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En Valais, l'archéologie de haute altitude, un défi logistique et humain

En Valais, l’archéologie de haute altitude représente un défi logistique et humain.
En Valais, l’archéologie de haute altitude représente un défi logistique et humain. / Couleurs locales / 2 min. / le 23 septembre 2021
Accéder aux vestiges archéologiques n'est pas toujours de tout repos. En Valais, certains sites de haute altitude ne sont pas faciles d'accès et le confort durant la période de fouille est rudimentaire comme à Tounô, dans le Val d'Anniviers, sur un site perché à plus de 2500 mètres d'altitude.

Accéder aux fouilles archéologiques de Tounô, au-dessus de Saint-Luc, en Valais, se mérite. Des étudiants de l'Université de Lausanne (UNIL), ainsi que des archéologues s'y sont pourtant installés pour deux semaines.

"Nous sommes à 2800 mètres d'altitude. Ce site date certainement du Ier siècle av. J.-C., en -50 et -20, et est lié à une opération militaire qui visait à prendre le Val d'Aoste et certainement la vallée du Rhône", décrit Tristan Allegro, étudiant en archéologie à l'UNIL, jeudi dans Couleurs locales.

Peu d'érosion

Pour en savoir plus et dater précisément ce site archéologique, il faudra redescendre sur son dos la terre prélevée.

"Cet environnement est beaucoup plus marqué par l'érosion que par la sédimentation. Il y a donc peu de dépôt", explique Romain Andenmatten, responsable du groupe scientifique Ramha (Recherches archéologiques du mur (dit) d'Hannibal).

Avant d'ajouter: "C'est toujours perturbant de se rendre compte qu'en enlevant cinq centimètres de mousse, nous nous retrouvons parfois directement à l'époque romaine, voire à des périodes beaucoup plus anciennes."

Fouiller le charbon

Sur le site de Tounô, les étudiants ont déjà identifié une "cabane" où il y a une zone pour le foyer "avec beaucoup de charbon". Ils vont donc le tamiser pour retrouver les fragments de graines, les petits morceaux d'os calcinés et éventuellement des céramiques.

Une pièce de monnaie laténienne (vers 475 av. J.-C.), qui pourrait être une "petite valaisanne", a également été identifiée. "Ils nous ont laissé très peu de choses", souligne Romain Andenmatten. "Mais c'est aussi assez logique. Quand on se rendait sur de tels sites, on prenait relativement peu de matériel et on essayait de ne pas le perdre. Il y a peut-être quelques pertes et des objets cassés qui pouvaient être laissés derrière eux, mais relativement peu."

Une vingtaine de sites en Valais

En Valais, une vingtaine de sites de haute altitude sont actuellement fouillés. S'ils ne sont pas tous datés, ils sont pour la plupart situés près de voies de passage et jouissent d'un excellent point de vue. Mais y accéder reste compliqué et représente un défi.

"La logistique n'est pas facile à mettre en place, parce que nous devons avoir pour deux semaines de nourriture", note Tristan Allegro. "Nous devons trouver de l'eau: nous allons donc au lac qui se trouve juste en dessous. Il fait relativement froid la nuit, mais si nous sommes bien équipés, si nous sommes motivés, ce n'est que du plaisir."

Et Romain Andenmatten de compléter: "C'est aussi intéressant d'expérimenter cette logistique, parce que cela nous permet de 'vivre' les sites. Nous réfléchissons ainsi sur ceux qui nous ont précédés sur ces positions où la vie devait être dure."

Cédric Jordan/vajo

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