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"Trump est une menace, mais il a réussi à réveiller le public contre lui"

David J Cole, président de l’American Civil Liberties Union. [RTS - Raphaël Grand]
Entretien avec David Cole, directeur juridique de l'organisation américaine de défense des libertés ACLU / Tout un monde / 6 min. / le 10 novembre 2017
L’American Civil Liberties Union (ACLU) est engagée dans un bras de fer juridique quasi-permanent avec le président Donald Trump. Mais son directeur juridique David Cole estime que cette présidence aura "réveillé le public".

"Nous avons été engagés dans une bataille pour les libertés et droits civiques tout au long de notre existence (...) Mais je pense que nous n’avions jamais eu un président si peu respectueux des droits et libertés civiques comme l’est Donald Trump", explique David Cole, le directeur juridique de l'ACLU, la plus grande organisation américaine de défense des libertés et droits civiques, dans l'émission Tout un monde.

Selon lui, le président américain "est une menace. Mais justement parce qu'il est une menace, il a réussi à réveiller le public contre lui", estime David Cole, qui évoque les manifestations, comme la Marche des femmes ou celle contre le Muslim Ban, qui ont mobilisé des dizaines de milliers d'Américains dans le sillage de l'élection présidentielle.

Les quatre années de présidence Trump (...) auront revigoré pour un long moment ceux qui croient aux libertés et aux droits civiques.

David Cole, directeur juridique de l’American Civil Liberties Union

"Je pense qu'on pourra regarder ces quatre années de présidence Trump comme quatre années noires, mais elles auront transformé la politique américaine et revigoré pour un long moment ceux qui croient aux libertés et aux droits civiques", ajoute-t-il.

Un "combat"

Le combat de l'ACLU, un bras de fer juridique quasi-permanent, a commencé par une mise en garde, trois jours après l’élection de Donald Trump en novembre 2016.

Puis, en janvier, l'organisation s'achetait une pleine page dans le New York Times pour y publier une lettre qui commençait ainsi: "Cher président élu, nous serons vigilants chaque jour de votre présidence (...) l'Union américaine pour les libertés civiles reste "prête à combattre" avec toute sa "puissance de feu".

L'ACLU a notamment été la première association à s'opposer en justice au Muslim Ban, le décret anti-migratoire de Donald Trump, qui visait sept pays en majorité musulmans.

L'organisation précise toutefois qu'elle n'est pas contre Donald Trump en particulier: elle a aussi attaqué ses prédécesseurs. Barack Obama, par exemple, a été visé à la suite du scandale des écoutes de la NSA ou à cause du programme d'élimination des terroristes par des drones.

Propos recueillis par Raphaël Grand / jvia

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Controverse après Charlottesville

L'organisation a été lourdement critiquée lorsqu'elle est intervenue en faveur de la manifestation des suprémacistes blancs à Charlottesville, qui relayait des discours de haine, de racisme, et qui a vu défiler des drapeaux nazis. L'ACLU a agi pour que la manifestation puisse se dérouler, mais des échauffourées ont fait un mort.

"Nous défendons le droit de pouvoir s’exprimer et manifester, quelle que soit l'opinion. C’est le premier amendement. Et donc, nous pensons que la meilleure réponse à des propos que vous détestez, c’est encore davantage de libertés d’expression. (...) Censurer, supprimer le droit de s’exprimer c’est, en fait, contre-productif.. Le meilleur moyen de répondre à un discours haineux, c’est de s’exprimer contre ce discours", justifie David Cole.