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Deux accusés absents dans le procès de la famille Hinduja pour traite d'êtres humains

Le procès de quatre membres de la richissime famille indienne Hinduja a redémarré lundi à Genève, après des semaines d'interruption
Le procès de quatre membres de la richissime famille indienne Hinduja a redémarré lundi à Genève, après des semaines d'interruption / 19h30 / 2 min. / le 10 juin 2024
Le procès de quatre membres de la richissime famille indienne Hinduja a redémarré lundi à Genève, après des semaines d'interruption. Seuls deux des quatre prévenus accusés d'avoir exploité du personnel de maison dans leur propriété de Cologny ont répondu présents.

Seuls deux prévenus ont répondu à la convocation du Tribunal correctionnel de Genève. Le patriarche Prakash Hinduja (78 ans) et son épouse Kamal (75 ans) ne se sont pas présentés à l'audience, contrairement à leur fils Ajay (56 ans) et à leur belle-fille Namrata (50 ans), qui ont décidé de faire face à leurs juges.

>> Relire les détails du dossier pénal : A Genève, une famille de milliardaires accusée de payer ses employés au lance-pierre

Le procès est entré dans le vif du sujet lundi après-midi, avec l'interrogatoire sur les faits d'Ajay Hinduja. Ce dernier a déclaré n'avoir pas participé au recrutement de personnes en Inde ni aux démarches pour les faire venir à Genève. Selon lui, ces tâches incombaient "aux ressources humaines à Bombay".

Le prévenu a expliqué que deux ou trois employés indiens tout au plus travaillaient dans la villa de Cologny. Les jardiniers, les chauffeurs, les femmes de ménage étaient des "locaux" qui n'habitaient pas sur place. Le personnel indien s'occupait de la cuisine et des enfants pour des raisons culturelles et de langue.

"Il y a des mensonges dans ce dossier", a dénoncé Ajay Hinduja. Les parties plaignantes "ont dit des choses qui n'ont pas de sens". Des personnes qui ont raconté à la justice avoir été exploitées ont demandé à être réengagées par la famille Hinduja, a-t-il par exemple relevé.

Employés payés "au lance-pierre"

Selon le premier procureur Yves Bertossa, les employés indiens de la villa de Cologny étaient payés "au lance-pierre". L'acte d'accusation mentionne des journées de travail de 18 heures, 7 jours sur 7. Ces employés de maison étaient logés au sous-sol dans une chambre avec des lits superposés ou dans un abri antiatomique.

Répondant à une question du procureur, Ajay Hinduja a assuré n'être jamais descendu dans cet abri antiatomique pour voir où le personnel dormait. "J'étais ignorant, je le regrette, mais j'étais trop impliqué professionnellement", a-t-il dit.

Le prévenu a aussi précisé que le personnel de maison indien, contrairement à ce que prétend l'accusation, pouvait sortir du périmètre de la maison de Cologny s'il le souhaitait. La seule règle qui avait été instaurée était la présence d'au moins un des employés dans la villa pour des raisons de sécurité.

En début de journée, la défense des prévenus a tenté de repousser les débats, invoquant le dépôt tardif de conclusions civiles par une des parties plaignantes. Le Tribunal correctionnel a rejeté cette demande de dernière minute, avant d'interroger les prévenus sur leur situation personnelle.

La situation financière éludée

Le fils Ajay a indiqué être actuellement administrateur de différentes sociétés. Il est resté discret sur son revenu annuel et sa fortune, indiquant au procureur qu'il préférait ne pas répondre à cette question.

Son épouse Namrata a aussi éludé le sujet financier. "Nous vivons au sein d'une famille dans laquelle personne ne possède de biens." Le représentant du Ministère public lui a alors demandé de qualifier son train de vie. On peut dire que "j'ai un train de vie confortable et standard", a-t-elle précisé.

Le procès avait été ajourné en tout début d'année, car des avocats étaient malades et des prévenus étaient absents. La procédure, ouverte en 2018, a fait l'objet de nombreuses démarches de la part de la défense. Lundi, le Tribunal fédéral a ainsi rejeté une ultime demande de mesures provisionnelles tendant au report du procès.

Les Hinduja sont une famille puissante, qui se trouve à la tête d'un conglomérat tentaculaire pesant des milliards de dollars, avec des activités tant dans l'industrie que dans la finance, les services informatiques, la santé et l'immobilier. Le procès se poursuivra mardi avec l'interrogatoire de la belle-fille.

ats/iar

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