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L'épilogue approche pour Silvio Berlusconi

Une fois les mesures adoptées, Silvio Berlusconi doit se rendre au siège de la présidence pour remettre son mandat. [Charles Platiau]
Une fois les mesures adoptées, Silvio Berlusconi doit se rendre au siège de la présidence pour remettre son mandat. - [Charles Platiau]
Silvio Berlusconi passe samedi sa dernière journée à la tête du gouvernement. Sa démission effective est attendue en début de soirée puisque la Chambre des députés italienne a adopté à son tour les réformes économiques adoptées la veille par le Sénat, ouvrant la voie à sa démission de la présidence du Conseil.

Emboîtant le pas au Sénat, les députés italiens ont adopté définitivement samedi le train de mesures promises à Bruxelles pour réduire la dette et relancer la croissance, ouvrant ainsi la voie à la démission annoncée du chef du gouvernement Silvio Berlusconi.

Dans une ambiance survoltée, les députés ont adopté le texte par 380 voix pour, 26 contre, et deux abstentions. Le principal parti d'opposition, le Parti démocrate, n'a pris part au vote pour ne pas entraver l'adoption de ces mesures cruciales.

"Aujourd'hui, le rideau tombe sur une page longue et douloureuse de notre histoire", a déclaré Dario Franceschini, député du Parti démocrate, le principal parti d'opposition. L'Italie est "un pays qui a envie de tourner la page et de recommencer à zéro. Demain, nous entrons dans une nouvelle ère: nous devons reconstruire sur les cendres: l'économie, la justice, la loi électorale...", a-t-il poursuivi.

Scénario du passage de pouvoir

De son côté, Fabrizio Cicchitto, du Peuple de la Liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, a affirmé que ce dernier avait accepté de démissionner "alors qu'il n'était pas obligé de le faire". "Il a démontré une conscience nationale, nous l'en remercions et lui exprimons notre solidarité pour les attaques dont il a fait l'objet", a-t-il ajouté sous les huées de nombreux députés.

Un conseil des ministres est prévu dans la foulée de ce vote du Parlement, à la suite duquel le Cavaliere, 75 ans, remettra son mandat au président de la République, Giorgio Napolitano. Il devra se rendre pour cela au Quirinal, siège de la présidence de la République.

Mario Monti pressenti

Mario Monti, avec la cravate bleue, était présent au Sénat lors de l'adoption des réformes. [Giuseppe Lami]
Mario Monti, avec la cravate bleue, était présent au Sénat lors de l'adoption des réformes. [Giuseppe Lami]

A 75 ans, le magnat des médias, qui après avoir profondément marqué la vie politique italienne des 17 dernières années est accusé d'avoir miné la crédibilité de son pays, devrait selon toute probabilité céder la place à l'ex-commissaire européen Mario Monti, 68 ans.

Menacée d'une asphyxie qui entraînerait dans l'abîme l'ensemble de la zone euro, l'Italie a déjà commencé à rassurer les investisseurs vendredi avec l'adoption au Sénat d'un plan anti-crise promis à l'UE. (Lire: Dette italienne)

Négociations ardues

Après des consultations avec les formations politiques - que lui impose la Constitution, mais qu'il devrait mener au pas de charge -, Giorgio Napolitano devrait nommer président du Conseil Mario Monti, en vue de la formation d'un gouvernement qui bénéficie du plus large soutien possible, y compris l'actuelle opposition de gauche et les centristes.

Mais la tâche est très ardue. L'actuelle majorité se déchire sur la position à adopter vis-à-vis d'un gouvernement "technique" ou "technico-politique". Silvio Berlusconi, d'abord favorable à la tenue d'élections anticipées, a finalement apporté son soutien à Mario Monti.

Certaines de ses troupes se sont ralliées à cet avis, comme le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, mais d'autres y sont radicalement opposées. Le parti populiste de la Ligue du Nord a notamment fait savoir qu'il passerait aussitôt à l'opposition, clamant "non à la trahison du vote populaire" dans son journal "La Padania".

L'opposition de gauche et centriste a en revanche apporté son soutien à un "gouvernement d'urgence et de transition", même si quelques voix discordantes se font entendre aussi dans ce camp.

ats/mre/olhor

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Manifestations de joie à Rome

Des milliers de manifestants ont commencé à se retrouver dans divers points de Rome aux cris de "démission, démission", alors que le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi doit remettre son mandat dans la soirée.

Brandissant des drapeaux italiens tricolores -vert, blanc, rouge-, certains arboraient des pancartes "bye-bye Silvio!" ou, simplement "Disparais!" et "Enfin!". Des manifestants ont choisi de se retrouver devant le Palais Chigi, siège du gouvernement, tandis que d'autres se sont rassemblés devant Montecitorio, le bâtiment adjacent où siège la Chambre des députés.

D'autres encore ont préféré le Quirinal, siège de la présidence de la République, ou encore la résidence privée du Cavaliere, le Palais Grazioli. "Aujourd'hui, nous sommes ici parce que nous sommes très très heureux que Berlusconi, finalement, rentre chez lui ! Qu'il retourne à la maison !", déclarait une manifestante au milieu d'un concert de sifflets. "Ciao, et surtout, ne reviens pas !", lançait un autre.

Devant le Quirinal, un orchestre et un choeur ont improvisé un mini-concert et interprété l'"Alleluia" de Haendel. Le leader du Peuple violet, mouvement d'opposition à Berlusconi né sur les réseaux sociaux, Gianfranco Mascia, figure parmi les manifestants devant le Palais Chigi.