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Décès de Bruno Bagnoud, cofondateur d’Air-Glaciers et précurseur du sauvetage en montagne

Avec la mort de Bruno Bagnoud, c’est un des derniers pionniers du sauvetage en montagne qui disparaît. Son héritage perdurera
Avec la mort de Bruno Bagnoud, c’est un des derniers pionniers du sauvetage en montagne qui disparaît. Son héritage perdurera / 19h30 / 2 min. / le 10 octobre 2022
Bruno Bagnoud s'est éteint dans la nuit de dimanche à lundi à l'âge de 87 ans, a indiqué la compagnie aérienne Air-Glaciers, que le Valaisan avait cofondé en 1965 et dirigée jusqu'en 2020.

Bruno Bagnoud avait choisi son 85e anniversaire pour faire ses aurevoirs à Air-Glaciers. Une société de sauvetage qu'il avait fondée 55 ans auparavant avec les pilotes Hermann Geiger et Fernand Martignoni.

A cette époque, les trois Valaisans ont le sauvetage aérien dans la peau et trouvent notamment les moyens de financer le premier hélicoptère de type Alouette III d'Air-Glaciers.

>> Revoir l'interview de Bruno Bagnoud sur le sauvetage en montagne dans le 12h45 en 2017 :

Le feuilleton du 12:45 - La maison du sauvetage en Valais: rencontre Bruno Bagnoud, directeur d'Air-Glaciers
Le feuilleton du 12:45 - La maison du sauvetage en Valais: rencontre Bruno Bagnoud, directeur d'Air-Glaciers / 12h45 / 3 min. / le 2 mars 2007

Mais l'aventure tourne court pour l'un des fondateurs: Hermann Geiger, surnommé le pilote des glaciers, décède en 1966 dans le crash de son avion entré en collision avec un planeur.

Les drames et les deuils n'épargneront pas Bruno Bagnoud et sa compagnie: en 1982, c'est au tour de Fernand Martignoni de trouver la mort aux commandes de son hélicoptère, après avoir heurté le câble mal balisé d'un téléphérique privé près des Diablerets (VD).

La douloureuse perte d'un fils

Mais ce qui marque au fer rouge le patron d'Air-Glaciers, c'est la mort de son fils François-Xavier. Le jeune homme était revenu en Valais en 1981 pour seconder son père à la tête de la compagnie aérienne, avec en poche un diplôme d'ingénieur en aéronautique décroché aux Etats-Unis.

A 23 ans, il devient le plus jeune pilote professionnel IFR d'avion et d'hélicoptère d'Europe. Mais le 14 janvier 1986, à l'âge de 24 ans et avec 1200 heures de vol à son actif, François-Xavier périt dans un accident d'hélicoptère lors du rallye Paris-Dakar, aux côtés notamment de Thierry Sabine, organisateur du rallye, et du chanteur français Daniel Balavoine.

Les circonstances de l'accident, qui a fait cinq morts, sont controversées. Trois ans après le décès de leur fils, Bruno Bagnoud et Albina du Boisrouvray créent la fondation François-Xavier Bagnoud. Elle perpétue sa mémoire en finançant des activités qui lui étaient particulièrement proches.

>> Lire aussi : Rayonnante, l'association François-Xavier Bagnoud fête ses 25 ans

Un rapport "très clair" à la mort

En 2006, vingt ans après la disparition de son fils, Bruno Bagnoud avouait lui parler tous les jours. "Avant de prendre une décision je le consulte, je me demande ce qu'il aurait fait à ma place (...)", confiait-il dans un entretien au Nouvelliste.

Il indiquait avoir "un rapport très clair avec la mort": "Je pense qu'on a tous une heure pour mourir. Ma foi et ce que je vis dans le sauvetage me le confirment tous les jours".

En 2020, Bruno Bagnoud tourne une page et sa société en quelque sorte aussi en annonçant vouloir travailler plus étroitement avec son concurrent Air Zermatt. Les deux entreprises valaisannes souhaitent utiliser les synergies, tout en gardant leurs identités et directeurs.

ats/cab

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