est et continuera d'être assurée".

"La gouvernance doit être revue"

Invitée de Forum mercredi soir, la ministre vaudoise de la santé Rebecca Ruiz est consciente que la gouvernance de l'institution doit être revue.

"On est aujourd'hui face à une Fondation privée qui assume des tâches de santé publique. Si une personne a besoin d'une ambulance ou d'un soutien sanitaire, elle doit pouvoir recevoir une réponse. Jusqu'à maintenant cette réponse est assurée, mais évidemment que si le climat de travail ou si la gouvernance d'une institution de ce type n'est plus optimale, le tout doit être revu", insiste-t-elle. "Mais un diagnostic doit être posé."

D'où l'importance des deux audits dont les résultats sont attendus prochainement. "Et puis on a maintenant cette action coup de poing mandaté par le Conseil d'Etat et confié à Denis Froidevaux et qui nous permettra d'y voir plus clair."

>> Ecouter l'interview complète de Rebecca Ruiz dans Forum :

Keystone - Jean-Christophe Bott

Malika Scialom/jfe/fgn avec ats