Avant le drame de Tête Blanche, l'appel au secours des six randonneurs 

Des secouristes au téléphone devant plusieurs écrans d’ordinateur et des cartes géographiques sur tous les murs, la petite salle du 144 à Sierre est comme une ruche. La seule différence: il n’y a pas un bruit plus fort que l’autre. Tout est serein, précis et mesuré.

Des secouristes sont présents dans cette salle en permanence pour répondre aux appels de détresse. Ces hommes et ces femmes sont des régulateurs. Ils travaillent pour l’Organisation cantonale valaisanne des secours (OCVS). Lors de chaque appel de détresse, ils doivent évaluer le degré d’urgence, aider les personnes à distance et déclencher les secours.

Une première alerte donnée à 16h03

Lors du drame de Tête Blanche entre le 9 et le 10 mars, les équipes du 144 ont reçu un premier appel le samedi à 16h03. La sœur d’une des six personnes disparues s’inquiétait de ne pas les voir rentrer. Les randonneurs sont partis à ski de Zermatt et devaient rejoindre Arolla. Ce jour-là, la météo s’est dégradée avec un fort vent de foehn en haute montagne.

"La sœur les suivait grâce à une application de partage de position sur téléphone. Elle ne les voyait plus évoluer sur un traqueur GPS, alors qu’ils devaient finir leur randonnée dans l’après-midi à Arolla", explique Alexandre Briguet, chef du service opérationnel de l'OCVS, dans l'émission Mise au point de la RTS.

Immédiatement, les secouristes ont essayé de contacter les six membres du groupe. Aucun téléphone ne répond. A 17h19, le contact peut enfin être établi entre les secours et les disparus. C’est Emilie, la jeune femme du groupe de randonneurs qui arrive à joindre le 144.

Contact avec les randonneurs à 17h19

Alexandre Briguet décrit la conversation: "la voix était calme, il n’y avait pas de grand stress. La personne nous a expliqué la situation. Ils étaient bloqués dans la tempête". Les secouristes au téléphone posent quelques questions pour évaluer les conditions météorologiques sur place. "On a demandé s’il y avait beaucoup de vent. La jeune femme (Emilie) a demandé à un de ses compagnons de cordée, puis nous a répondu".

Lors de la discussion, tous les membres du groupe sont ensemble. "Elle nous a indiqué qu’un des membres du groupe n’était pas bien, qu’il ne pouvait pas avancer", ajoute-t-il. Les six randonneurs ont pris la décision de rester tous ensemble, solidaires.

Les secouristes ont eu le temps de leur donner quelques conseils pour se protéger du froid, notamment de creuser un abri. Les six randonneurs ont indiqué disposer de couvertures de survie et de pelles pliables, le matériel usuel pour une sortie de randonnée à ski d’une journée.

La liaison téléphonique interrompue

Après seulement quelques minutes, la conversation s’est interrompue brusquement. La ligne a été coupée, probablement à cause de la tempête. La centrale du 144 n’a jamais pu reprendre contact. La suite est malheureusement connue. Malgré tous les efforts des secours, le mauvais temps a bloqué toutes les missions de sauvetage durant plus de 24 heures.

Les secours sont arrivés trop tard pour les aider. Cinq corps ont été retrouvés. Emilie est toujours portée disparue. Dans le faire-part des victimes, il est écrit qu’ils se sont endormis ensemble pour leur voyage vers l'éternité, en pratiquant leur passion.

François Ruchti