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Hong Kong interdit l'entrée d'une membre de Reporters sans frontières sur son sol

Hong Kong a détenu, puis expulsé une représentante de Reporters sans frontières à son entrée sur le territoire, a rapporté l'ONG (image d'illustration). [Reuters - Tyrone Siu.]
Une membre de RSF refoulée à Hong Kong / La Matinale / 1 min. / le 12 avril 2024
Hong Kong a détenu, puis expulsé une représentante de Reporters sans frontières (RSF), alors qu'elle venait suivre le procès de Jimmy Lai, magnat de la presse et critique de la Chine. RSF dénonce un nouveau "recul" de la liberté de la presse dans la région.

Quelques minutes après le passage à la douane sans encombre de Cédric Alviani, le directeur Asie de RSF, Aleksandra Bielakowska, la directrice du plaidoyer de l’ONG, l’a prévenue par téléphone qu'elle était retenue.

"Je pense que la seule raison pour laquelle Aleksandra a été ciblée et pas moi, c’est par ce qu’elle était à Hong Kong en décembre à l’ouverture du procès de Jimmy Lai (voir encadré) et que son nom a été cité dans les médias", présume Cédric Alviani au micro de La Matinale vendredi.

Le magnat pro-démocratie Jimmy Lai a plaidé non coupable à son procès. [Reuters - Tyrone Siu]
Le magnat pro-démocratie Jimmy Lai a plaidé non coupable à son procès. [Reuters - Tyrone Siu]

Il admet ne pas savoir "comment fonctionne la loi hongkongaise, s’il y a une liste de persona non grata ou simplement une liste noire que l’on donne aux agents des douanes en leur demandant de prévenir la sécurité nationale en cas de problèmes".

RSF dénonce un nouveau "recul" de la liberté de la presse dans la région administrative spéciale, où une loi de sécurité nationale imposée par la Chine a été renforcée le mois dernier.

Raisons "très vagues"

Lors de sa dernière mission dans la région administrative spéciale, en décembre, la directrice du plaidoyer d'origine polonaise pense avoir été suivie et épiée pendant ses rendez-vous.

J’ai été traitée comme une criminelle

Aleksandra Bielakowska, directrice du plaidoyer de l'ONG Reporters sans frontières

Aleksandra Bielakowska été détenue et interrogée pendant six heures à son arrivée à l'aéroport de Hong Kong mercredi, a rapporté RSF dans un communiqué, ajoutant que ses affaires ont été fouillées à trois reprises. Elle a ensuite été emmenée à bord d'un avion en direction de Taipei, à Taïwan, où elle est basée.

D'après RSF, aucun motif spécifique n'a été donné pour justifier l'expulsion d'Aleksandra Bielakowska, qui a été détenue pour des raisons "très vagues". Le département de l'immigration de Hong Kong a refusé de commenter des "cas individuels".

Pas un cas isolé

Cet incident intervient quelques semaines à peine après que les autorités hongkongaises ont mis en place de nouvelles mesures renforçant la nouvelle loi de sécurité nationale décidée par Pékin en 2020 à la suite des vastes manifestations pro-démocratie ayant secoué le territoire un an plus tôt.

L'exécutif hongkongais présente ces mesures comme destinées à lutter contre un éventail de menaces, dont des ingérences étrangères. Les détracteurs estiment que les libertés en sont davantage menacées.

Depuis quelques années, Hong Kong a refusé l’entrée à plusieurs chercheurs et défenseurs des droits humains internationaux et à au moins un journaliste japonais. Les autorités refusent systématiquement de justifier leur décision.

Sujet radio: Florence de Changy

Adaptation web: juma/reuters

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Le procès de Jimmy Lai

Le procès de Jimmy Lai, qui a débuté fin 2023 après plus de 1100 jours d'emprisonnement, est considéré comme un baromètre des libertés politiques et de l'indépendance judiciaire de l'ancienne colonie britannique.

Le 2 janvier, il a plaidé non coupable des accusations de "sédition" et de "collusion".

Les accusations portées contre le fondateur du populaire tabloïd Apple Daily, aujourd'hui fermé, sont liées à des articles de ce journal qui soutenaient les manifestations en faveur de la démocratie et critiquaient les dirigeants de Pékin.

Jimmy Lai encourt la prison à vie, en vertu d'une drastique loi hongkongaise sur la sécurité nationale imposée par Pékin en 2020.