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La zone euro et ses alliés avancent sans Londres

euro [Virginia Mayo]
Le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso (gauche) et le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy. - [Virginia Mayo]
L'accord pour renforcer la discipline budgétaire dans la zone euro ne sera adopté que par les 17 membres de l'Union monétaire et six autres pays volontaires. Nicolas Sarkozy a qualifié d'"inacceptables" les conditions posées par Londres à une révision du traité de l'UE. Le sommet de crise de la zone euro à Bruxelles s'est achevé vendredi après-midi.

"Les 17 membres de la zone euro plus six autres pays vont conclure un accord intergouvernemental", a déclaré vendredi au petit matin à la presse le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy, après une nuit de tractations qui a duré neuf longues heures.

"Nous aurions préféré un accord à 27, cela n'a pas été possible compte tenu de la position de nos amis britanniques" qui ont posé des demandes "inacceptables", a regretté le président français Nicolas Sarkozy. Les Britanniques "n'étaient déjà pas dans l'euro, et donc nous avons l'habitude de cette situation", a commenté vendredi la chancelière allemande Angela Merkel.

Le premier ministre britannique conservateur David Cameron s'est dit lui satisfait d'avoir fait front, expliquant avoir pris "une décision difficile mais bonne". Il se retrouve néanmoins plus isolé que jamais en Europe, même s'il s'en défend. "Nous ne sommes pas exclus, nous sommes dans l'Union européenne, nous sommes un membre dirigeant du marché unique", a insisté David Cameron lors d'une interview à l'issue du sommet.

Le Royaume-Uni isolé

Pourtant, à l'exception du Royaume-Uni, tous les pays de l'Union européenne - y compris, donc, neuf Etats qui ne font pas partie de la zone euro - soutiennent le nouveau pacte d'"union de stabilité budgétaire" qui pourrait être signé en mars et prendra la forme d'un accord gouvernemental. La Suède et la République tchèque ont toutefois dit avoir besoin de temps avant de trancher. De son côté, la Hongrie, qui s'était dans un premier temps rangée du côté britannique, a changé de camp.

Le président français a également précisé que "le texte de l'accord intergouvernemental" devrait "être rédigé pour le mois de mars".

Les dirigeants de l'UE se sont quittés vendredi après-midi à Bruxelles en croisant les doigts. Ils espèrent que leur décision de durcir la gestion des comptes publics pour l'Union monétaire sera suffisante pour convaincre la Banque centrale européenne de faire davantage pour les aider à circonscrire l'interminable crise de la dette.

"Régulation bien nécessaire"

Paris et Berlin avaient prévenu qu'ils proposeraient leur "pacte budgétaire" pour renforcer les règles et les sanctions à l'ensemble des 27 membres de l'UE, mais que la zone euro irait de l'avant seule en cas d'échec.

"Pour accepter une réforme des traités à 27, (le Premier britannique) David Cameron a demandé, ce que nous avons considéré tous comme inacceptable, un protocole dans le traité permettant d'exonérer le Royaume-Uni d'un certain nombre de réglementations sur les services financiers", a encore explicité Nicolas Sarkozy.

"Ce que nous n'avons pas pu accepter, puisque nous considérons tout au contraire qu'une partie des ennuis du monde vient de la dérégulation du service financier", a poursuivi le chef de l'Etat français.

Monnayer son feu vert

L'Allemagne a insisté pour ancrer le renforcement de la discipline budgétaire dans le marbre d'un traité afin de lui donner une valeur vraiment contraignante, seul moyen à ses yeux de respecter les règles à l'avenir et d'éviter de nouvelles dérives.

La Grande-Bretagne a néanmoins cherché à monnayer son feu vert lors du sommet en exigeant de pouvoir être dispensée si nécessaire dans certains domaines du contrôle des autorités de surveillance financière paneuropéennes mises en place après la crise partie des Etats-Unis en 2007-2008.

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Renflouer le FMI

Par ailleurs, les Etats de la zone euro envisagent de renflouer le Fonds monétaire international (FMI) à hauteur de 200 milliards d'euros, a ajouté Nicolas Sarkozy, cet argent devant servir ensuite à soutenir des pays fragiles de l'Union monétaire.

La directrice générale du FMI Christine Lagarde a expliqué que la confirmation de ces 200 milliards d'euros devait "intervenir sous une dizaine de jours". Elle a salué "un paquet qui va clairement dans la bonne direction", évoquant aussi la discipline budgétaire accrue et l'accélération de la mise en place du futur fonds de secours permanent de la zone euro.

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agences/rber/olhor


LES MARCHES EUROPEENS FERMENT EN HAUSSE

Les Bourses européennes ont terminé en hausse vendredi, après une séance hésitante, semblant convaincues par le pacte de stabilité budgétaire au sein de la zone euro mis au point lors du sommet à Bruxelles.

A Zurich, le SMI (Swiss Market Index) a progressé de 0,97% à 5793,57 points. La Bourse de Paris a gagné 2,48%, Francfort 1,91%, Londres 0,83%, Madrid de 2,23% et Milan a clôturé sur un bond de 3,37%.

A l'exception de Madrid, aucune des places boursières n'a cependant compensé ses fortes pertes de jeudi provoquées par la crainte d'un échec du sommet européen.

Wall Street a pour sa part aussi fini en nette hausse vendredi, dans le sillage du nouveau pacte "d'union de stabilité budgétaire" conclu en Europe, les investisseurs étant également encouragés par des statistiques sur l'économie américaine: le Dow Jones a pris 1,55% et le Nasdaq 1,94%.

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La "règle d'or" attendra la présidentielle en France

Nicolas Sarkozy a semblé vendredi écarter définitivement l'idée de faire adopter en France avant l'élection présidentielle de mai 2012 la "règle d'or" que doivent adopter l'essentiel des pays européens après l'accord arraché dans la nuit à Bruxelles.

"Laissons passer l'élection présidentielle puisqu'il semble qu'il n'y ait pas un consensus en France", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse au terme de la première journée du sommet européen.

"Cette "règle d'or" sera intégrée dans la Constitution de chacun des Etats membres, c'est une règle qui s'imposera à chacun d'entre nous", a-t-il ajouté.

Le frein à l'endettement suisse cité en exemple par l'UE

Le modèle de la Suisse en matière de frein à l'endettement fait référence et est cité en exemple par l'UE. Berne a introduit ce système en 2003. Le peuple avait accepté en 2001 par quelque 85% des voix d'ancrer ce principe dans la Constitution. Plusieurs cantons ont également adopté l'instrument. Ce dernier contraint l'Etat central ou un canton à équilibrer à terme ses recettes et dépenses. Sur le plan fédéral, l'excédent des dépenses, qui déséquilibre le budget, doit être accepté d'une part par le Parlement et compensé d'autre part au cours des années suivantes.

Selon le Département fédéral des finances (DFF), la dette brute de la Confédération a diminué de quelque 20 milliards de francs en l'espace de cinq ans. Et, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le taux d'endettement en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse a également reculé, de 53% en 2005 à 40% en 2010.

A l'exemple suisse a succédé il y a deux ans celui de l'Allemagne en particulier. Le modèle helvétique a été largement repris outreRhin et revêt le même nom. L'Espagne et l'Italie ont, elles, décidé d'ancrer le frein à l'endettement dans la Constitution cet automne, tandis que la Pologne et la Bulgarie l'ont inscrit récemment dans la loi. En France, l'idée de faire adopter la "règle d'or" avant l'élection présidentielle de mai 2012 a été écartée.