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Des Yéniches installés sans autorisation à Thônex dénoncent l'absence de place d'accueil

Des Yéniches occupent sans autorisation un terrain à Thônex (GE)
Des Yéniches occupent sans autorisation un terrain à Thônex (GE) / Forum / 2 min. / le 31 juillet 2023
Des Yéniches occupent depuis dimanche un terrain de la commune genevoise de Thônex. Ils critiquent l'absence de place accordée à leur communauté, en particulier dans le canton de Genève. Un accord a été trouvé lundi après-midi, mais une plainte pénale reste en suspens.

L'information a été révélée lundi par Le Temps: environ 25 familles yéniches ont pris leurs quartiers dimanche soir. L'action est politique, car cette communauté suisse nomade revendique des haltes de passage. Or, elles sont pour l'instant inexistantes dans le canton (voir encadré).

Ainsi, leurs caravanes sont quasiment garées sous les fenêtres de la mairie de Thônex. Ces Yéniches suisses sont prêts à rester le temps qu'il faudra pour faire bouger les autorités. Ils demandent de pouvoir s'établir deux ou trois semaines sur ce terrain et de bénéficier d'un accès à l'eau et à l'électricité contre rémunération.

"Nous n'avons rien à Genève, alors que c'est un des cantons les plus riches de Suisse, avec une ville qui se présente comme la capitale des droits de l'Homme", a dénoncé Stève Gerzner, président de l'association Défense des gens du voyage suisses (DGDVS). Il ajoute que le droit à ces haltes équipées est inscrit dans la loi. En Suisse, les Yéniches sont une communauté nomade reconnue par la Confédération.

Des passages éphémères

"On nous ballote d'un département à un autre, on nous affirme que les terrains sont utilisés pour des manifestations", déplore Stève Gerzner. En réalité, "on ne veut pas de nous".

>> Lire aussi : "Comme Yéniche, c’est difficile de voyager en Suisse romande"

Les Yéniches ne demandent pas à rester des mois au même endroit. Ils changent de lieux toutes les deux à trois semaines. Une fois installés, ils vivent de toutes sortes de travaux, dans la construction, le recyclage. Selon le responsable, leur venue ne coûte rien: "Nous payons l'électricité et l'eau et nous couvrons nos frais".

Ils laissent aussi les emplacements propres, souligne-t-il. A Thônex, ils ont installé une benne pour leurs déchets et des toilettes.

Le campement de Yéniches installé dans le parc François-Auguste-Châtrier, dans la commune genevoise de Thônex. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Le campement de Yéniches installé dans le parc François-Auguste-Châtrier, dans la commune genevoise de Thônex. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]

Accord finalement trouvé

D'abord intransigeante, la commune de Thônex a déposé une plainte pénale. Le maire PLR Pascal Uehlinger avait, dans un premier temps, appelé le canton à "prendre ses responsabilités". Il avait en outre parlé de "prise d'otage", arguant que le terrain occupé est prévu pour des activités à destination des jeunes de la commune d'ici quelques jours. Dans un communiqué, l'exécutif de la commune disait espérer "redonner accès à cette place festive et estivale aux habitantes et aux habitants" de la ville au plus vite.

>> Écouter le 12h30 de lundi :

Des Yéniches s'installent sans autorisation à Thônex, la commune porte plainte. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]Keystone - Salvatore Di Nolfi
À Thônex, les Yéniches demandent une place d'accueil dans le canton de Genève / Le 12h30 / 1 min. / le 31 juillet 2023

Mais à l'issue d'une rencontre lundi après-midi, un accord a finalement été signé. Les Yéniches pourront rester sur ce terrain pendant deux semaines. Ils devront s'acquitter d'un montant de 300 francs par jour auprès de la commune afin de payer l'eau et l'électricité.

Quant à la plainte, elle reste en suspens. La commune veut ainsi s'assurer que les nomades quittent bien les lieux au plus tard le 13 août et que tout se passe bien dans l'intervalle.

Une communauté au passé difficile

Pour Stève Gerzner, cet accord est de bon augure. Il espère qu'il va servir d'exemple au canton pour montrer qu'il est possible de trouver des arrangements. Il rappelle aussi que, malgré la protection du droit suisse, la communauté yéniche a déjà connu d'autres plaintes.

Les Yéniches sont environ 35'000 en Suisse. Certains adoptent une vie nomade entre le mois de mars et le mois d'octobre, et la plupart se sédentarisent durant l'hiver. "Nous sommes des citoyens suisses", rappelle Stève Gerzner. Les Yéniches disent souffrir de la mauvaise réputation donnée à d'autres communautés de gens du voyage.

Un passé difficile, avec des enfants arrachés de leur famille, a appris aux Yéniches la discrétion. "On s'est tellement caché qu'on a fini par nous oublier", relève le nomade. Aujourd'hui, la communauté a décidé de se montrer au grand jour, de mieux se faire connaître. "Il en va de la survie de notre culture."

>> Regarder aussi le sujet du 19h30 de lundi :

Des Yéniches se sont installés à Genève
Des Yéniches se sont installés à Genève / 19h30 / 2 min. / le 31 juillet 2023

gc/iar avec l'ats

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Vers un premier terrain d'accueil genevois à Avully?

L'absence d'aire d'accueil pour les communautés nomades est "une carence qui est connue de longue date à Genève", concède lundi soir dans Forum Jean-Luc Gauthey, directeur du développement urbain au Département cantonal du territoire.

Elle a été identifiée dès 2010 dans un rapport de la Fondation des gens du voyage. "Le canton a fixé cet objectif dans le plan directeur cantonal et a travaillé d'arrache-pied depuis 2011", poursuit le fonctionnaire. "Mais force est de constater qu'il était difficile de trouver des sites propices."

Récemment, un terrain propice a été identifié dans la commune d'Avully, sur le site d'une ancienne usine chimique désormais désaffectée, et dont le terrain appartient au canton. Mais le projet n'est qu'à l'état d'étude et il faudra travailler étroitement avec la commune, souligne Jean-Luc Gauthey, car son adhésion est essentielle pour ce type de projets. Or, la commune a déjà fait part de son mécontentement vis-à-vis du projet, estimant n'avoir pas été suffisamment consultée.

Une aide financière de la Confédération pourra être sollicitée.

>> Écoutez l'interview complète de Jean-Luc Gauthey :

Pourquoi Genève n’a-t-elle pas d’aires d’accueil? Interview de Jean-Luc Gauthey
Pourquoi Genève n’a-t-elle pas d’aires d’accueil? Interview de Jean-Luc Gauthey / Forum / 3 min. / le 31 juillet 2023