La Gruyère décidera le 9 juin si elle veut s'engager sur la voie de la commune unique
Il n'existe pour l'heure pas de projet concret, mais en cas de oui le 9 juin, les autorités iront de l'avant en développant leur concept de fusion. Jusqu'ici, seuls ses contours ont été dessinés. Ils ont été présentés aux élus des communes concernées l'été dernier.
Ce printemps, huit séances publiques d'information ont été planifiées dans toute la Gruyère pour informer la population. L'une a eu lieu à Bulle mercredi dernier, sous l'égide du préfet de la Gruyère Vincent Bosson, en charge du projet de fusion.
Avec quel esprit la population gruyérienne vient-elle à ces séances? "C'est un sujet qui intéresse beaucoup les gens, parce que l'on parle de proximité, d'autorités locales... La commune unique, ça parle à tout le monde, contrairement à d'autres sujets parfois techniques", a expliqué Vincent Bosson vendredi dans La Matinale de la RTS.
Déjà beaucoup d'avis tranchés
Interrogé sur les chances de succès de la fusion, il se montre d'un optimisme tempéré. "J'ai le sentiment que les gens sont assez ouverts à cette idée de commune unique, mais aussi que beaucoup de monde s'est déjà fait un avis assez tranché", note-t-il.
Une question sur deux concerne le poids de Bulle, l'importance de Bulle, le développement de Bulle... Une Bulle qui fait peur!
Les habitants de Bulle constitueraient à eux seuls près de la moitié du total de la nouvelle commune. De quoi susciter les craintes de la périphérie de tomber dans l'oubli?
"Quand on est en périphérie, une question sur deux concerne le poids de Bulle, l'importance de Bulle, le développement de Bulle... Une Bulle qui fait peur!", reconnaît Vincent Bosson en relatant les expériences qu'il a vécues lors des premières séances publiques.
La dictature de la majorité à éviter
Du côté de la population, on oscille entre crainte et optimisme. "Des communes périphériques vont perdre, sinon en pouvoir, du moins en efficacité pour traiter des problèmes locaux", redoute un habitant de Bulle, mais qui est originaire de Montbovon, dans la vallée de l'Intyamon.
De l'avis général, la dictature de la majorité est un écueil à éviter absolument. "Je crois que dans ce district, on est assez visionnaires. Ça pourrait donc ne pas si mal se passer! Mais il faut, bien sûr, tenir compte des intérêts des petites communes les plus éloignées", plaide pour sa part une Bulloise.
Pour elle, le district "a une certaine solidarité que d'autres districts nous envient". Il a également "l'habitude de partager tous les problèmes, tous les soucis". Quant à Bulle, la commune-centre, "elle prend son rôle au sérieux", estime-t-elle.
>> Relire aussi : Un projet de méga-fusion réunirait 25 communes en Gruyère (FR)
Sujet radio: Muriel Ballaman
Version web: Vincent Cherpillod
Les fusions géantes pourraient devenir monnaie courante
Jusqu'à présent, les fusions ne regroupaient que quelques communes. Ce type de méga-fusion pourrait toutefois devenir plus fréquent, a estimé vendredi le directeur de l'Institut des hautes études dans l'admnistration publique à l'Université de Lausanne Nils Soguel dans La Matinale. Pour lui, "'une limite a été franchie, ou plutôt, une certaine crainte a été levée."
Une limite a été franchie, ou plutôt, une certaine crainte a été levée.
Les raisons qui poussent les communes à fusionner sont multiples. "Chacune a sa propre rationalité. Certaines n'ont plus de terrains à disposition et regagnent par ce moyen une certaine marge de manœuvre, d'autres sont étranglées financièrement, d'autres encore manquent de personnel politique", liste Nils Soguel.
"Les exemples neuchâtelois montrent que les communes peuvent devenir beaucoup plus grandes par la taille, dépasser 10'000 habitants, ce qui est un avantage dans les négociations qu'elles peuvent avoir avec le canton", souligne-t-il aussi.