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Les attaques des Houthis poussent les géants des conteneurs à éviter la mer Rouge

Un navire de transport de marchandises de la compagnie suisse MSC au large du Portugal (image d'illustration). L'armateur et d'autres géants ont décidé d'éviter la mer Rouge en raison de la menace d'attaques des rebelles Houtis du Yémen. [Keystone - Olivier Hosle]
Le canal de Suez n'est quasiment plus emprunté après les attaques houthis. Interview de Paul Tourret / La Matinale / 59 sec. / le 18 décembre 2023
Plusieurs géants du transport maritime mondial ont annoncé vendredi et samedi suspendre le passage de leurs navires en mer Rouge, une route commerciale majeure, après des attaques perpétrées par des rebelles Houthis du Yémen.

Le danois Maersk, l'allemand Hapag-Lloyd, le français CMA CGM et l'italo-suisse MSC ont fait savoir que leurs navires n'emprunteraient plus la mer Rouge "jusqu'à nouvel ordre", au moins jusqu'à lundi ou jusqu'à ce que le passage "soit sûr".

La mer Rouge est une "autoroute de la mer" reliant la Méditerranée à l'océan Indien, et donc l'Europe à l'Asie. Environ 20'000 navires transitent chaque année par le canal de Suez, porte d'entrée et de sortie des navires passant par cette étendue d'eau névralgique.

Conflit entre Israël et le Hamas

Ces dernières semaines, les rebelles yéménites, proches de l'Iran, ont multiplié les attaques près du détroit stratégique de Bab al-Mandeb, qui sépare la péninsule arabique de l'Afrique.

Les Houthis ont prévenu qu'ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du Yémen ayant des liens avec Israël, en riposte à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Le 19 novembre, les rebelles se sont emparés du Galaxy Leader, un navire de transport de véhicules qui appartient à Ray Shipping, une société britannique elle-même propriété d'un homme d'affaires israélien.

Un combattant du groupe rebelle marche sur la plage, avec en arrière fond le Galaxy Leader. Les Houthis se sont emparé du cargo le 19 novembre 2023. [Keystone - Yahya Arhab/EPA]
Un combattant du groupe rebelle marche sur la plage, avec en arrière fond le Galaxy Leader. Les Houthis se sont emparé du cargo le 19 novembre 2023. [Keystone - Yahya Arhab/EPA]

Drones abattus

Plusieurs missiles et drones ont été abattus par des navires de guerre qui patrouillent dans la zone. Samedi encore, le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a annoncé qu'un destroyer américain opérant en mer Rouge avait abattu 14 drones lancés depuis des "zones du Yémen contrôlées par les Houthis".

Le ministre de la Défense du Royaume-Uni, Grant Shapps, a de son côté rapporté que le destroyer britannique HMS Diamond avait abattu dans la nuit de vendredi à samedi un "drone d'attaque présumé qui visait la marine marchande en mer Rouge".

Navire de MSC endommagé

Vendredi, un porte-conteneur du leader mondial du transport maritime MSC, le MSC Palatium III, a été touché par un missile balistique, selon le Centcom. L'attaque a été revendiquée par les Houthis.

Le groupe MSC a précisé samedi qu'aucun membre d'équipage n'avait été blessé. Le navire a subi des "dégâts limités dus à un incendie" et été "mis hors service".

Détour par le cap de Bonne-Espérance

L'armateur basé à Genève ajoute qu'"en raison de cet incident et pour protéger la vie et la sécurité de nos marins, jusqu'à ce que le passage de la mer Rouge soit sûr, les navires de MSC ne transiteront pas par le canal de Suez". "D'ores et déjà, certains services seront reroutés pour passer par le cap de Bonne-Espérance", tout au sud de l'Afrique, indique MSC.

Ce contournement de l'Afrique va considérablement rallonger les trajets: pour relier Rotterdam à Singapour, le détour rallonge le voyage de 40%, passant d'à peu près 8400 milles marins (15'550 km) à 11'720 milles (21'700 km), selon le cabinet S&P Global.

Plusieurs navires, notamment de Maersk et de MSC, ont déjà emprunté ce chemin ces derniers jours, détaille le cabinet.

afp/ami

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Appel aux Etats influents à faire stopper ces attaques

La Chambre internationale de la marine marchande (ICS) appelle "les Etat ayant une influence dans la région" à s'efforcer "de toute urgence de mettre un terme aux actions des Houthis qui attaquent les marins et les navires marchands, et de désamorcer ce qui constitue désormais une menace extrêmement grave pour le commerce international".

Selon l'ICS, basée à Londres, 12% du commerce mondial passe normalement par la mer Rouge. L'organisation ajoute que l'évitement de cette zone implique des surcoûts et des retards qui pénalisent le secteur et la marche du commerce.

Ces attaques "ne peuvent rester sans réponse", selon la France

La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna en visite en Israël a déclaré dimanche que les attaques en mer Rouge "ne peuvent rester sans réponse".

"Nous étudions plusieurs options" défensives "avec nos partenaires" notamment pour "éviter que cela ne recommence", a précisé la ministre des Affaires étrangères, lors d'un point presse à son arrivée Tel-Aviv.