Publié

La Syrie est au bord de la guerre civile, selon Ban Ki-Moon

L'émissaire de l'ONU en Syrie Kofi Annan et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon [Andrew Burton/Getty]
L'émissaire de l'ONU en Syrie Kofi Annan et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon ont confirmé les discussions sur la création d'un nouveau groupe de contact en Syrie. - [Andrew Burton/Getty]
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a estimé jeudi soir que "le danger d'une guerre civile est imminent et réel" en Syrie et plaide pour plus de sanctions. Les espoirs de succès du plan Annan s'amenuisent.

Ban Ki-moon a évoqué jeudi à New York, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, un danger "imminent" de guerre civile en Syrie. L'émissaire Kofi Annan a, lui, confirmé que des discussions étaient en cours sur la possibilité d'établir "un groupe de contact".

Selon des diplomates occidentaux au Conseil de sécurité, le message de Kofi Annan et de Ban Ki-moon aux Nations unies a été clair jeudi soir: il est temps de frapper le gouvernement du président syrien Bachar al-Assad par des sanctions.

Passer à l'action

"Le peuple syrien saigne. Il est en colère. Il veut la paix et la dignité. Et avant tout, il veut de l'action", a déclaré Ban Ki-moon. Il s'exprimait à l'issue d'une réunion à huis-clos de trois heures du Conseil de sécurité réuni pour débattre de cette crise au lendemain d'un massacre présumé dans la localité d'Al-Koubeir, dans la province de Hama, au centre du pays, où 78 civils ont été tués.

Selon l'opposition syrienne, qui a diffusé sur internet des images de corps ensanglantés ou calcinés, une quarantaine de femmes et d'enfants figurent parmi les victimes de ce supposé massacre. "Le danger d'une guerre civile est imminent et réel", a ajouté Ban Ki-moon.

L'ambassadeur de Syrie à l'ONU, Bachar Jaafari, a dénoncé pour sa part un "massacre horrible et injustifiable". Mais Damas impute ces tueries à des "groupes terroristes" islamistes appuyés par l'étranger.

La fin du plan Annan?

Ban Ki-moon a estimé que les espoirs de succès du plan de paix d'Annan étaient minces. Il a suggéré que les Nations unies se prononcent bientôt sur l'utilité de la Mission de supervision des Nations unies en Syrie et de ses 300 membres, selon des diplomates s'exprimant sous le sceau de l'anonymat. C'est la première fois que le secrétaire général des Nations unies suggère de mettre fin à la mission de l'ONU en Syrie.

Lors de la séance du Conseil de sécurité, Kofi Annan a lui aussi estimé que cette crise syrienne pourrait bientôt devenir incontrôlable. Il a demandé au monde d'exercer de "fortes pressions" sur le régime de Damas, selon des diplomates onusiens.

La Russie et la Chine, qui disposent d'un droit de veto au Conseil de sécurité, ont quant à eux fait savoir qu'ils s'opposeraient à toute tentative d'imposer des sanctions contre Damas.

ats/afp/vtom

Publié

Vers un nouveau groupe de contact

Kofi Annan a confirmé jeudi qu'il proposait la création d'un nouveau groupe de contact comprenant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Russie, Etats-Unis, Royaume-uni, France) ainsi que des acteurs régionaux ayant une influence sur le gouvernement syrien et l'opposition.

Il a cité notamment l'Iran. Selon des diplomates, l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie pourraient également faire partie de ce groupe.

L'émissaire n'a toutefois pas présenté cette idée devant le Conseil, privilégiant la discussion au niveau individuel.

Les Etats-Unis ont réagi négativement au projet d'inclusion de l'Iran dans le groupe de contact.

La Suisse durcit encore ses sanctions

Le Conseil fédéral a décidé vendredi de mesures analogues à celles prises par l'UE il y a trois semaines à l'encontre du régime syrien. Elles entreront en vigueur dès samedi.

Outre l'élargissement des restrictions déjà en cours, elles concernent notamment les relations bancaires et le fret aérien.

Les avoirs de la Banque centrale de Syrie en Suisse seront gelés et plus aucune relation bancaire, même privée, ne pourra être nouvellement conclue entre des établissements financiers actifs en Suisse et des banques syriennes.

Le commerce de nouvelles obligations émises par l'Etat syrien sera interdit, de même que la conclusion de nouvelles assurances ou réassurances avec Damas.

Les vols de fret des compagnies aériennes syriennes au départ ou à destination de la Suisse seront prohibés.

Ces nouvelles mesures complètent l'extension de sanctions déjà en cours, les premières ayant été prononcées le 18 mai et régulièrement étendues depuis.