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Les socialistes français en ordre dispersé à un mois des législatives

Manuel Valls, Christiane Taubira et Benoît Hamon, en mai 2012, alors tous ministres de François Hollande. [AFP - Lionel Bonaventure]
Les socialistes français en ordre dispersé à un mois des législatives / Forum / 3 min. / le 10 mai 2017
Alors que l'ex-Premier ministre Manuel Valls risque d'être exclu de PS français, Benoît Hamon d'un côté, Christiane Taubira et Martine Aubry de l'autre, lancent leurs mouvements respectifs. A un mois des législatives, le parti semble déchiré.

"Je ne veux pas peser sur la commission des conflits, elle va prendre sa décision en toute indépendance mais force est de constater qu'il ne nous facilite pas le boulot". Interrogé sur une possible exclusion de Manuel Valls après son soutien à Emmanuel Macron, le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis n'a pas ménagé ses mots.

En cause: la volonté de Manuel Valls de briguer l'investiture aux législatives du mouvement d'Emmanuel Macron. "Il va être confronté à un problème très simple. Il veut aller dans La République en marche et cette dernière ne le veut pas. Donc, à la fin, il va se retrouver sans soutien", a affirmé le premier secrétaire sur Beur FM.

>> Lire : Manuel Valls veut être candidat "majorité présidentielle" aux législatives

Cela pourrait être le cas. Le responsable de la commission d'investiture du mouvement d'Emmanuel Macron a en effet indiqué que la candidature de Manuel Valls ne répondait pas à "ce jour" aux critères requis pour obtenir l'étiquette "majorité présidentielle". Et Jean-Paul Delevoye de souligner que le socialiste, qui incarne l'aile droite de son parti, n'était pas adhérent de La République en marche.

Un mouvement "transpartisan"

Les louvoiements de Manuel Valls ne constituent pas l'unique raison de l'embarras des pontes du Parti socialiste. Mercredi toujours, Benoît Hamon a en effet annoncé la création, le 1er juillet prochain, d'un mouvement "large" et "transpartisan" pour tenter de "reconstruire la gauche".

Après n'avoir recueilli que 6,4% des voix au premier tour, l'ex-candidat à la présidentielle a affirmé qu'il ne quitterait pas pour autant le parti dont il incarne l'aile gauche.

Son mouvement pourra rassembler "toutes celles et ceux qui veulent aujourd'hui contribuer à ce que la gauche renaisse", a-t-il précisé, invité à dire si cet appel pouvait s'adresser à des membres du mouvement En marche d'Emmanuel Macron ou de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

Un parti profondément disloqué

Benoît Hamon sera-t-il vraiment aussi rassembleur qu'il le souhaite? Pas sûr. Plusieurs de ses anciens soutiens parmi lesquels l'ex-ministre de la Justice Christiane Taubira ainsi que les maires de Paris et de Lille, respectivement Anne Hidalgo et Martine Aubry, ont annoncé le lancement d'un autre mouvement politique.

Dans une tribune publiée mercredi par Le Monde, quelque 160 signataires appellent leurs concitoyens à un "sursaut", en annonçant le lancement d'un autre "grand mouvement d'innovation pour une démocratie européenne, écologique et sociale, intitulé 'Dès demain'".

"Ce n'est pas la création d'un courant, d'un parti. Il s'agit de fédérer autour de valeurs communes, de travailler sur le temps long, de se fonder sur la société civile," a notamment indiqué l'entourage d'Anne Hidalgo.

Le PS lance sa campagne

Profondément secoué par la large victoire d'Emmanuel Macron à la présidentielle, le Parti socialiste paraît se disloquer.

La formation n'en a pas moins lancé sa campagne des législatives sous la houlette de Bernard Cazeneuve. Un Premier ministre sortant qui s'est exaspéré publiquement de l'annonce de la mort imminente de sa famille politique.

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Kevin Gertsch avec agences

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