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Opération médiatique rare de Bachar al-Assad dans les médias français

Première depuis la chute d'Alep, le président syrien Bachar al-Assad a répondu à la presse française. [HO / SANA / AFP]
Bachar al-Assad répond à la presse française pour la première fois depuis la chute d’Alep / Forum / 2 min. / le 9 janvier 2017
Le président syrien Bachar al-Assad s'est exprimé dans la presse étrangère pour la première fois depuis la reprise d'Alep. Dans des médias français, il évoque notamment le cours de la guerre et les négociations avec l'opposition.

Lors de cette opération médiatique, Bachar al-Assad a affiché son optimisme et déclaré être sur le chemin de la victoire. Dans une rare interview accordée à trois médias français, RTL, France Info et la Chaîne parlementaire, le président syrien a aussi répondu aux questions qui fâchent, comme les méthodes employées pour reprendre le contrôle total de la ville d'Alep.

Sur les bombardements et les nombreuses victimes civiles, le président syrien a estimé que c'était le prix à payer. Il a regretté "le bain de sang" et décrit des exactions des deux côtés.

"Erreurs du côté du gouvernement"

Dans un geste subtil d'autocritique, il a admis "des erreurs du côté gouvernemental", qu'il a dit regretter et condamner. Même s'il a rejeté par ailleurs les accusations les plus graves, comme les bombardements d'hôpitaux ou les tortures de prisonniers.

Bachar al-Assad s'est également déclaré prêt à négocier avec l'opposition, citant le chiffre de 91 groupes de l'opposition avec qui il pourrait dialoguer, excluant le groupe Etat islamique ou le Fatah al-Sham, issu d'Al-Qaïda.

Avant les négociations à Astana

Peu de précisions sont données toutefois sur qui seraient réellement les représentants de l'opposition censés négocier à la fin du mois à Astana au Kazakhstan, sous le patronage de la Russie.

Cette interview groupée s'inscrit dans la perspective de cette initiative diplomatique inédite. Fort du soutien russe et iranien sur le plan militaire, la Syrie de Bachar al-Assad se prépare à mener la bataille des négociations en vue de la paix, après l'échec des précédentes tentatives - notamment à Genève - sous la médiation de l'ONU.

Position de force

Ces derniers mois, le contexte a changé radicalement en faveur du régime syrien et de ses alliés russe et iranien. L'inflexion progressive de la Turquie sur ce dossier - désormais davantage tournée vers ses problèmes internes que vers un changement de régime en Syrie -, l'élection de Donald Trump, qui pourrait couper le soutien américain à divers groupes rebelles, viennent encore renforcer la position de force de Bachar al-Assad pour imposer son agenda - peut-être plus que pour faire des compromis.

Le leader syrien a également évoqué dans cette interview François Fillon, le candidat de la droite française à la présidentielle. Il a dit apprécier la priorité de François Fillon, consistant "à combattre les terroristes et à ne pas s'ingérer dans les affaires d'autres pays".

Paris officiellement toujours hostile à Damas

Trois députés français de droite se sont d'ailleurs rendus en Syrie pour rencontrer Bachar al-Assad et pour compléter cette opération de communication avec une visite crypto-diplomatique.

La diplomatie française officielle actuelle reste l'une des plus hostiles au régime syrien, mais l'issue de la prochaine présidentielle française pourraient apporter d'importants changements sur la question.

Alexandre Habay/kkub

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"On le voit aujourd'hui, l'opposition syrienne est islamiste"

"Les médias occidentaux s'orientent de plus en plus vers Damas, parce que la situation a changé", a déclaré Bassam Tahhan, professeur de géopolitique à Paris, Syrien d'origine et partisan du gouvernement, dans l'émission Forum lundi.

"Les pays d'Europe ont compris que ce sont le Qatar, l'Arabie saoudite, et non le gouvernement Assad, qui frappent aujourd'hui l'Occident", allusion aux attentats terroristes qui ont été commis récemment en France ou en Allemagne.

"Il y a eu campagne de désinformation immense. L'opposition est islamiste, on le voit aujourd'hui", affirme encore Bassam Tahhan, qui admet "ne pas croire beaucoup" dans les institutions internationales.