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Les îles Féroé fermées aux touristes pendant quatre jours pour la bonne cause

Chaque année, les îles Féroé luttent contre le tourisme de masse en faisant appel à des écovolontaires
Chaque année, les îles Féroé luttent contre le tourisme de masse en faisant appel à des écovolontaires / 19h30 / 4 min. / le 26 mai 2024
Durant quatre jours au printemps, l'Office du tourisme des îles Féroé mène une action insolite: fermer ses sites les plus connus aux visiteurs. Au lieu de cela, une centaine "d'écovolontaires" arrivent sur cet archipel sauvage pour entretenir le territoire.

Aux îles Féroé, petit archipel posé entre l'Islande et la Norvège, les macareux moines, des sortes de perroquets de mer, ne sont pas les seuls à aimer venir faire une halte.

Les touristes, eux aussi, sont nombreux à être attirés par une nature brute, des paysages extraordinaires et des villages colorés. Ils étaient 130'000 l’an passé, un chiffre en constante augmentation. Les habitants de ce territoire danois autonome ne sont eux que 50'000 et ils sont accompagnés de 80'000 moutons.

Hans Esbern tient un café dans l'un des villages iconiques de l'archipel. En haute saison, son stand de gaufres est pris d'assaut, ce qu'il ne voit pas forcément d'un bon oeil. "Quand il y a deux ou trois cents touristes, je dois marcher comme un crabe", raconte le Féringien. Il regrette aussi que certains curieux aillent jusqu'à "photographier à l’intérieur des maisons dès qu’ils voient une fenêtre ouverte".

Pour tenter de préserver ces paysages intacts, les responsables du tourisme local ont imaginé une campagne annuelle, "Fermé pour entretien" (Closed for Maintenance), dès 2019 . Le succès de l'initiative ne fait désormais plus aucun doute.

Voyager... pour travailler

"Cette année, nous avons reçu 6000 inscriptions en 48 heures. C’est incroyable", se réjouit Guðrið Højgaard, directrice de l’office de tourisme.

Parmi les candidats, une centaine de volontaires ont été sélectionnés. Concrètement, huit groupes sont répartis sur les différentes îles. Les bénévoles sont nourris et logés durant quatre jours et, en échange, ils réparent ou construisent des infrastructures touristiques, comme des chemins de randonnée.

Je ne veux pas venir ici seulement pour consommer

Karin, bénévole sur les îles Féroé

"Je ne veux pas venir ici seulement pour consommer, je voudrais aussi donner quelque chose en retour", explique Karin, une chercheuse venue de Genève.

Le lendemain de leur arrivée, les bénévoles doivent mettre la main à la pâte. La mission du jour: clôturer un terrain de 40 hectares pour empêcher que les moutons ne détruisent la végétation.

Mais n'est pas berger qui veut! "Je ne sais pas vraiment ce que je suis en train de faire, j’essaie d’enfoncer ces poteaux avec cette machine", admet une bénévole à l'oeuvre.

Les volontaires posent des clôtures pour empêcher les moutons d'entrer sur un terrain protégé. [RTS]
Les volontaires posent des clôtures pour empêcher les moutons d'entrer sur un terrain protégé. [RTS]

Éviter le surtourisme

Par cette initiative, les autorités veulent continuer de développer le tourisme tout en préservant l'environnement, qui fait aussi la renommée des îles. Grâce à une nouvelle liaison aérienne, l’immense marché américain s'ouvre désormais via l’Islande.

Høgni Hoydal, ministre des Affaires étrangères et du Commerce, estime que le "tourisme participatif" est justement la clé pour trouver le bon équilibre. "Nous avons 140 villages (...) et nous voulons mettre en place une loi qui laisse chacun mettre en place son propre plan touristique", argumente-t-il.

Sujet TV: Delphine Gianora

Adaptation web: Doreen Enssle

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