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Deux villas de luxe saisies et vendues aux enchères par l’Etat de Genève

Deux villas de luxe, propriétés d'un homme d'affaires aux créances de plus de 20 millions, vendues aux enchères.
Deux villas de luxe, propriétés d'un homme d'affaires aux créances de plus de 20 millions, vendues aux enchères. / 19h30 / 2 min. / le 22 septembre 2021
Les propriétés d’un homme d’affaires aux créances de plus de 20 millions de francs ont été vendues mercredi "à la criée" au plus offrant. Plongée au cœur de cette vente aux enchères exceptionnelle.

Nous sommes dans l'une des communes les plus huppées de Genève, Vésenaz, à deux pas du lac. Deux villas côte à côte, sur deux parcelles réunies. Dans l’une, piscine, spa, salle de fitness au sous-sol, grands crus dans la cave à vin et marbre à tous les étages. Dans l’autre, un futur entrepôt pour voitures de collection.

Ces biens immobiliers ultra-luxueux ont été saisis et vendus mercredi aux enchères forcées par l’Etat. Une vente "à la criée", menée par l’Office des faillites.

Les montants en jeu sont énormes et peu courants: les parcelles ont été estimées respectivement à 13,7 et 15,5 millions de francs. "Ce type de vente est assez inédit", explique Christophe Pommaz, directeur de l’Office cantonal des poursuites et faillites. "En raison de la valeur des objets, déjà. Et avec une piscine intérieure de cette taille, on sort des standards habituels."

La vente doit servir à payer les créances du propriétaire des villas, un homme d’affaires français longtemps établi à Genève. Ses dettes s’élèvent à plus de 23 millions de francs. Parmi ses créanciers, la Banque cantonale vaudoise, l’administration fiscale genevoise et une entreprise du bâtiment.

Une petite dizaine d'intéressés

Le matin de la vente aux enchères, une petite dizaine d’acheteurs potentiels sont arrivés au compte-goutte à l’Office des faillites, dans un climat un peu tendu. Aucun n’a souhaité répondre à nos questions. Parmi eux, plusieurs acteurs de l’immobilier en quête d’une bonne affaire, un voisin venu par simple curiosité et, surtout, la Banque cantonale vaudoise.

"Le but de la banque ou du créancier gagiste n’est pas d’acquérir l’objet", précise Christophe Pommaz. "C’est surtout de s’assurer que le prix de vente atteint va permettre de couvrir son gage. En matière de faillites, en principe, il n’y a pas de prix de départ, la vente a lieu à tout prix." Cela veut dire que, théoriquement, ces deux luxueuses villas pourraient partir à 1 franc.

Mais je vous rassure, on ne va pas se retrouver avec une vente à vil prix.

Christophe Pommaz, directeur de l’Office cantonal des poursuites et faillites

Cela ne s’est pas terminé par une vente à vil prix, mais les parcelles ont finalement été adjugées bien en deçà des estimations du marché: 9'720'000 francs pour l'une, 7'950'000 pour l’autre. Devant le manque d’enchères, c’est la BCV elle-même qui a dû racheter les deux parcelles. "Elles seront valorisées et mises en vente", nous répond Jean-Pascal Baechler, le chargé de communication de la banque.

Contre toute attente, le personnage central de ces enchères forcées exceptionnelles, le désormais ex-propriétaire des parcelles, était présent à la vente. Il a accepté de répondre aux questions de la RTS sur les raisons de sa présence.

"Cela me concerne quand même!", s'exclame-t-il. "Ce sont des biens que j’ai fabriqués, que j’ai amenés jusque-là. Aujourd’hui, ils sont partis à la BCV, ça me va très bien. On est enfin sorti de l’opération."

Quant aux prix d’adjudication, inférieurs aux estimations, il déclare que "ça n’a pas une grande importance." On peut en douter, car ceux-ci ne permettront pas de couvrir le montant total de ses dettes. A l’issue de la vente, l’homme d’affaires doit encore 6 millions de francs à ses créanciers.

Sujet TV et texte web: Flore Amos

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L’Office des faillites et les ventes forcées immobilières

La vente des deux parcelles de Vésenaz (GE) est la première de l’année pour l’Office des faillites genevois. Si les enchères forcées immobilières étaient très fréquentes dans les années 90 - on vendait deux à trois biens par semaine - elles sont devenues beaucoup plus rares aujourd’hui. "On vend entre 5 et 10 biens par année", contextualise Christophe Pommaz. Cela s’explique par la baisse des taux hypothécaires ces dernières années."

Peut-on faire une bonne affaire en achetant une villa ou un appartement aux enchères forcées? Aucun prix plancher n’est fixé dans ce type de vente, on pourrait donc effectivement obtenir un bien à un prix inférieur au marché s’il y a peu d’acheteurs intéressés et donc peu d’enchères.

 "Mais il ne faut pas croire qu’on va pouvoir faire l’affaire du siècle en achetant aux enchères forcées. Le plus souvent, le créancier gagiste, la banque qui a prêté les fonds au propriétaire en faillite, est dans la salle pour s’assurer que l’objet n’est pas vendu trop bas."