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L'opposition syrienne dénonce un nouveau massacre

Les violences ont déjà fait plus de 13'000 morts en 15 mois de révolte populaire en Syrie. [Shaam News Network]
La foule défile pour les funérailles d'un homme mort dans les violences, une scène quotidienne dans les rues des villes syriennes. - [Shaam News Network]
Entre 55 et 80 personnes ont été tuées dans la région de Hama mercredi, selon l'opposition syrienne. Damas parle de neuf morts. Washington appelle à un gouvernement de transition. Pékin et Moscou refusent toujours d'interférer.

L'opposition syrienne a dénoncé un "massacre" perpétré mercredi par les forces du régime et ses milices près de Hama, dans le centre de la Syrie.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) parle de 55 morts. Le Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l'opposition au régime de Bachar al-Assad, en déplore près de 80. Damas énonce le chiffre de neuf.

Des bombardements et des couteaux

"Quarante-neuf victimes ont été identifiées à Al-Koubeir, majoritairement membres de la famille Al-Yateem", a indiqué jeudi le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Selon lui, 18 femmes et enfants figurent parmi les victimes. En outre, six personnes ont été tuées mercredi dans un autre village agricole proche d'Al-Koubeir.

Le Conseil national syrien a évoqué la mort de 22 enfants et de 20 femmes dans les villages d'Al-Koubeir et de Maarzaf. Des habitants, parmi lesquels des enfants de moins de deux enfants, ont été tués à coups de couteaux, et une famille de 24 personnes a péri.

Selon le directeur de l'OSDH, le massacre a eu lieu après des bombardements sur les deux villages où des miliciens ont ensuite pénétré et ont tué par balles et à l'arme blanche les habitants.

Damas dément

Le gouvernement syrien a assuré jeudi que l'information relayée par quelques médias et faisant état d'un massacre à Al-Koubeir était "complètement faux". Dans un communiqué à la télévision officielle, il accuse "un groupe terroriste d'avoir commis un crime haineux dans la région de Hama qui fait neuf victimes".

Selon des militants, l'armée syrienne a arrêté les observateurs de l'ONU à un barrage de l'armée et les a empêchés de parvenir à la région d'Al-Koubeir pour établir un constat.

L'opposition appelle aux armes

Le Conseil national syrien (CNS), qui promeut rarement l'action militaire directe, a demandé jeudi que les rebelles opérant sous la bannière de l'Armée syrienne libre intensifient les attaques militaires contre le régime du président Bachar al-Assad. Il a aussi appelé à deux jours de deuil national et à intensifier les manifestations jeudi et vendredi.

Le 25 mai, au moins 108 personnes, dont une cinquantaine d'enfants, avaient péri dans un massacre à Houla, dans la province de Homs (centre). Un haut responsable de l'ONU avait affirmé avoir de "forts soupçons" sur l'implication des "chabbiha", des miliciens pro-régime, dans cette tuerie, qui avait déclenché un tollé international. Le président Bachar al-Assad avait nié dimanche tout lien avec le massacre de Houla.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 12 avril mais est violé quotidiennement.

agences/bri

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Du côté de la communauté internationale

Moscou a condamné le nouveau massacre "barbare", jugeant qu'il s'agissait d'une "provocation" visant à faire échouer le plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan.

Washington a déclaré que le massacre est "inadmissible" et a estimé que le président Bachar al-Assad doit partir.

La Suisse a fait par de son inquiétude à Washington, appelant à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre l'impunité des crimes.

L'organisation de Coopération de Shanghai (OCS) s'est déclarée jeudi opposée "à toute intervention militaire, à l'imposition d'un changement de régime ou de sanctions unilatérales" au Moyen Orient, dont en Syrie. L'organisation, qui regroupe la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan, a demandé la fin des violences, d'où qu'elles viennent et assure qu'une "solution pacifique par le dialogue politique" est dans l'intérêt à la fois du peuple syrien et de la communauté internationale.

Dans le même temps, 16 pays (dont les USA et des Etats européens et arabes) se sont réunis mercredi soir à Istanbul pour discuter des moyens de faire cesser la violence en Syrie et contraindre le président Bachar al-Assad à quitter le pouvoir. Les Etats-Unis sont prêts à soutenir une action contraignante de l'ONU contre la Syrie, a indiqué la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.

L'émissaire international Kofi Annan devrait proposer jeudi à l'ONU que les Occidentaux, la Russie et la Chine, et peut-être même l'Iran et plusieurs pays arabes, forment un nouveau groupe de contact pour convaincre Damas d'engager un dialogue politique avec son opposition, ont indiqué des diplomates.

Des violences sur tous les fronts

Au moins quarante-six personnes ont été tuées dans les violences ces dernières heures, notamment dans des combats entre les forces gouvernementales et l'Armée syrienne libre (ASL, composée essentiellement de déserteurs), qui se multiplient, rapporte l'OSDH.

Plus de 13'400 personnes, la plupart des civils tués par les forces régulières, ont péri en Syrie depuis près de 15 mois, selon l'OSDH. Les violences ont en outre entraîné la fuite de dizaines de milliers de Syriens dans les pays voisins.