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Evoquant le "Gaulois réfractaire au changement", Macron irrite encore

Emmanuel Macron durant un discours à Copenhague. [afp - Ludovic Marin]
Emmanuel Macron durant un discours à Copenhague. - [afp - Ludovic Marin]
Déclaration "inadmissible" ou trait d'humour, l'évocation par Emmanuel Macron d'un peuple gaulois réfractaire au changement a soulevé un tollé dans l'Hexagone dans les rangs politiques et syndicaux.

En déplacement à Copenhague, le président français a fait état de son admiration pour la "flexisécurité" danoise, inapplicable en France en raison des différences culturelles. A ses yeux, le peuple danois a vécu des transformations ces dernières années et "n'est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement".

Les critiques ont rapidement fusé et Emmanuel Macron a répliqué qu'il s'agissait d'un "trait d'humour". Et d'affirmer son "amour" pour les "tribus gauloises". "Si on ne peut plus manier un peu l'ironie et la plaisanterie et si à chaque fois qu'un mot est employé, il est décortiqué, instrumentalisé, on va vous faire de la langue de bois en chêne massif, on va tous s'ennuyer ferme", a de son côté commenté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

Volée de critiques

Cette mise au point n'a pas fait taire les critiques, à gauche comme à droite, d'autant plus que le bilan économique du président est aussi dénoncé et que ce type de propos n'est pas une première pour le président (voir encadré). "Il est inadmissible d'entendre un président de la République critiquer, caricaturer les Français quand il est à l'étranger", a ainsi déclaré le président des Républicains Laurent Wauquiez, fustigeant un président "qui n'est pas dans son rôle, qui n'a pas compris sa fonction quand il se déplace".

En pleine bataille contre les réformes du président Macron, les représentants syndicaux ont pour leur part assuré que les Français n'étaient "réfractaires" au changement que quand ce dernier n'était pas celui qu'il désirait. "Il existe beaucoup d'irréductibles Gaulois attachés au modèle social, attachés au progrès social, qui encore et toujours luttent contre les régressions qui sont organisées", a lancé Pascal Pavageau, de Force Ouvrière, proposant dans la foulée une nouvelle grève pour octobre.

L'extrême droite a de son côté vu dans ces propos "condescendants" "une "opération de diversion pour faire oublier les difficultés" intérieures du chef de l'Etat", a jugé Nicolas Bay, membre du bureau exécutif du Rassemblement national (ex-FN), citant notamment la démission de Nicolas Hulot et l'affaire Benalla, du nom de l'ex-collaborateur de Macron poursuivi pour violences.

>> Voir aussi les explications de Gaspard Kühn sur le bilan économique d'Emmanuel Macron :

Gaspard Kühn "En France la croissance reste désespérément molle: 0,2% au deuxième trimestre et le chômage est à plus de 9%."
Gaspard Kühn "En France la croissance reste désespérément molle: 0,2% au deuxième trimestre et le chômage est à plus de 9%." / 19h30 / 1 min. / le 29 août 2018

boi avec afp

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Pas une première

Ces propos critiqués du chef d'Etat font écho à ceux de l'été 2017, lors d'un déplacement en Roumanie. "La France n'est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n'y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes", avait-il alors déclaré.

Depuis la Grèce, où il s'était rendu en septembre 2017, Emmanuel Macron avait aussi défrayé la chronique en promettant de ne rien céder, "ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes."

En octobre 2017, en France, il avait répondu à un responsable local qui évoquait les difficultés à recruter d'une entreprise: "Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas", avait dit le président en référence à des manifestants protestant contre leur licenciement.

En septembre 2014, alors qu'il venait d'être nommé ministre, il avait parlé des salariées "illettrées" d'un abattoir breton, après le licenciement de 800 personnes.