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Des paysans défilent avec leurs tracteurs à Genève sur fond de divergences

Des centaines d'agriculteurs en colère ont défilé à Genève et à Bâle avec des revendications
Des centaines d'agriculteurs en colère ont défilé à Genève et à Bâle avec des revendications / 19h30 / 2 min. / le 3 février 2024
Une trentaine de tracteurs ont convergé samedi matin de la campagne genevoise jusqu'à la plaine de Plainpalais pour revendiquer une rémunération équitable pour leur travail. Organisée par le syndicat Uniterre, la mobilisation a eu lieu sur fond de divergences parmi les faîtières agricoles.

Les premiers sont arrivés de Versoix vers 10h30, rejoints par un cortège venu de Bernex et par un autre convoi de Meinier. Alignés au bout de la Plaine, les tracteurs ont rapidement attiré une foule de plus de 200 personnes.

Les agriculteurs ont fustigé les marges prises par les grandes surfaces. "Grande distribution, si vous n'avez pas honte, affichez les prix payés aux paysans", indiquait une pancarte brandie à l'avant d'un tracteur.

Une manifestation similaire aussi rassemblé 30 à 40 tracteurs dans le canton de Bâle-campagne. Les protestataires sont partis d'Ormalingen et se sont rassemblés entre autres devant une filiale de McDonalds à Füllinsdorf.

La transparence sur les marges tout au long de la filière faisait partie des revendications d'Uniterre à Genève, le syndicat à l'origine de cette première mobilisation en Suisse.

La bureaucratie dénoncée

Les deux grands distributeurs - Migros et Coop - détiennent 80% du marché et imposent leurs prix en toute opacité, a relevé Rudi Berli, président de la section genevoise d'Uniterre. Le syndicat compte sur une initiative parlementaire sur la transparence des marges pour faire bouger les choses. Mais en attendant, il ne faut pas relâcher la pression: "le mouvement doit se consolider", a déclaré Rudi Berli.

"Pour moi l'agriculture était un rêve de gosse, qui se transforme en cauchemar", a témoigné Lionel Dugerdil, vigneron et député UDC. Arnaud Rochat, agriculteur de Bavois (VD) et porte-parole de la contestation en Suisse romande avait fait le déplacement à Genève. Il a sollicité le soutien de la population pour obtenir des prix accessibles pour les consommateurs et rémunérateurs pour les paysans.

Les agriculteurs ont aussi dénoncé la bureaucratie qui étouffe la branche. "Cessez de nous imposer toujours plus de règles!" a souligné Rudi Berli. Le système de contributions et de paiements directs doit être simplifié, tout comme les contrôles. Les prestations d'intérêt public prescrites par la Confédération doivent être équitablement rémunérées, ajoute Uniterre.

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Des agriculteurs et paysans manifestent sur la place de Plainpalais à Genève, après avoir défilé avec leurs tracteurs, pour revendiquer une rémunération équitable pour leur travail. [KEYSTONE - MARTIAL TREZZINI]
Des agriculteurs et paysans manifestent sur la place de Plainpalais à Genève, après avoir défilé avec leurs tracteurs, pour revendiquer une rémunération équitable pour leur travail. [KEYSTONE - MARTIAL TREZZINI]

Divergences parmi les organisations faîtières

La colère des agriculteurs a commencé à gagner les campagnes suisses. De petites opérations ont débuté, comme celle de tourner à l'envers des panneaux d'entrée de localité, à l'instar de ce qui se fait en France. Les concessions récemment obtenues en Europe sont largement insuffisantes, souligne Uniterre.

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Mais la mobilisation de samedi matin a eu lieu sur fond de divergences. L'association faîtière de l'agriculture genevoise AgriGenève et l'Union suisse des paysans (USP), l'organisation faîtière de l'agriculture suisse, n'ont pas pris part à l'action.

Si les revendications au sein des différentes associations sont similaires, Uniterre reproche à l'USP sa manière d'agir, jugée trop molle. Le syndicat paysan considère que la faitière est trop proche des milieux économiques et qu'elle favorise le libre échange et la concurrence en focalisant, de manière exagérée, la grogne sur les écologistes.

Contactée par la RTS, l'USP s'est dite étonnée par ces accusations, car les faîtières sont en contact, assure-t-elle. L'organisation indique vouloir se concentrer sur l'amélioration de la situation des familles paysannes et souhiate rediscuter de ces tensions en temps voulu.

ts/iar avec l'ats

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