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Tétanisée, la Moldavie vit dans la crainte d'une agression russe

La Moldavie tiraillée entre les pro-Russes et les pro-Occidentaux [RTS - Maurine Mercier]
La Moldavie tiraillée entre les pro-Russes et les pro-Occidentaux / La Matinale / 3 min. / le 14 mars 2022
Espace aérien fermé, état d’urgence décrété: la Moldavie se prépare au pire. Voisine de l’Ukraine, cette ancienne république soviétique tremble d’autant plus qu’elle compte, elle aussi, une région séparatiste pro-russe: la Transnistrie.

Dans le sud du pays, les habitants entendent les bombes tomber sur l’Ukraine. La ville portuaire d’Odessa n’est située qu’à une cinquantaine de kilomètres. Dans ce contexte de guerre, les bureaux des passeports ont étendu leurs horaires pour que la population moldave puisse être prête à quitter rapidement le pays.

Alexander, 27 ans, voyage dans un petit bus qui relie la Moldavie à la Roumanie. Le jeune homme a utilisé toutes ses économies pour louer un appartement en Roumanie, pays membre de l’Union européenne. Sa crainte: que la Moldavie soit à son tour envahie par la Russie. "On est nombreux à en avoir peur désormais. Je ne peux pas rester les bras croisés! Ma mère est âgée… elle ne veut pas partir. Elle dit qu'elle n'a pas peur", confie-t-il au micro de la RTS.

La Moldavie suit avec attention le conflit en Ukraine. [RTS - Maurine Mercier]

Tentation pour Vladimir Poutine

La population est d'autant plus inquiète que le pays compte une région séparatiste pro-russe, la Transnistrie. Le président russe Vladimir Poutine pourrait être tenté, s’il s’empare d’Odesssa, de mettre ensuite formellement la main sur la Transnistrie. Il pourrait également vouloir se servir de ce territoire pour ouvrir un nouveau front depuis l’ouest sur l’Ukraine.

Pour protéger son pays, la présidente moldave Maia Sandu a déposé le 4 mars dernier une demande formelle d'adhésion à l'Union européenne. Au lendemain de cette action, la Transnistrie a demandé la reconnaissance de son indépendance.

>> Lire aussi : "Toute région proche de la Russie peut être inquiète", estime la présidente de la Géorgie

"L’Otan porte une responsabilité"

Parmi la population, les fronts se crispent. Tania, jeune maman, 34 ans, a toujours rêvé que la Moldavie rejoigne l’Europe. Mais aujourd’hui, elle craint que cette demande ne se retourne contre son pays: "L’Europe nous offrira bien sûr son support à coups de mio d’euro

La Moldavie, tiraillée entre les pro-Russes et les pro-Occidentaux [RTS]

s. Mais personne ne viendra se battre, épaule contre épaule, avec nous".

Depuis quelques jours, les Moldaves se ruent sur les cachets d’iode, craignant un incident nucléaire.

Sur place, on condamne Vladimir Poutine mais aussi l’Otan. C'est notamment le cas d'Alexander: "L’Otan porte une responsabilité. Parce qu’à force de battre un chien fou, il finit par te mordre..." Et de conclure: "Et c'est nous ici, avec l'Ukraine, en Moldavie, qui sommes à la place du mort."

Sujet radio: Maurine Mercier

Texte web: Hélène Krähenbühl

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