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Un journaliste de France 2 tué à Homs en Syrie

Le journaliste Gilles Jacquier (ici à droite) était reporter pour la chaîne télévisée française France 2. [AFP - Odd Andersen]
Le journaliste Gilles Jacquier (ici à droite) était reporter pour la chaîne télévisée française France 2. - [AFP - Odd Andersen]
Un journaliste français de la chaîne France 2, Gilles Jacquier, a été tué mercredi alors qu'il se trouvait en reportage à Homs, dans le centre de la Syrie. Par ailleurs, un observateur de la Ligue arabe dépêché en Syrie pour vérifier l'application du plan de sortie de crise a quitté le pays.

Un journaliste français est mort à Homs, en Syrie, "dans des circonstances qui restent à clarifier", a annoncé mercredi France Télévisions. Son caméraman a été légèrement blessé. Le grand reporter Gilles Jacquier travaillait pour le magazine "Envoyé spécial" de France 2. Selon un photographe de l'AFP, un journaliste belge figure parmi les blessés.

Il s'agit du premier journaliste occidental tué en Syrie depuis le début de la révolte contre le régime, le 15 mars. Gilles Jacquier était grand reporter pour la chaîne française France 2 depuis 1999. Il a en particulier couvert l'Irak, l'Afghanistan, le Kosovo et Israël. Il a réalisé de nombreux reportages pour Envoyé Spécial.

Le ministère de l'information syrien a indiqué qu'il était au courant d'un incident impliquant des journalistes étrangers à Homs mais qu'il n'avait pas d'autres détails. Les Etats-Unis "déplorent" la mort du journaliste français Gilles Jacquier, tué mercredi alors qu'il se trouvait en reportage à Homs dans le centre de la Syrie, a indiqué à Washington la porte-parole du département d'Etat.

"En mission autorisée"

Gilles Jacquier et son caméraman "étaient en mission autorisée par le gouvernement syrien, pour un reportage destiné au magazine de la rédaction Envoyé spécial", affirme pour sa part France Télévisions dans un communiqué. "Nous sommes en contact avec les autorités syriennes et françaises pour rapatrier le corps et l'équipe de France 2".

Selon la télévision syrienne Addounia, le journaliste a trouvé la mort dans une attaque qui a fait au total huit morts et 25 blessés. Les deux employés de France Télévisions ont été touchés lorsqu'un obus est tombé sur un groupe de journalistes près du quartier d'Akrama, a rapporté un photographe de l'AFP présent sur place.

Un journaliste primé

Kosovo, Afghanistan, Algérie, révolutions arabes, Gilles Jacquier, grand reporter de France 2 tué mercredi à Homs, a couvert la plupart des conflits des 20 dernières années et obtenu le prix Albert Londres pour des reportages lors de la seconde Intifada.

"J'ai horreur de la guerre mais sur ces terrains, je peux faire de vraies rencontres. Le plus souvent les gens sont eux-mêmes, très sincères face à une caméra et on ne peut rester insensible à leur souffrance", racontait le journaliste dans une interview. "Moi, j'aime surtout filmer les gens au plus près de l'action, avec leurs émotions et sans voyeurisme", ajoutait-il.

"Gilles était un des meilleurs de France 2, un homme hors norme, on est tous sous le choc, il va beaucoup, beaucoup nous manquer", a déclaré Thierry Thuillier, directeur de l'information du groupe France Télévisions.

Dans un discours, Assad reste inflexible

Le président syrien Bachar al-Assad, détendu, col de chemise ouvert, s'est adressé à une foule de ses partisans rassemblés place des Omeyyades à Damas en agitant des drapeaux syriens, a montré en direct la télévision officielle. "Je suis venu pour puiser la force auprès de vous. Grâce à vous, je n'ai jamais ressenti la faiblesse", a lancé Bachar al-Assad qui continue de se targuer du soutien de son peuple.

Le président syrien a aussi salué l'armée dont les chars ont été envoyés dans les villes pour réprimer la révolte. Depuis le début, le régime refuse de reconnaître la contestation qui a pris de l'ampleur au fils des mois et affirme lutter contre des "gangs armés terroristes" accusés de semer le chaos en Syrie.

Maintenant une attitude intransigeante, le président syrien s'enferme dans la thèse du "complot" international et semble écarter tout compromis avec l'opposition et les militants pro-démocratie qui réclament son départ. Pour se maintenir au pouvoir, il compte sur les divisions de l'opposition accusée d'être "complice de l'étranger", des Arabes et de la communauté internationale, selon des analystes.

Mardi, dans un discours télévisé à l'université de Damas, il a accusé des pays étrangers de "comploter" contre son pays et promis de frapper les "terroristes" d'une main de fer. M. Assad a en outre lancé une attaque en règle contre la Ligue arabe, dénonçant son comportement "lâche" envers son pays, qui a été suspendu de l'organisation panarabe et fait l'objet de sanctions économiques arabes.

agences/pbug

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La France veut des explications

La France demande que "toute la lumière soit faite sur les circonstances" de la mort en Syrie du journaliste Gilles Jacquier, travaillant pour la chaîne de télévision France 2, a déclaré mercredi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé.

"Nous condamnons vigoureusement cet acte odieux", a-t-il ajouté dans un communiqué en demandant aux autorités syriennes "d'assurer la sécurité des journalistes internationaux sur leur territoire et de protéger cette liberté fondamentale qu'est la liberté d'information".

"Notre ambassadeur à Damas (Eric Chevallier) a pris l'attache du gouvernement syrien pour que toute l'aide nécessaire soit apportée aux personnes qui accompagnaient notre compatriote. Il se rend immédiatement sur place pour leur apporter le soutien des services de l'ambassade", a précisé Alain Juppé, en présentant ses condoléances à la famille de la victime et à France 2.

Un observateur se retire

"Je me retire parce que je me retrouve en train de servir le régime", a dit Anwar Malek à la chaîne Al-Jazeera. L'observateur algérien a décidé de quitter la mission de la Ligue arabe en Syrie car "ils n'ont pas retiré leurs chars des rues, ils les ont juste cachés et redéployés après notre départ".

Anwar Malek a également critiqué le chef de la mission de la Ligue arabe, le général soudanais Mohammed al-Dabi, dont la nomination a fait l'objet de vives reproches des militants des droits de l'homme estimant qu'il n'était pas le mieux placé au vu de son rôle dans le conflit au Darfour.

La mission d'observation de la Ligue arabe, qui totalise actuellement 165 membres sur place, est arrivée en Syrie le 26 décembre pour vérifier l'application du plan de sortie de crise accepté par Damas en novembre.