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Le salaire minimum entre en vigueur au Tessin malgré les contestations

Tous les travailleurs et travailleuses tessinois devront gagner au moins 19 francs de l'heure. [Ti-Press/Keystone - Francesca Agosta]
Le Tessin a introduit le salaire minimum / La Matinale / 1 min. / le 1 décembre 2021
Après Neuchâtel, Genève et le Jura, le salaire minimum entre en vigueur mercredi au Tessin. Il est fixé à 19 francs de l'heure, un seuil combattu jusqu’au Tribunal fédéral par des entreprises du sud du canton qui emploient essentiellement des travailleurs frontaliers.

Ce salaire minimum a été voulu par le peuple tessinois pour combattre la sous-enchère salariale, dans un canton dont le marché du travail est réputé être le plus difficile de Suisse.

Mais pour certains patrons, il résonne comme un arrêt de mort. "Si nos clients sont disposés à verser la différence, équivalente au salaire minimum, nous nous adapterons volontiers", a ainsi expliqué l'un d'entre eux à la radio-télévision suisse italienne RSI.

"Nous serons contraints de délocaliser"

"Si le client refuse de payer davantage", a-t-il poursuivi, "nous serons contraints de licencier du personnel, voire de délocaliser en Roumanie, où nous avons déjà pris des contacts, afin de continuer à travailler". Avec d’autres entreprises, Pietro Nucera vient d’être débouté par le Tribunal fédéral dans son recours contre ce salaire à 19 francs.

A la menace de possibles délocalisations s’ajoute celle de voir des entreprises adhérer au contrat collectif d’une nouvelle organisation syndicale baptisée TiSin, comme l’ont déjà fait trois entreprises.

"La loi prévoit malheureusement une clause libératoire en cas de CCT avec des salaires inférieurs", a expliqué le secrétaire du syndicat Unia, Giangiorgio Gargantini, mercredi dans La Matinale de la RTS.

Les précisions du directeur tessinois de l'Economie

Après les décisions du TF, le directeur de la division cantonale tessinoise de l’Economie a apporté des précisions dans l’édition du 1er décembre du quotidien LaRegione.

"Si une entreprise appartenant à un secteur couvert par une convention collective de travail devait signer une convention collective de travail avec des salaires inférieurs à ceux de la convention, les salaires de la convention n'auraient aucun effet puisque c'est le salaire de la convention collective qui doit être appliqué", a relevé Stefano Rizzi. "En revanche, toutes les autres dispositions de la CCT resteraient valables. Par exemple, les dispositions relatives au temps de travail, aux congés, etc".

"Nous redoutons que d'autres entreprises suivent"

Pour l’heure, ce ne sont que trois entreprises, mais elles emploient tout de même 700 ou 800 travailleurs", a précisé pour sa part Giangiorgio Gargantin. "Ce sont donc des sociétés importantes et nous redoutons que d’autres entreprises les suivent". Ces derniers jours, le nombre d'entreprises du canton qui ont adhéré à la convention collective controversée, avec baisse des salaires, est passé à sept selon le syndicat Unia.

Quelque 16'000 personnes concernées

En attendant, et dès mercredi en principe, quelque 16’000 personnes devraient profiter de ce nouveau salaire minimum, sur près de 230’000 travailleurs et travailleuses au Tessin.

Mais le dernier mot n’a pas été dit: le Parti socialiste est déjà reparti au combat, avec une initiative pour un salaire minimum à 21 francs 50.

Nicole della Pietra/oang

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