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Berne refuse de renoncer à sa liste controversée de détenus dangereux

Le gouvernement bernois défend son outil d'évaluation des risques. [Keystone - Laurent Gilliéron]
Le canton de Berne liste les détenus dangereux selon leur médiatisation / Le Journal du matin / 1 min. / le 29 octobre 2015
Malgré les nombreuses critiques, le gouvernement cantonal bernois ne veut pas renoncer à sa "watchlist" des détenus dangereux établie en fonction de la médiatisation de leurs actes.

Cet outil controversé fait réagir les politiques, les défenseurs des détenus et même le préposé cantonal à la protection des données. La liste serait arbitraire et inadmissible, selon les critiques.

Elle est appropriée et utile, se défend le gouvernement bernois, parce qu'elle permet d'évaluer les risques lorsqu'il faut décider de libérer ou non un détenu.

"Un outil de gestion des risques"

"C'est un outil de gestion des risques", explique le chef de l'Office de la privation de liberté Thomas Freitag. "La majorité des personnes qui figurent sur cette liste sont des personnes qui ont été condamnées pour des délits graves et des délits dont on a parlé dans les médias", souligne-t-il.

Cet historique médiatique est aussi utile pour communiquer, ajoute-t-il.

La médiatisation, un mauvais critère

Mais c'est bien ce critère qui dérange. "Classer les détenus selon la notoriété de leurs actes est injuste et arbitraire", estime l'avocat Walo Ilg, membre de l'organisation d'aide aux détenus Reform91. "On pourrait aussi bien prendre comme critère la couleur des cheveux ou ceux qui sentent l'ail", ironise-t-il. "Souvent, les plus dangereux passent dans des procès à huis-clos, notamment pour les crimes vis-à-vis d'enfants, et ces gens-là - en règle générale - n'ont pas ou peu d'échos publics, mais ils sont extrêmement dangereux."

C'est aussi l'avis du préposé bernois à la protection des données. Mais le Conseil exécutif ne voit pas d'entrave, puisque la liste est interne et transparente pour les détenus concernés. Il n'entend donc pas y renoncer, comme il vient de le rappeler dans une réponse à l'interpellation d'un député.

Alexandra Richard/oang

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