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Altercation à l'UNIGE, en pleine mobilisation étudiante pro-Palestine

Des individus ont pénétré dans le bâtiment de l'Université de Genève et décroché des banderoles pro-Palestine. [KEYSTONE - MARTIAL TREZZINI]
Des individus ont pénétré dans l'Université de Genève et décroché des banderoles pro-Palestine / Le 12h30 / 1 min. / le 9 mai 2024
Une altercation s'est produite dans la nuit de mercredi à jeudi à l'Université de Genève, en pleine mobilisation étudiante pro-palestinienne. Deux femmes et un homme se sont introduits dans le bâtiment et ont décroché des banderoles, avant d'être confrontés par les étudiants puis expulsés par la sécurité, a appris la RTS.

Une première personne faisant des allers-retours dans le hall a été aperçue à minuit et demi. Ce comportement a paru suspect aux yeux des quelque 70 membres du collectif étudiant Pro-Palestine qui se préparaient à aller dormir.

>> Lire aussi : Le collectif étudiant pro-Palestine reste une nuit de plus à l'UNIGE, celui de l'UNIL quitte les lieux

Quelques minutes plus tard, aux étages supérieurs, ce sont deux femmes et un homme qui ont été aperçus en train d'enlever des drapeaux palestiniens. Les étudiants les ont interpellés. Le ton est monté et des insultes à caractère raciste auraient fusé en direction des étudiants, selon le collectif.

La sécurité, alors avertie, est intervenue et a sorti les individus. Selon le collectif, près de 25 drapeaux ont été arrachés.

Des collaborateurs de l'université impliqués

Une enquête sera menée par l'UNIGE, mais il semble déjà que les trois intrus appartiennent à la communauté universitaire, et disposent donc de badges nécessaires pour accéder aux locaux. Selon les informations de la RTS, il s'agirait de personnes âgées entre 25 et 34 ans et l'une d'elles est une ancienne candidate au Grand conseil genevois pour les Vert'libéraux. La formation politique a réagi en indiquant que "cette action n'a rien à voir avec notre parti". Elle ajoute "condamner fermement toute forme de discrimination et de racisme" et "prôner le respect des droits de l'Homme et la résolution pacifique des conflits."

La sécurité a été renforcée dans l'établissement jeudi matin. Des agents de Securitas en civil ont notamment été dépêchés sur place.

L'université condamne

L'université déplore les événements de cette nuit, qu'elle qualifie d'inadmissibles. Pour elle, il s'agit d'un acte isolé qui entache un processus large, sur des questions qu'elle juge légitimes. D'ailleurs des discussions sont en cours avec la coordination étudiante pour la Palestine-UNIGE (CEP-UNIGE) sur leurs revendications et l'avenir de leur mobilisation.

Des représentants de celle-ci doivent participer jeudi à un conseil scientifique qui doit discuter, entre autres, des liens entre l'UNIGE et ses homologues israéliennes.

Les étudiants pro-palestiniens, qui ont investi mardi le hall d'UniMail, réclament notamment la suspension des accords de collaboration passés entre l'UNIGE et les universités et instituts de recherche israéliens.

Fin de l'occupation nocturne demandée

La participation du collectif pro-palestinien à ce comité implique que l'occupation de nuit à UniMail doit cesser jeudi soir. Seule une présence durant les heures d'ouverture du bâtiment serait autorisée.

La CEP-UNIGE a indiqué mercredi qu'elle attendait les résultats de la première réunion du comité scientifique avant d'envisager mettre fin à son occupation nocturne.

>> Participez à la discussion avec "dialogue", la plateforme de débats de la SSR:

Camille Lanci/edel

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A l'UNIL, le collectif étudiant pro-palestinien salue "une victoire d'étape"

Les étudiants pro-palestiniens de l'Université de Lausanne (UNIL) vont continuer d'occuper le bâtiment de Géopolis, mais uniquement en journée. Ils poursuivront en parallèle leurs négociations avec le rectorat, auprès duquel ils disent avoir obtenu "des avancées".

Après six nuits à dormir sur place, les étudiants sont rentrés chez eux mercredi soir. Mais ils sont revenus jeudi matin et en feront de même ces prochains jours. "La direction de l'UNIL a fait quelques concessions et nous pourrons continuer d'occuper ce hall de 7h à 22h, comme bon nous semble", ont annoncé des représentants du collectif, jeudi après-midi lors d'une conférence de presse.

Devant la petite centaine de personnes présentes, ils ont aussi salué le fait de pouvoir poursuivre leurs négociations avec la direction de l'UNIL. "Cette logique de dialogue nous semble la plus satisfaisante pour obtenir des résultats", ont-ils indiqué.

Une commission d'enquête

Ils ont affirmé avoir déjà obtenu des "avancées". Et de mentionner la volonté de l'UNIL de créer "une commission" qui sera chargée d'analyser les collaborations avec les universités israéliennes. Elle pourrait aussi, si nécessaire, demander "une suspension" de ces accords s'ils devaient poser des problèmes éthiques ou relatifs aux droits humains.

Les contours de cette "commission d'enquête" ne sont pas encore clairs. Mais le collectif étudiant a affirmé qu'il aurait "un droit de regard" sur sa mise en place. Il exige aussi qu'elle puisse aboutir à des "actions concrètes" et ne reste pas "une coquille vide". Les représentants du collectif ont aussi rapporté que l'UNIL leur avait promis qu'elle allait mettre sur pied "un programme de soutien" pour la reconstruction du système académique à Gaza.

"C'est une victoire d'étape", ont répété jeudi les membres du collectif. Ils ont toutefois souligné qu'ils n'allaient "rien lâcher" et continuer de "mettre la pression" sur le rectorat pour obtenir le "gel" des collaborations avec les universités israéliennes, en attendant que la future "commission d'enquête" puisse trancher.